Chapitre 21: Dodone! la porte vers l'Olympe!
" Marine ! "
La voix de Seiya était étranglée par l'émotion. Il s'arrêta de courir, posa
doucement un genou au sol et son visage de déforma de douleur. Sylphia et
Meyastes s'arrêtèrent également de courir pour se rapprocher du chevalier de
Pégase. La jeune femme lui posa une main sur l'épaule tandis le guerrier
élémentaire de l'eau jetait un coup d'œil circulaire aux environs.
Tout n'était que lumière et brume. Les rayons du soleil filtrés par le
brouillard omniprésent rendaient l'atmosphère éblouissante. Les rochers aux
alentours semblaient se dissoudre dans la clarté étouffante.
"Sylphia, je ne sais pas où nous sommes " dit Meyastes sur un ton
inquiet.
La jeune femme se releva en aidant Seiya à se remettre sur ses jambes et scruta
les environs.
" Tu parles, tout se ressemble ici. Il y a tellement de brouillard, qu'on
peut à peine voir le sol sur lequel on marche ! " s'exclama-t-elle avec sa
fougue habituelle.
Et dans le silence cotonneux de l'Olympe, une douce mélodie se fit entendre au
lointain. Les trois guerriers se retournèrent d'un seul mouvement. Apparut
alors un homme d'une grande élégance, un sourire narquois aux lèvres.
" Vous pensiez peut être que j'allais vous laisser partir comme ça ?
" dit-il sans cesser de jouer.
Seiya s'avança vers lui et sans le quitter des yeux s'adressa à ses amis :
" Cet homme est Euterpe : il est au service d'Apollon. Il m'a expliqué
qu'il faisait partie d'une caste de 9 guerriers qui se sont inspirés des arts
pour concevoir leurs attaques.
- En ce cas, tu auras besoin de nous " dit Meyastes se mettant en garde.
Sylphia lança un regard courroucé à son ami et posa sa main sur son poing
droit. Elle se tourna face à lui, de manière à ce que sa bouche soit dissimulée
aux yeux d'Euterpe.
" Idiot, tu sais très bien que si nous combattons, les esprits de nos
armures reprendront le dessus. Le seul qui puisse combattre ici, c'est Pégase !
"
Et Seiya le savait très bien. Il faisait d'ailleurs déjà face à son adversaire,
les jambes campées dans le sol et les bras effectuant une succession de
mouvements pour invoquer la force de la constellation du Cheval Ailé.
*
* *
" Seiya ! "
Saori se tenait debout devant son trône, son sceptre à la main. Elle était
vêtue de ses plus beaux atours, ses bras découverts étaient d'une blancheur
éclatante.
Elle venait de prononcer le nom du chevalier Pégase à voix basse mais le
chuchotement s'était répercuté sur les murs de l'immense salle. La jeune femme
se rassit et lança à haute voix une autorisation à la cantonade. Un petit
bonhomme rouquin entra alors par une porte latérale, plus modeste que le
gigantesque portail d'entrée.
" Princesse, vous m'avez fait appeler ?
- Oui, Kiki. Viens d'asseoir là " répondit doucement Saori en indiquant un
coussin doré à ses pieds d'un geste tendre de la main.
La jeune femme prit une longue inspiration, regarda furtivement le petit garçon
et déclara :
" Tu vas partir Kiki. Adonis est arrivé au Sanctuaire et j'ai parlé avec
lui. Il deviendra ton nouveau maître. Je t'ordonne de rester à ses côtés,
d'apprendre tout ce qu'il t'enseignera et de devenir un brave chevalier.
- Mais princesse, j'ai pas envie de …
- Kiki, ne me coupe pas la parole ! Nous n'avons pas besoin de toi ici, mais
là-bas sur l'Ile de la Mort avec Adonis.
- Oui, princesse " murmura Kiki, d'une voix pleine de tristesse.
