Depuis un moment je
remuais toutes ces questions sans réponse dans ma tête, moi Hilda de
Polaris. Il devait bien y
avoir un lien logique entre tous ces évènements qui s'étaient succédés ces
derniers jours. Il y avait d'abord eu l'assaut contre le Sanctuaire
puis la mort d'Athéna, à ce moment j'avais craint le pire et j'avais
commencé à prendre mes dispositions pour contrer un éventuel assaut contre
Asgard mais les affrontements qui avaient suivi m'avaient prouvé que le
dénouement final n'aurait pas lieu sur Terre… En un sens cela m'avait
rassurée : les asgardiens n'auraient pas à souffrir des rigueurs de la
guerre ajoutées à celles de l'Hiver. Ensuite j'avais assisté à ce
phénomène étrange qu'était une éclipse de soleil, j'avais bien senti qu'il
se passait quelque chose d'anormal mais au fond cela ne nous changeait pas
beaucoup dans un pays où la nuit peut durer plusieurs jours… NON ce qui
m'avait réellement effrayée c'était l'intervention de Poséidon si peu de
temps après qu'Athéna l'ait renfermé dans son urne, à la seule évocation
de ce monstre qui m'avait fait tant de mal mon cœur se glaçait
d'effroi. Allait-il profiter des difficultés présentes d'Athéna pour
partir à la conquête du monde ? Et si oui quel sort allait-il réserver
au royaume d'Asgard ? Comment aurions-nous pu résister à une attaque
divine ? Je n'avais moi-même aucune compétence guerrière et nous étions
toujours sans nouvelle de Bud, le guerrier divin de Zeta prime, qui seul
aurait pu porter l'armure d'Odin. Ah ! L'armure d'Odin, depuis qu'elle
avait ressuscité elle ne nous était pas d'une grande utilité, quoique… Il
est vrai que depuis qu'elle était revenue on l'avait transportée dans la
grande salle du palais, c'était moins encombrant que la statue qui était
dans la cour et ça permettait aux asgardiens de prier dans une salle
chauffée, parce qu'aller prier dehors tous les jours par - 30 à
l'ombre… Mais je m'égare... Toujours est-il que j'envisageais le futur
avec appréhension quand une voix familière me fit sortir de mes
réflexions.
"Hilda!"
Cette voix je l'aurais reconnue entre
milles c'était celle de ma sœur Freya (Flamm pour les frenchies). Elle
était comme toujours habillée avec simplicité, on aurait dit qu'elle
n'avait pas changé de vêtements depuis la bataille d'Asgard. Je dois
avouer que sa présence me ravissait : elle était toujours si pétillante de
vie, après une période de froid dans nos relations (qui ne s'expliquait
pas uniquement par l'absence de chauffage électrique) nous nous étions
retrouvées et passions toutes nos journées ensemble, nous consolant l'une
l'autre de la perte de nos amis.
"Grande sœur! - Oui
Freya. - Je suis inquiète il se passe des choses étranges au
palais. - Si tu veux parler du cuisinier il est en effet étrange que je
ne l'aie pas encore remercié. - Il ne s'agit pas de çà voyons. - Tu
es sûre parce que moi j'aimerais bien changer de menu. - Sois un peu
sérieuse, dit-elle en faisant la moue. - Cela fait 16 ans que je le
suis pour toi et regarde où ça nous a conduits : il fait de plus en plus
froid, nous avons perdu tous nos amis et en prime nous voilà devenus des
vassaux d'Athéna, c'est quand même beau le progrès! Alors maintenant j'ai
décidé de retrouver l'insouciance de mon enfance et de laisser les choses suivre
leur cours, après tout on peut difficilement tomber plus bas! -
Tu es injuste grande sœur et tu sais très bien que tout cela est la faute
de Poséidon et non la nôtre. De plus j'ai moi aussi perdu un ami cher en
la personne de Hagen…Mais tu vas entendre ce que j'ai à te dire que tu le
veuilles ou non ! - Eh bien dis toujours cela nous changera peut-être
de notre médiocre quotidien, lui répondis-je avec une certaine
mélancolie. - Eh bien voilà : un homme au visage couvert d'un capuchon
s'est présenté aux portes du palais, il prétend être le porteur de
nouvelles graves et ce n'est pas tout : l'armure d'Odin a commencé à
vibrer comme si elle appelait son maître."
Ma tranquille existence
prenait maintenant fin, il me fallait prendre des mesures pour éviter que
ces deux évènements n'inquiètent les asgardiens mais aussi pour découvrir
le fin mot de cette histoire. Ah ! Siegfried pourquoi n'es-tu pas là pour
m'assister en cet instant tragique ? Je ne peux aujourd'hui compter que
sur moi-même, c'est maintenant la souveraine qui doit parler et non plus
la jeune fille mélancolique. Mes ordres fusent très vite :
"Freya, va t'occuper de ce vagabond et tâche d'apprendre son
identité. - Je m'en occupe tout de suite grande sœur. - Bien, de mon
côté je vais réunir les prêtres d'Odin pour connaître leurs prévisions,
ensuite j'enverrai des hommes de confiance dans tout le pays, il ne
s'agirait pas que les seigneurs profitent des troubles pour s'arroger plus
de pouvoirs au détriment des paysans… - Là je te reconnais grande
sœur. - Une dernière chose Freya, quand tu en auras fini avec le
vagabond envoie un message au sanctuaire, je veux savoir ce qui s'y
passe. - Mais un messager va mettre un temps fou à arriver !! - Et
le télégraphe, c'est pas pour rien que je l'ai fait installer
!"
Freya
Hilda avait peut-être été un peu rude
avec moi mais je sentais que cette rudesse apparente masquait son
inquiétude profonde pour le sort du royaume qu'elle avait cru un moment
hors de danger. Quoiqu'il en soit elle m'avait confié une mission dont
j'entendais bien m'acquitter : cuisiner ce vagabond aux airs
mystérieux. Je me rendis donc dans la cour du palais où j'avais demandé
aux gardes de le faire patienter de façon à l'affaiblir quelque peu, vu
que la température ambiante était d'environ - 30°C, et par la même à
faciliter ses révélations. A ma grande surprise, cet homme de haute
stature, dont la fine cape de voyage ne dissimulait pas une épaule cassée,
ne semblait nullement incommodé par le froid ambiant, bien au contraire il
semblait prendre un malin plaisir à ignorer les questions des gardes qui
espéraient se réchauffer un peu en parlant. Je m'approchai de cet
individu et lui adressai la parole
"Vous insistez toujours pour
rencontrer la princesse de Polaris ? - Oui mais permettez à vos nains
de jardin de rentrer se mettre au chaud, ils risquent d'attraper froid,
dit-il à l'intention des gardes qui faisaient en effet pâle figure en face
de lui. - C'est juste, ils peuvent rentrer… Mais que répondriez-vous si
je vous disais que ma sœur ne peut vous donner audience car elle est aux
prises avec les plus graves difficultés ? - Il me suffirait alors de
montrer mon visage."
Ayant parlé ainsi il rabattit son capuchon en
arrière de sorte que je pus voir son visage. Je ne pus retenir un cri
de surprise. L'homme qui se tenait devant moi avait les cheveux verts, les
traits nobles et surtout le sourire carnassier d'un ami
d'enfance.
"Sy…Syd de Mizar !! Mais je te croyais mort !! Comment
est-ce possible ? J'ai vu de mes yeux s'éteindre l'étoile de Mizar
!"
L'homme qui se tenait en face de moi baissa les yeux.
"Vous vous trompez princesse, je ne suis pas le guerrier divin de Zeta pas
plus que je ne mérite de porter son nom. Mon nom est Bud d'Alchar,
guerrier divin de Zeta prime. A en juger par votre surprise j'en déduis
que sa majesté la princesse Hilda n'a pas jugé bon de vous faire savoir
que l'étoile jumelle de Syd était aussi son frère. - Comment ? -
Oui, je comprends votre étonnement mais il n'est plus temps ici de revenir
sur les tours que le Destin nous joua à Syd et à moi. - Ainsi tu as
survécu à la bataille contre les chevaliers d'Athéna. - Mon intention
première était de me laisser mourir avec mon frère dans la maison qui nous
a vu naître mais au moment où je m'enfonçais dans les limbes de l'oubli
des voix m'ont réveillé. - Quelles étaient-elles ? - Seule la
princesse Hilda doit recevoir le message qu'elles m'ont confié. - Mais
que veux-tu à ma sœur ? - Votre inquiétude est légitime et j'aurais
mauvaise conscience de vous laisser dans l'ignorance. Sachez seulement
ceci : J'ai reçu l'ordre d'emmener la princesse Hilda avec moi en
Enfer."
Quelques jours auparavant
Château
d'Helstein
Cette scène je l'avais vécue mille
fois. Athéna était devant moi courbée dans un état d'impuissance quasi
total, le sang qui s'écoulait de sa tempe laissait une traînée rouge sur
son beau visage. Dans ses yeux je lisais la peur. Tenant mon épée en
dessous de son cou je n'avais qu'un geste à faire pour lui trancher la
gorge. La victoire était à portée de mon épée.
"Athéna, même si tu
es une déesse je ne peux admettre que tu protèges les hommes."
Une
lueur sauvage passa dans mes yeux, à cet instant j'étais redevenu le fils
du sauvage Cronos.
"Tu vas mourir pour les hommes
!"
Brandissant mon épée je m'apprêtai à la lui passer au travers du
corps quand l'impensable se produisit. Le chevalier Pégase, ce
misérable qui avait osé me blesser avait fait éclater la bulle de vie dans
laquelle Athéna l'avait enfermé et fonçait sur moi. Faisant écran avec
son corps il empêcha mon épée de toucher Athéna. Je sentis la lame
froide de mon épée le transpercer de part en part et je ne pus m'empêcher
d'esquisser un sourire de contentement bien que je réalise à peine ce qui
arrivait. Mon sourire mourut sur mes lèvres : le poing de Pégase avait
heurté mon plastron avec une force prodigieuse m'envoyant m'encastrer dans
le pilier principal de mon temple. Je gémis de douleur mais encore plus
d'humiliation :
"Ce n'est pas possible, subir une telle chose de
la part d'un mortel."