Saori se pencha vers le garçon, essuya une larme qui coulait sur sa joue et
reprit :
" Tu es notre seul espoir en cas de défaite. Seiya et les autres vont
affronter des êtres d'une puissance inimaginable. Il est fort probable qu'ils
meurent, même s'ils réussissent leur mission. Tu seras alors le seul capable de
recréer un ordre de chevalerie. Je te fais confiance Kiki, tu seras peut être
amené à devenir un grand chevalier. "
Kiki tourna son visage vers Saori. Il fit une moue rigolote et subitement, se
jeta dans les bras de la jeune femme.
" D'accord princesse, mais faites attention !
- C'est loin d'être la façon la plus respectable de témoigner ton affection à
une déesse, Kiki mais je suis contente de pouvoir te réconforter de la sorte ;
une longue épreuve t'attend " finit par dire Saori, un sourire triste aux
lèvres.
*
* *
Une scène bien étrange se déroulait dans la demeure du signe du Taureau. Alors
que quelques secondes auparavant, de nombreux guerriers s'y tenaient, elle
n'abritait plus que deux personnes.
Le chevalier de la constellation d'Orion, récemment arrivé au Sanctuaire,
faisait face à celui qu'il croyait être le dernier chevalier de Zeus :
Ganymède, le Sculpteur de Lumière. Les deux hommes se jaugeaient mutuellement,
immobiles et tendus, en position défensive.
" Même s'ils sont passés, tes amis Geste et Hector n'iront pas bien loin.
Hyoga et Shiryu sont arrivés au Sanctuaire et ils se sont occupés de la garde
rapprochée d'Arès. Kanon et Sorrento ne seront pas facile à vaincre non plus.
Je crains que l'avantage numérique ne soit de notre côté désormais. "
Ganymède fit une moue expressive et baissa sa garde.
" Mon maître est mort. Je n'ai plus aucune raison de me battre. Et malgré
tout ce que m'a dit Hector, la vengeance ne me le ramènera pas. "
Ganymède fit quelques pas en direction d'un rayon de soleil. Le son du choc des
talons de son armure se répercuta dans la Maison du Taureau. Lorsque le soleil
inonda son corps, Ganymède ferma les yeux et tourna son visage vers l'astre solaire.
" Tu es un égoïste, Ganymède. Tu ne te battais pour un homme ; pour
t'attirer les faveurs de ton maître ?
- Et toi, petit chevalier de bronze, pourquoi mourras-tu ?
- Pour Athéna, pour l'humanité ! "
Ganymède se tourna vers Rigel tout en continuant à marcher et ouvrit les yeux :
la fureur avait remplacé le calme qui les habitait quelques secondes
auparavant.
" Tu te bats pour une déesse froide ? Tu est prêt à mourir pour des gens
que tu ne connais même pas et qui serait capable de t'insulter, de te voler au
détour d'une rue, de tuer ta famille ?
- Oui. C'est ce qui fait la force des chevaliers d'Athéna : le sacrifice et la
miséricorde. Nous sommes nés pour souffrir, vois-tu. Si le destin exige des
morts pour sauver l'espèce humaine, alors je suis fier de partir vers l'Hadès
en accomplissant ce devoir sacré. "
Ganymède arrêta de marcher, tourna la tête vers Rigel et l'observa. Différentes
expressions passèrent sur son visage. Quand tout à coup, les traits déformés
par la colère, il hurla :
" Et où étiez-vous ? Où étiez-vous quand j'avais mal, quand je souffrais
le martyr ? "
Ganymède fit face à Rigel, leva son bras au-dessus de sa tête. Des flammes
apparurent le long de son membre antérieur, léchant son épaule jusqu'à sa
dernière phalange.
" Par le Sabre Incandescent ! "
Le bras de Ganymède s'abattit en direction du chevalier d'Orion qui bondit sur
le côté sans autre forme d'élégance. Une traînée de feu lacéra sa jambe droite,
brisant la cheville de son armure. Reprenant appui sur sa jambe droite, Rigel
lâcha un juron étouffé et posa un genou à terre.
" Tu parles de sacrifice, de miséricorde. Mais que connais-tu à mes
souffrances ?
- Cesses de te plaindre sans arrêt. Tous les chevaliers d'Athéna ont souffert
avant de gagner leur armure. Nous sommes tous des orphelins ou des êtres que le
bonheur a abandonnés. Mais contrairement à toi, nous avons pardonné à la vie.