Je me réveillai brusquement. Tâtant
instinctivement ma poitrine je pus me rendre compte qu'elle ne portait
aucune blessure. J'essuyai alors la sueur froide qui coulait de mon
menton. " Ce n'est pas possible ! Moi, Hadès, l'un des maîtres de
l'univers, je fais des cauchemars ! " Je me levai alors de mon lit et me
dirigeai nu comme une statue grecque vers le miroir le plus proche. Je
m'y regardai attentivement, ce que j'y vis me fit sourire. Mes pouvoirs
magiques me permettaient de conserver l'apparence de mon vrai corps. Ma
chevelure était toujours aussi opulente et aussi sombre, mes épaules
étaient larges, mes yeux étaient toujours aussi verts. Tout en mon corps
évoquait la perfection, le divin. Tandis que je me regardais de manière
un peu narcissique j'entendis une voix qui m'était familière. " Hum, il
est toujours aussi agréable d'admirer ton corps, tu es la chose la plus
belle que Dieu ait fait sur cette Terre " Mon regard s'assombrit tandis
que dans le miroir je distinguais l'ombre d'un visage. C'était un visage
grave parcourus de petites cicatrices, ses yeux étaient aussi verts que
les miens mais pétillaient de malice.
"Ne dis pas de bêtises Odin,
ce n'est pas de Dieu que je tiens ce corps car nul autre que moi ne
saurait porter ce nom. - En es-tu si sûr Hadès ? Tes parents Cronos et
Rhéa étaient vénérés comme des dieux par leurs semblables. - Le cœur de
Rhéa était rongé par la haine et la crainte quant à Cronos chacune des
nuits qu'il passait en compagnie des Erynies le faisait basculer dans la
folie, il était prisonnier de ses rêves. Dieu ne doit pas connaître de
tels sentiments. - Mais tes nuits aussi sont hantées de fantômes, même
avec un autre corps tu ne parviens pas à extirper la marque du poing de
Pégase de ton âme. - Espèce de ! Comment ? ! … Non… Tu as raison.
Comment pourrais-je continuer à porter le nom de Dieu si je ne puis me
débarrasser de mes fantômes ?"
Un silence suivit mes dernières
paroles. Dans le miroir le visage d'Odin se crispa.
"Hadès, tu
dois bien te douter que si je me permets de te réveiller en pleine nuit
c'est pour une bonne raison. - Je m'en doutais en effet. Que veux-tu de
moi ?"
Sur le miroir je pus constater que mon visage exprimait la
lassitude.
"Que tu tiennes ta promesse : Ramener à la vie ces
spet
hommes dont je t'ai parlé. - Pourquoi ferais-je cela ? - Je pourrais
te répondre : parce que tu m'en as fait la promesse mais je désire te
montrer que c'est dans ton intérêt. - Comment ça ?"
Le visage
d'Odin se fit moins dur, on aurait dit qu'il rajeunissait, dans ses yeux
on pouvait lire l'excitation de la bataille.
"Tôt ou tard tu
devras révéler ta présence aux autres dieux, je ne sais pas exactement ce
qui se trame avec Athéna mais je suis sûr d'une chose : la Terre va
changer de main. Or tu sais comme moi que pour te saisir de la Terre il te
faudra des troupes, même si tu ressuscites les étoiles maléfiques ce ne
sera pas suffisant, mes guerriers divins te permettront de
l'emporter."
La dernière déclaration d'Odin éveilla en moi de la
méfiance plus que tout autre sentiment.
"D'où te vient cette
soudaine sollicitude à mon égard ? Je la trouve assez déplacée de la part
de quelqu'un qui doit la sauvegarde de son royaume à Athéna."
Le
visage reflété dans le miroir s'assombrit.
"Ne crois pas que ce soit de gaieté de
cœur que j'abandonne Athéna à son sort, je lui suis redevable de son aide
face à Poséidon mais mon intuition me dit que les jours sombres ne sont
pas finis. Pour rien au monde je ne veux qu'Asgard soit à nouveau au cœur
de la tourmente… Et tu es un allié puissant. - Qu'est-ce qui te fait
croire qu'une fois ma puissance restaurée j'aurai encore une dette envers
toi ? - Je suis prêt à prendre ce risque. Un tour du destin a lié mon
corps et ton âme, mon destin est maintenant lié au tien et je suis prêt à
mettre mes guerriers à ton service si cela peut éloigner le malheur
d'Asgard."
Le visage d'Odin se fit plus humble tandis que le mien
s'adoucit.
"Quel courage, je t'admire pour ça et accepte les
services de tes guerriers."
Le visage d'Odin se décontracta,
visiblement soulagé.
"J'en suis heureux. - Mais il me semblait
que tous les guerriers divins étaient morts. - C'est exact mais tu es
bien placé pour savoir que la mort n'est pas la fin de tout. Il reste un
guerrier divin encore en vie, grâce à lui nous pourrons reconstituer
l'ordre entier. La quête que nous lui confierons sera sans doute
divertissante."
Odin s'interrompit.
"… Et peut-être
comprendras-tu ainsi qu'il existe des hommes qui ne vivent pas pour
eux-mêmes."
A cela je ne répondis pas car la haine qui submergeait
mon cœur en pensant aux chevaliers d'Athéna m'aurait fait dire des mots
que j'aurais sans doute regrettés.
Me dirigeant vers la penderie
j'en ouvris la porte et en sortis vêtu d'une tunique noire aux reflets
bleus comme la nuit. Je m'adressai alors à Odin.
"Il est temps
de partir. - Tu vas partir comme ça, sans dire au revoir à Pandore
? - Je ne veux pas la troubler, pour l'instant les elfes l'entourent
tellement que je doute qu'elle s'aperçoive de quelque chose. - Tu as
sans doute tort mais fais comme bon te semble. Toutefois, laisse-moi te
rappeler ceci : tu es à la fois Hadès et Odin, il est juste que tu me
ressembles un peu."
Je fus alors saisi d'un doute affreux et me
précipitai vers le miroir pour constater que j'étais… borgne !
"Odin ! Espèce de… - Calme-toi, ce n'est qu'un petit prix à payer pour
la jouissance de mon corps après tout."
Je rougis, cette ordure
avait osé m'affubler de sa propre infirmité, ça se paiera cher le moment
venu ! Je m'élançai alors par une fenêtre de ma chambre.
"Allons-y Odin, vers Asgard, le pays des glaces."
Chambre de
Pandore
Au moment où le cosmos d'Hadès s'éleva dans les airs
pour se diriger vers Asgard, ce fut comme si une rafale de vent d'une
puissance incalculable avait déferlé sur le château d'Helstein. A ce
moment une belle jeune femme aux cheveux très bruns du nom de Pandore
s'éveilla en sursaut comme tirée d'un cauchemar horrible. Le rosaire de
108 perles qu'elle tenait toujours entre ses mains tomba sur le sol marbré
du château, chaque perle rebondit au moins quatre fois avant de cesser de
retentir. Ce tintamarre éveilla une elfe du nom de Teiris qui veillait
sur Pandore, elle eut la surprise de voir sa maîtresse seulement vêtue
d'une chemise de nuit penchée sur le balcon de sa chambre. Teiris se
précipita vers Pandore et jeta une cape de zibeline sur ses frêles
épaules. Pandore ne réagit pas. Inquiète de ce mutisme persistant
Teiris lui adressa doucement la parole :
"Majesté vous ne devriez
pas rester ainsi, vous allez attraper du mal."
En regardant Pandore
de profil elle eut la surprise de voir perler une larme à son œil tandis
qu'elle fixait intensément une étoile filante qui avait disparu près de la
Grande Ourse.
"Hadès, il est parti. Parti pour une nouvelle
bataille."
Teiris saisit Pandore par les épaules et la ramena
doucement vers sa couche en lui murmurant que sa majesté Hadès l'aimait
trop pour partir sans lui dire au revoir.
"Voyons majesté, votre
frère n'agirait jamais ainsi. - Oui il ne me ferait jamais ça et
pourtant il l'a fait."
Asgard
Un homme aux cheveux
bleus comme l'azur, et dont les yeux faisaient penser à ceux d'un
prédateur féroce, tenait dans ses bras un homme revêtu d'une armure sombre
aux reflets bleus qui aurait pu être son frère jumeau. En face de lui
se tenaient trois défenseurs d'Athéna, dans leurs regards se lisait plus
de tristesse que tout autre sentiment. Bud d'Archar, puisqu'il faut
bien l'appeler par son nom, se leva tout en évitant de croiser le regard
éteint de son défunt frère qu'il portait dans ses bras. Avec une
noblesse assez inattendue de la part d'un homme des bois il fit quelques
pas vers la sortie du palais sous le regard rempli d'estime de ses
opposants. Au moment de dépasser le groupe des chevaliers, Bud dédia un
dernier adieu au chevalier Phénix :
- Chevalier, tu disais que tu
croyais que tu croyais en un monde où les frères qui ont eu le malheur de
naître sous une mauvaise étoile pouvaient vivre ensemble et heureux, et
que tu te battais pour le construire. Aujourd'hui sache que je veux
partager ton rêve.
Les paroles de Bud résonnèrent longtemps dans le
couloir du palais mais finalement les chevaliers d'Athéna se dirigèrent
d'un pas assuré vers l'épreuve qui découle toujours d'une victoire : une
autre bataille.
Bud quitta alors la scène de la bataille d'Asgard
pour aller vers ce qu'il croyait être sa destinée. Sous le vent glacial,
seuls les renards des neiges purent entendre ses paroles :
"Syd je
t'en prie pardonne-moi, pardonne-moi de t'avoir mal jugé, ma haine
m'aveuglait. Je vais te conduire là où nous avons tous deux vu le jour,
dans cette maison où l'amour nous réunissait, et si nous devons renaître à
nouveau je souhaite de toute mon âme que nous soyons encore frères et que
nous puissions nous aimer dans un monde sans guerre et sans
haine."
A ce moment l'histoire de Bud se confond avec celle d'un
dieu au cœur sombre qui voulant devenir le dieu suprême était à la
recherche de guerriers au cœurs purs.