Car elle sait apporter joie et bonheur à ceux qui le méritent et qui acceptent
la paix dans leur cœur bien qu'il ait été ravagé. "
Ganymède n'avait pas attendu la fin de la phrase de Rigel pour porter son bras
à son côté et hurler :
" Par la Comète Flamboyante ! "
Rigel se redressa, et ne chercha pas à éviter le coup. Il croisa ses bras
devant son corps, offrant ainsi une maigre protection au puissant surpuissant
de Ganymède. Les avants-bras de l'armure se fendirent en de multiples morceaux
qui s'envolèrent aussi légers que des pétales de fleur.
" Ton armure n'a rien à voir avec une armure de bronze, petit chevalier.
" conclua Ganymède.
Rigel était en piteux état. Ses poignets étaient en sang, son visage était
livide. De la sueur se mêlait à son sang en une pâte à moitié coagulée. Mais il
se releva, une fois de plus.
" Tu me méprises, Ganymède. Mais de nous deux, c'est toi l'être le plus
méprisable. Celui qui est incapable de voir qu'en fin de compte, celle qu'il
combat l'a toujours soutenu. - Tu délires, chevalier d'Athéna. Tu prétends que
ta déesse m'a aidé ? "
Profitant de la curiosité de Ganymède, Rigel entreprit de se relever.
" Oui et plus que tu ne pourrais l'imaginer. Dans toutes tes épreuves,
elle était là à tes côtés. Elle se tenait sur la ligne qui sépare les morts des
vivants. Elle seule t'a retenu dans ce monde. Elle était la lueur d'espoir qui
subsistait dans au plus profond de ton être."
Ganymède se figea d'un coup. Sur son front, un petit point se forma.
Progressivement, le point s'élargit jusqu'à devenir un trace nettement visible,
un petit tourbillon qui donnait l'impression qu'il pénétrait dans le cerveau du
Sculpteur de Lumière.
Ses yeux s'écarquillèrent et il demeura immobile de longues minutes.
Rigel en profita pour s'appuyer contre un pilier à moitié détruit. Il observa
Ganymède, en reprenant son souffle peu à peu. Il jeta un coup d'œil furtif à sa
cheville. Elle devait sûrement être brisée, il lui semblait apercevoir un
morceau d'os dans l'amas sanguinolent qui formait sa plaie. Rigel pâlit de
nouveau à la vue de ses avants-bras. Mais il reporta son attention sur son
adversaire, résolument plus puissant que lui.
Lorsque Ganymède fit enfin un mouvement, Rigel reprit la parole :
" Je vois que la véritable attaque de Kanon a enfin porté ses fruits. Tu
as vu, en revenant dans ton passé, que je t'avais dit la vérité. "
Ganymède ouvrit la bouche sans pour autant que des sons en sorte. Il jeta un
coup d'œil furtif à Rigel. On pouvait lire de l'incompréhension et de la
détresse dans ce regard. Avant de partir en courant, comme un dément, le
dernier Sculpteur de Lumière cria à Rigel :
" Mais qui suis-je ? Qui suis-je pour avoir profané la seule personne qui
m'ait jamais aimé ! "
Rigel regarda Ganymède quitter la maison du Taureau et en exhalant un soupir
inquiétant, il se laissa glisser le long du pilier sur lequel il s'était
appuyé.
*
* *
" C'est inutile, vous ne passerez pas. "
La voix grave de Shiryu était ferme et convaincante. Le charisme de Shiryu
était amplifié par la superbe armure qui le revêtait alors qu'il se tenait au
beau milieu de la maison des Gémeaux.
Hector et de Geste stoppèrent leur progression devant le barrage du chevalier
du Dragon.
" C'est ce qu'on va voir, minable, que la Flèche Troyenne te transperce !
"
Hector avait rassemblé ses deux mains devant son torse et un trait de lumière
était parti de la concentration d'énergie formée au point de jonction. Shiryu
réagit très rapidement et se protégea avec son bouclier. Celui-ci encaissa le
coup sans peine.
" Je te répète que c'est inutile. Vous ne faites pas le poids contre nos
armures divines. "
" Par la Flèche Troyenne !