Bud d'Alchar
Tu
vois chevalier Phénix j'ai fini par croire à ton idéal : je crois de tout
mon cœur que les frères qui ont eu le malheur de naître sous une mauvaise
étoile pourront un jour vivre heureux dans un monde sans guerre et sans
haine. Mais je suis trop las pour me battre pour réaliser cet idéal,
pardonne-moi. Après avoir marché plusieurs jours sans dormir j'arrivai
finalement devant un manoir du style XVIème siècle. Je n'y vois nul
domestique mais sur la porte d'entrée je distingue, à moitié recouvert par
le givre un blason qui m'est familier, il représente deux tigres, un
blanc, l'autre noir se disputant une couronne, c'est l'emblème des
Mizars. Je regarde Syd puis après avoir fait éclater les portes, je me
rends dans cette chambre qui a été celle de ma mère et où nous avons vu le
jour Syd et moi. " Il n'est pas de meilleur endroit pour mourir mon
frère " pensé-je à voix haute. Je pose délicatement Syd sur le lit de
notre mère puis ayant rassemblé mon cosmos fais éclater le toit du manoir.
La neige s'engouffre par cet orifice et commence à envahir la pièce. Je
jette un dernier regard à Syd, puis je me laisse tomber à terre. La
neige, je la sens pénétrer sous mon armure, elle se pose sur mes
blessures, elle recouvre mon corps et celui de mon frère… Ca y est, je
sens la mort qui arrive enfin, déjà mes membres se sont figés, ma
respiration se fait plus courte, je ferme les yeux et je sens la neige
accumulée sur mes cils me brûler les pupilles. Ce n'est pas désagréable,
je plonge dans un état que les médecins du continent doivent appeler
l'hypothermie, la mort viendra bientôt me chercher et j'en suis ravi, cela
aura sans doute pris plusieurs jours voire plusieurs semaines mais
qu'importe je vais retrouver mon frère. Le néant, plus rien, plus de
toucher, plus de goût, d'odorat, d'ouïe ou de vue mais une voix dans ma
tête.
" Est-ce toi qui appelle la mort ? - Oui, c'est moi -
Pourquoi ? - Car elle me permettra de retrouver mon frère. - Tiens
donc, alors tu penses que les choses sont aussi simples, que parce que tu
le veux tu vas être envoyé au même endroit que ton frère. - Cela me
semble la moindre des choses, ne serait-ce qu'au nom de la justice. -
Apprends que la mort n'a pas de préférences et que si tu as commis cet
acte lâche qu'est le suicide tu iras à coup sûr dans la 2ème vallée où
vont les suicidés. - Peu m'importe mon sort du moment que je partage le
sort de Syd. - Parce que tu crois avoir le droit de choisir, apprends
que ton frère Syd a accompli une des actions les plus nobles aux yeux du
seigneur des ténèbres : sacrifier ce qui lui restait de vie pour permettre
à un autre d'accomplir ses rêves et pour cet acte d'abnégation il sera
probablement invité à séjourner à Elision. - Mais alors nous ne nous
retrouverons jamais ! - Exact !! Et si tu veux un jour mériter de le
revoir lève-toi et utilise la vie que Dieu t'a donnée sans quoi tu ne
mérites plus le nom de guerrier divin. - Je suis las de combattre, mes
membres sont gelés et je n'aspire plus qu'au repos éternel. - Eh bien
crois-moi il ne viendra pas de si tôt ! Et cela pour une raison bien
simple : je n'autoriserai pas la mort à te prendre tant qu'une once de cosmos
brûlera encore en toi ! - Pourquoi un tel acharnement ?
Qu'est-ce que je représente pour vous ? - Ce que tu représentes pour
moi ? A vrai dire pas grand chose, toi et les autres guerriers divins
faites partie d'un jeu qui vous dépasse, sache seulement qu'en ranimant la
vie qui brûle encore en toi je ne fais que tenir une promesse que j'ai
faite au seigneur Odin."
Bud fronça les sourcils, être une part d'un
marché dont il ne connaissait que l'un des contractants ne lui plaisait
guère, de plus il avait été manipulé toute sa vie comme un pantin et il ne
voyait pas l'intérêt d'échapper à la mort si c'était pour continuer à
jouer ce rôle pathétique.
"Non décidément je ne vous crois pas, si
j'étais une part d'un marché vous auriez pu exercer un chantage sur moi,
or vous ne l'avez pas fait. J'en déduis qu'il doit exister une raison plus
profonde à votre comportement et tant que vous ne me direz pas de quoi il
retourne vous ne tirerez rien de moi."
L'interlocuteur de Bud se tut
un moment, il devait peser le pour et le contre, le pour dut l'emporter
car il se décida à parler.
"Crois-tu en quelque chose Bud
?"
Bud ne répondit pas tout de suite, il avait honte de ce qu'il
avait été pendant des années : un monstre d'ambition. Depuis sa rencontre
avec Syd et ses parents il s'était mis à haïr tout ce qui symbolisait le
pouvoir et la richesse. Pendant longtemps il avait erré dans les contrées
du nord d'Asgard comme un loup assoiffé de sang, cherchant à tuer le plus
grand nombre de nobles possibles pour leur faire payer d'appartenir à la
même race que son frère. Il avait erré ainsi comme une bête sauvage
uniquement mue par sa haine des puissants. Un jour il apprit que Syd de
Mizar s'entraînait pour être digne de porter une des armures des
conquérants, ce jour-là il avait décidé de s'entraîner lui aussi pour
dépasser celui que les dieux lui avaient préféré. Seul dans l'immensité
des forêts il était devenu un prédateur vorace craint de tous pour sa
force et son agressivité. Son cosmos s'était accru avec sa haine pour
son frère au point de surpasser celle des plus grands guerriers de son
temps. Un jour il avait senti l'appel d'une puissante cosmo énergie qui
lui avait ordonné de se rendre dans un lac glacé pour y prendre possession
de l'armure du conquérant d'Alchar, elle représentait un tigre blanc aux
dents tranchantes. A l'instant où il la revêtit sa fierté était à son
comble, il était prêt à oublier toutes ces années où la haine avait empli
son cœur. Mais le destin est cruel et lorsque la princesse Hilda lui
avait annoncé qu'il serait condamné à être l'ombre de son frère qui en
plus était moins puissant que lui, il avait été tenté de la tuer sur
place. Par la suite le marché qu'elle lui avait proposé et qui consistait
à guetter la mort de son jumeau lui avait rendu l'attente
supportable. Mais au fond de lui il n'avait pu complètement abandonner
cet amour qu'il avait pour son frère, et lorsque Shun avait lancé contre
Syd la tempête nébulaire il avait tout fait pour sauver la vie de Syd sans
révéler sa présence. Il se souvenait de son combat contre Phénix, pourquoi
ce pantin en armure avait-il gagné ? Ses techniques n'étaient sûrement pas
supérieures aux siennes alors comment se pouvait-il que pendant une
seconde son cosmos ait été supérieur au sien ? La réponse s'imposa à lui
assez naturellement : parce-que Phénix croyait en la justesse de sa cause
alors que lui n'avait jamais complètement réussi à détruire les liens du
sang qui le rattachaient à Syd. Bud se décida finalement à répondre
:
"Pendant de nombreuses années je n'ai cru qu'en moi-même, en ma
propre force mais j'ai fini par comprendre que celui qui se bat pour la
gloire ou pour le plaisir de se battre ne peut l'empoter sur celui qui se
bat pour les autres et qui croit en la justice de sa cause."
Un
lourd silence tomba sur les étendues glacées d'Asgard. L'interlocuteur de
Bud hésitait, de tout son être se dégageait une mélancolie presque
palpable.
"Nos chemins se ressemblent : toi poussé par la haine de
ton frère et moi par ma haine du genre humain nous avons tous deux échoué.
Vois-tu Bud, pendant des millénaires je n'ai vécu que pour moi, j'étais
convaincu que mon essence divine me conférait une supériorité sans
conteste sur tous les autres êtres vivants. La vie, la mort
m'indifféraient totalement. Je détestais les êtres humains pour la raison
qu'ils n'étaient pas d'essence divine et qu'ils avaient tous les défauts
de leurs créateurs les Titans. J'ai longtemps herché à les rééduquer mais
Athéna s'est constamment mise en travers de mon chemin de sorte que je
n'ai jamais pu savoir si cela aurait été possible. - Et vous avez
fini par douter ? - Pas exactement. Du moment que je n'utilisais que
des corps d'emprunt, la souffrance de mes soldats, du fait que je ne la
ressentais pas moi-même, m'indifférait. Il y a peu de temps j'ai fait ce
que je n'avais jamais fait depuis les temps mythiques : réintégrer mon
enveloppe charnelle pour venir à bout de mes ennemis. Dans mon esprit le
doute ne subsistait pas, je ne pouvais que l'emporter : que pouvaient
faire de simples mortels face à moi ? J'ai combattu les chevaliers de tout
mon cœur jusqu'à la limite de mes forces et au moment où je pensais
l'emporter, le cosmos à l'agonie de ces hommes a grandi jusqu'à dépasser
le mien et à ce moment mon cosmos a faibli et j'ai été vaincu. Pour la
première fois de ma vie j'ai senti le doute s'insinuer en mon
esprit."
Il s'arrêta une seconde puis reprit.
"Le cœur d'un
dieu ne connaît pas le doute et si cela arrive cela veut dire… Cela veut
dire que sa foi a été ébranlée ! Tu comprends Bud ? Ce sentiment m'est
insupportable. Comment pourrais-je devenir le dieu suprême si je doute de
moi-même ? J'ai besoin de savoir ce qui a permis à ces hommes de me
vaincre car s'il s'avérait que c'est leur amour qui les a rendus
supérieurs à moi, cela voudrait dire qu'Athéna avait raison… - Pourquoi
vouloir me sauver ? - Odin m'a permis de survivre, sans lui je n'aurais
sans doute jamais pu me remettre en question, je lui dois bien cela. Je
suppose aussi qu'une guerre est imminente, cette guerre sera pour moi
l'occasion de mettre ma foi à l'épreuve. Et puis j'ai envie de savoir
jusqu'où votre amour pour votre patrie et votre foi en l'avenir vous
mèneront."
Les dernières paroles de son vis-à-vis lui rappelèrent
celles que Ikki avaient prononcées à l'intention de Mime lors de leur
affrontement auquel il avait assisté, aussi risqua-t-il :
"Des
hommes qui ont foi en l'avenir ? Voulez-vous parler des chevaliers
d'Athéna ?"
Un silence très court suivit, puis dès les premières
paroles, Bud sentit qu'il avait déchaîné un océan de colère et de haine
chez l'homme qui voulait lui sauver la vie.