- Que la Colère du Dragon te terrasse ! "
Avant que le trait de lumière ne parte, Shiryu avait lancé son poing à une
vitesse défiant l'imagination. Atteignant directement la vitesse de la lumière,
la Colère du Dragon frappa Hector de plein fouet. Il fut renversé par la
terrible fureur se dégageant de l'attaque et alla heurter un pilier de la
Maison des Gémeaux.
Une flaque de sang se forma sous la tête d'Hector. Il se releva péniblement,
titubant légèrement, visiblement pas préparé à affronter un tel adversaire.
" Geste ! Geste, où es-tu ?
- Ainsi, tu ne l'as pas vu partir ? " répondit Shiryu à la place du
guerrier d'Arès.
Le chevalier du Dragon s'approcha d'Hector et reprit :
" Visiblement, il est plus rapide que toi. Moins puissant, peut-être… mais
plus rapide, c'est sûr.
- Et tu l'as laissé passer ?
- Hyoga saura s'occuper de lui. "
Hector parti d'un rire dément ; Lorsque ses côtés le firent trop souffrir, son
rire se mua en gémissement de douleur.
" Je suis content de t'affronter, chevalier, ça va être un beau combat !
- Tu sembles heureux de te battre !
- Oh que oui : Je ne vis que pour ça !
- Tu n'as donc pas de but ?
- Aucun ! Je ne vis que pour me battre et défaire mes adversaires. Les plus
faibles meurent. Les moins faibles survivent à mes coups. Je ne les achève
jamais car rien n'est plus motivant que la vengeance. "
Une expression de dégoût fit jour sur le visage de Shiryu.
" Tu es pathétique, Hector.
- Et toi, bien prétentieux ! Par la Barbe de Priam ! "
Une lueur orangée vint nimber le corps d'Hector. Peu à peu, la lueur sembla
devenir matière pour dissimuler complètement l'assaillant de Shiryu. Pourtant,
ce dernier ne sembla pas inquiet.
Les bras d'Hector disparurent tandis que la lueur croissait en taille et
commençait à encercler le jeune défenseur d'Athéna. Hector disparu complètement
quand le cercle se ferma autour de Shiryu. Le chevalier du Dragon ferma les
yeux et se tourna dans une direction précise du nuage de matière.
En un clin d'œil, il brandit son bouclier. Un impact se fit entendre : Hector
venait à nouveau d'être stoppé par le bouclier de Shiryu !
" Mais… ce n'est pas possible ! Tu as encore stoppé mon attaque !
- Il n'y a rien que tu puisses faire contre moi, Hector. Je te l'ai dis : tu es
trop lent. Je distingue chacun de tes mouvements, même si tu les dissimules
derrière la Barbe de Priam ! "
*
* *
Shun tenait June dans ses bras. Sa chaîne était toujours enroulée autour de son
adversaire, mort. Le chevalier d'Andromède était blessé mais une fois de plus,
la double fonction de la chaîne lui avait offert la victoire.
L'extrémité arrondie l'avait protégé de June tandis que le poinçon avait
terrassé son ennemi, qui se dissimulait lâchement derrière des bâtiments.
Le chevalier d'Andromède pris une longue inspiration. Tandis que sa chaîne se
retirait du corps du Berseker, il soupira et regarda le ciel. Il fronça les
sourcils et s'envola en direction de la Grèce.
*
* *
" Par le Tonnerre de l'Aube ! "
Hyoga propulsa un souffle glacé en direction de Geste. La puissance du souffle
fit voler en éclat de nombreux piliers de la maison du Cancer. Le chevalier
d'Arès ne put éviter le coup et se retrouva très vite prisonnier d'un cercueil
de glace. Il se débattit en vain et ses cris de fureur furent bientôt étouffés.
Hyoga demeura en position de combat pendant plusieurs secondes avant de se
relever. Finalement, son attaque avait été fatale du premier coup comme il
l'avait annoncé.
La maison du Cancer, même débarrassée de ses masques de mort, abritait une
ambiance particulière. Son architecture en X offrait des angles étranges à la
lumière pour y pénétrer. Des jeux de reflets apparaissaient et disparaissaient
sur le bloc enfermant Geste.