"NON !! Ceux-là n'ont
été leur vie durant que des jouets entre les mains de leur déesse, pour la
protéger ils ont fait encourir des dangers dont ils n'avaient même pas
idée à l'humanité, ils ont rompu l'équilibre de l'univers en détruisant
l'Enfer et ils ont abattu des hommes au cœur pur sans éprouver autre chose
que des remords passagers. Ils avaient la puissance indomptable d'un
fleuve en cru, leur bras devait toujours être guidé mais les circonstances
aidant ils ont fini par agir de façon autonome tant et si bien qu'entre
les mains d'une jeune fille qui avait encore du mal à accepter son destin
ils sont devenus des sortes de machines à tuer sans que le moindre doute
sur les conséquences à long terme de leurs actes ne les effleure à aucun
moment. L'homme qui pense avoir raison parce qu'il est sorti vainqueur de
tous les combats qu'il a livrés commet une énorme erreur. - Laquelle
? - Celle de croire qu'il détient le monopole de la Justice ! Ce qui
leur a permis de l'emporter c'est plus l'imprudence de leurs ennemis que
leur courage et leur force. Ils ont été vaincus des dizaines de fois mais
ils n'ont jamais accepté leur défaite, ils ont communié et uni leurs
forces pour venir à bout d'ennemis cent fois plus puissants qu'eux et se
sont imaginés que c'est la justice de leur cause qui leur a permis de
triompher, sottises… S'ils ont toujours vaincu c'est parce qu'ils ont
souvent rencontré des adversaires rongés par le doute ou tout simplement
respectueux de la vie humaine. Dans les batailles les plus disputées c'est
toujours le nombre qui leur a permis de l'emporter, où est l'honneur dans
tout çà ? Qu'ont-ils fait du noble principe de la chevalerie qui poussait
le vainqueur à tendre sa main au vaincu et celui-ci à reconnaître sa
défaite ? Les guerriers divins, eux, ont su reconnaître leurs erreurs
voire les réparer. Les chevaliers en auraient été bien incapables,
persuadés que leurs actes même les plus violents trouveraient un jour leur
justification, partant de là ce n'est même plus la peine d'avoir mauvaise
conscience !"
Un silence lourd de sens suivit ces dernières paroles.
Bud se décida finalement à rompre le silence, rongé qu'il était par la
curiosité d'apprendre l'identité de son interlocuteur.
"Qui
êtes-vous ? Etes-vous la mort ? Etes-vous le seigneur Odin ?"
Si Bud
n'avait pas eu les paupières si alourdies il aurait pu voir une lueur de
malice pétiller dans l'œil unique de son interlocuteur.
"En vérité
il y a un peu des deux : même si je ne donne pas la mort certains m'en
croient le maître, bien que je ne sois plus le seigneur Odin je sens qu'il
sommeille au fond de moi. - Dans ce cas je dois vous dire que mon
devoir de guerrier divin m'interdit de servir tout autre que le seigneur
d'Asgard. - Il n'existe aucune vérité absolue en ce bas monde et celui
que tu vénères comme le seigneur d'Asgard peut selon les mythologies
confondre son image avec la mienne, n'oublie pas que le Wallahall n'est
qu'une réplique parmi d'autres de mon Elysion, c'est peut-être pour cela
que nous nous entendons si bien. Quoiqu'il en soit je vois bien que pour
te convaincre de rallier ma cause il te faudra entendre une autre voix que
la mienne. - Mais enfin de quoi parlez-vous ?"
L'interlocuteur de
Bud prit une profonde inspiration, il parut se recroqueviller sur lui-même
pendant un moment. Bud, pris d'une inquiétude aussi soudaine
qu'irraisonnée, parvint au prix d'un effort surhumain ( mais quoi
d'étonnant de la part d'un guerrier divin ?) à se retourner et à faire
face à son interlocuteur. Un craquement sourd. L'épaule de Bud déjà
entaillée par l'envol du Phénix se brisa comme du verre au contact du sol.
Pas de hurlement de douleur, juste un cri étouffé. Bud assistait à ce
moment à un spectacle pour lequel des hommes auraient vendu leur
âme. L'homme qui lui faisait face était courbé, un genou à terre mais
même dans cette position il semblait d'une taille peu commune, ses longs
cheveux noirs ondulés étaient en train de changer : ils devenaient
transparents et ce qu'on pouvait y voir c'était l'UNIVERS, d'abord les
planètes : Saturne, Neptune et Pluton puis les constellations : la Grande
Ourse, la Petite Ourse… Plus la transformation semblait se prononcer plus
les étoiles se précisaient : c'étaient alternativement les étoiles de la
Grande Ourse : Phedca, Alioth, Merak, Venetash, Mergrez, Mizar, Alchar et
Dubhe et des étoiles que Bud avait du mal à distinguer… Elles étaient une
centaine, non 108 exactement, bizarrement elles ne brillaient pas du même
éclat que les étoiles de la Grande Ourse, elles étaient, comment dire ?
Sombres, elles dégageaient une aura qui s'apparentait à celle d'un Trou
Noir, l'aura des ténèbres. Bud sentit un frisson lui parcourir l'échine
: il n'y avait pas que le physique de son interlocuteur qui était en train
de changer, l'espace autour de lui changeait aussi : le ciel d'Asgard si
sombre tout à l'heure était maintenant traversé par une magnifique aurore
boréale qui semblait commencer aux pieds de celui dont Bud ne pouvait plus
douter maintenant qu'il était un dieu. Puis, aussi brusquement qu'il
avait commencé le phénomène sembla prendre fin : Les doigts du dieu se
décrispèrent de sa chevelure en même temps qu'il fit volte-face de sorte
que Bud ne le vit plus que de dos. Le dieu s'était relevé. Ses longs
cheveux ondulés se raccourcirent jusqu'à n'être plus qu'une crinière, leur
couleur changea aussi : du noir ténébreux ils passèrent au bleu turquoise
mais le plus impressionnant était peut-être l'aura de ce nouveau
personnage : Au-dessus de sa tête deux cosmos se disputaient, curieusement
ils avaient forme humaine : un guerrier en armure d'Archange (Hadès)
tenait son épée levée au-dessus de son front tandis qu'un vieux marin
borgne (Odin) au casque ailé et à la ceinture bouclée semblait tendre la
main pour saisir cette épée. Quand sa main se referma sur le pommeau de
l'épée Bud perçut un son " Balmung " puis un éclair aveuglant tandis que
la figure du vieux marin et celle de l'Archange se superposaient pour
former une créature formidable ! Quand Bud rouvrit les yeux plus aucun
doute ne subsistait en lui : la personne qu'il avait maintenant devant lui
ne pouvait être autre que le seigneur Odin. Celui-ci murmura des
paroles incompréhensibles " Merci mon frère, merci de m'avoir permis de
reprendre mon corps pour exhorter le courage de mes guerriers ". Bud
risqua une parole " Seigneur Odin, je suis votre serviteur "
"Je
l'espère bien guerrier divin, il ne manquerait plus que la souffrance de
mon frère ait été inutile. - Votre frère ? - Hadès ne t'a-t-il pas
dit tout à l'heure que nous confondions parfois nos images aux yeux des
peuples qui nous vénèrent ? Il est donc normal que je l'appelle
ainsi. - Hadès, c'était donc lui."
Odin regarda l'horizon, à
l'évocation d'Hadès par Bud il se rendait compte que le nom de son frère
était synonyme de ténèbres et d'ombre. Dans la mémoire collective des
hommes la lumière était toujours assimilée au bien et l'ombre au mal.
Quelle que soit la couleur de l'âme de celui qui vit dans les ténèbres il
est naturellement assimilé au malin, décidément les hommes jugent sur des
apparences. Un voile de tristesse passa devant ses yeux avant qu'il ne
consente à reprendre. - Oui c'est bien d'Hadès qu'il s'agit mais ne
t'avise pas de le comparer au mal incarné ! Car il arrive en creusant dans
les ténèbres… qu'il s'y trouve plus souvent de la lumière… que l'inverse…
Quoiqu'il en soit, je t'ordonne de te lever guerrier divin de Zeta prime
! - Je suis bien faible. - Balivernes ! Même à l'agonie il restera
toujours à l'homme qui garde la foi la force de déplacer les
montagnes.
Je songe alors à mon frère Syd qui s'est
relevé de la tempête nébulaire de Shun pour me venir en aide, je pense à
cette promesse que j'ai faite au chevalier Phénix de l'aider à combattre
pour un monde meilleur. Je cherche au fond de moi cette étincelle de
cosmos qui y brûle encore.
" Allons debout Bud aux crocs et aux
griffes tranchantes, réveille-toi et mets ton armure divine de Zeta au
service de ton peuple ! "
Cette voix c'est celle de la princesse
Hilda ! Je lui dois à elle, mais aussi à Syd et à Phénix de me relever et
de reprendre le combat. Je sens que mon cosmos fait se mouvoir mon
corps, je ne sens plus mes blessures et je m'entends hurler à m'en
arracher les poumons " Brûle mon cosmos, brûle !! " Sans que je
ressente la douleur mes pieds trouvent naturellement leur point
d'équilibre dans la neige, mes jambes se déplient bien que mes muscles
soient engourdis. C'est tout mon corps qui s'élève vers le haut mû
uniquement par ma volonté. A mesure que je me relève je sens mon cosmos
déferler comme une lame de fond dans tout mon corps, inondant chacun de
mes muscles de son énergie infinie. Je me retrouve donc debout, les poings
serrés, mes yeux s'ouvrent mais cette fois je ne sens plus la morsure de
la neige. Dans un ultime effort pour purger mon corps de son
engourdissement j'enflamme mon cosmos puis le projette vers le ciel comme
pour assener un coup. La colonne de lumière soulevée se dirige droit
vers la Grande Ourse et l'atteint au point où les étoiles de Mizar et
d'Alchar se confondent, une explosion de lumière suit mon attaque, je
souris : les étoiles de Mizar et d'Alchar brillent à nouveau.
" Syd
je suis vivant et nous nous reverrons bientôt. - Félicitations
guerrier divin, tu es digne de ton frère et de ton pays ! Mais maintenant
est venu le temps de te révéler ta mission qui sera en fait une
quête. - Ton verbe est mon ordre ô seigneur d'Asgard. - Je n'en
attendais pas moins de toi ! Je t'ordonne donc de te rendre dans l'Enfer
du Niffheim en compagnie de la Princesse Hilda pour en ramener les âmes
des guerriers divins tombés au combat."