Un sourire aux lèvres, Hyoga fit quelques pas en direction du cercueil gelé. Il
fit le tour plusieurs fois de sa victime, incrédule. Après avoir attendu
quelques minutes, une expression de fierté envahit le corps de Hyoga. Regardant
une dernière fois le visage hurlant de Geste, il s'envola vers le temple
d'Athéna.
…
Mais une fois le chevalier du Cygne parti, le visage de Geste changea
radicalement d'expression. Un sourire barrait son visage tandis que de petites
fêlures se formaient sur la surface polie.
*
* *
Athéna était assise sur son trône sculpté exaltant sa magnificence. La
gigantesque salle du temple dédié à la divinité de la sagesse abritait de
nombreuses chapelles et de nombreuses niches qui capturaient les sons et les
restituaient dix fois amplifiés. La richesse de la décoration en imposait
également à tous les éventuels visiteurs.
A ses pieds, Kanon, Ikki, Sorrento, Hyoga et Thor attendaient, tête baissée et
un genou à terre.
" Nous devons contre-attaquer " déclara Athéna, le ton ferme et le
visage décidé.
"N'est-ce pas prématuré ?
- Non Kanon, il est temps d'affronter les dieux sur leur propre terrain :
l'Olympe. Seiya nous y attend déjà.
- Si vous me le permettez, j'émets de nombreuses réserves quant à ce plan
d'attaque.
- Que crains-tu Kanon ?
- D'éventuels nouveaux assaillants. Nous avons repoussé les assauts des
guerriers de Mercure, d'Arès, de Zeus et également d'Apollon, d'après de
récents rapports. Mais les dieux de l'Olympe n'ont-il pas d'autres guerriers ?
- Tu as raison. Toi et Sorrento, vous demeurerez ici tandis que Hyoga, Thor,
Shun, qui est en route et moi-même iront rejoindre Seiya dans l'Olympe.
- Et Shiryu ?
- Ne t'inquiète pas, Hyoga. Il nous rejoindra dès qu'il le pourra. "
Athéna laissa passer quelques secondes durant lesquelles aucune objection ne
prit forme. Elle frappa le sol de son sceptre et clama :
" Qu'il en soit ainsi ! "
*
* *
" Tu agis comme un idiot, Hector. Ne vois-tu pas qu'en continuant le
combat, tu cours à ta perte ?
- C'est ma force, chevalier d'Athéna. Rien d'autre ne me retient sur cette
Terre que le combat !
- Ce qui fait de toi un guerrier totalement dévoué : un kamikaze en sorte.
"
A ces derniers mots, Hector sourit, exhibant des dents maculées de sang. Ses
sourcils broussailleux ruisselaient de sueur. Il fit rouler ses muscles sous sa
peau et continua :
" Tu es plus rapide que moi mais je n'en suis pas moins plus résistant que
toi. J'attendrais que tu te fatigues ou que ton bouclier cède. A ce moment on
verra bien qui remportera le combat."
La pièce fut emplie par le bourdonnement sourd si familier aux habitants du
Sanctuaire. Les deux adversaires étaient immobiles, les yeux rivés l'un sur
l'autre. Hector esquissa un mouvement.
" Par la Flèche Troyenne ! "
Shiryu évita facilement le coup, connaissant désormais parfaitement le coup
d'Hector. Ce denier ne se départit pas de sa superbe et comme un automate
reprit la même position d'attaque.
" Par la Flèche Troyenne ! "
Le visage de Shiryu se tendit. Il entama une nouvelle fois la même esquive
lorsque Hector hurla :
" Par les larmes d'Andromaque ! "
Une multitude de fragments de pierre s'éleva subitement du sol dallé et fut
projetée à une vitesse folle vers Shiryu. Ce dernier, pris dans sa manœuvre
d'esquive d'un autre coup fut frappé de plein fouet sur le côté droit et fut
projeté dans les airs. Des éclats de roche étaient plantés dans son biceps et
de nombreuses éraflures constellaient son visage. Les impacts étaient
invisibles sur le reste de son corps protégé par son armure divine.
" Ah,ah ! Je t'ai eu, chevalier du Dragon ! "
Shiryu prit appui sur le mur sur lequel il avait atterri. Il secoua la tête,
vérifia rapidement l'état de son armure et fit de nouveau face à Hector.
" Je suppose que c'était ton attaque la plus puissante.
- Et tu n'as pas pu la contrer ! Tu as beau connaître toutes mes attaques, il
n'en demeure pas moins que j'ai plus l'expérience du combat que toi. Tu es trop
jeune pour moi Shiryu. "
Shiryu sourit et déclara, sarcastique :
" J'ai déjà entendu ce reproche il y a quelques temps. Celui qui avait
prononcé ces mots a fini enterré sous une cascade gelée. "
Hector fut légèrement surpris de l'assurance de son adversaire mais il se
reprit vite. Son attitude ne trahissait aucun doute sur l'issue du combat.
" Hector, tu es peut-être résistant mais ta lenteur te pénalise sur deux
plans : tu ne pourras pas souvent m'atteindre mais moi, je te frapperais autant
de fois que je le veux. - Alors frappe ! Et utilises tes attaques les plus
puissantes. Tu risques d'être surpris ! "
Mais celui qui resta bouche-bée fut Hector devant le spectacle qui s'offrait à
ses yeux. Shiryu commençait à retirer des parties de son armure ! Le bouclier
rebondit sur le sol. Il fut rejoint par le poing du Dragon, le casque, le torse
et les jambières.
" Qu'est-ce…. Mais.. qu'est-ce qui te prend ? "
Shiryu projeta alors une onde de concentration dans la pièce. Ses cheveux
furent soulevés par un souffle de vent. Son corps fut enveloppé par une aura
verte. Shiryu présenta son profil de défense à Hector. On pouvait apercevoir un
dragon flamboyant sur le dos de Shiryu.
" Si tu utilises la Colère du Dragon ou une technique apparentée, sache
que j'ai parfaitement vu ton point faible, mon ami. " annonça Hector d'un
ton serein.
Mais l'attaque en préparation le prit au dépourvu. D'une part, ce n'était pas
celle qu'il attendait et d'autre part, elle atteint directement la vitesse de
la lumière.
" Excalibur ! Châtie les ennemis d'Athéna ! "
Shiryu leva son bras droit vers le ciel et maintint son bras gauche parallèle
au sol. Il abattit ses deux membres antérieurs en direction d'Hector. Deux arcs
de cercle lumineux atteignirent Hector, pris alors sous deux feux croisés.
Son armure explosa et deux traînées rouges se formèrent sur son torse,
déchirant ses vêtements de protection.
Les yeux d'Hector roulèrent dans leur orbite et le commandant des forces d'Arès
tomba à genoux. Il vacilla quelques secondes et s'affala, face contre terre.
" Un combattant comme toi mérite une sépulture " dit finalement
Shiryu après quelques instants de récupération.
Il asséna un coup de bras droit sur le sol, sous le corps d'Hector. Les dalles
de la maison du Taureau s'écartèrent pour engloutir le corps inerte. Puis,
telles des mâchoires infernales, les dalles se refermèrent sur ce qui fut un
des plus grands combattants de la Terre.
*
* *
" Mélodie divine, enchante le chevalier Seiya jusqu'à sa mort. "
Euterpe gratta quelques cordes de sa lyre. Elles tremblèrent sous la pression
des doigts du musicien, se mirent à scintiller et semblèrent se déplier
doucement. Puis elles prirent une forma plus rigide et prirent la direction de
Seiya.
Le chevalier de Pégase évita la première corde mais fut pris au piège par deux
autres projectiles. Son poignet gauche et sa jambe droite étaient prisonniers
de la lyre d'Euterpe.
Le guerrier d'Apollon gratta une nouvelle fois sa lyre et les cordes
s'enroulèrent plus encore autour des membres de Seiya.
Mais la pression accrue n'eut aucun effet.
" Tu ne comprend pas que nos armures font de nous des demi-dieux, Euterpe
? "
Seiya souriait à pleine dents devant le désarroi de son adversaire.
" Au fur et à mesure des combats, nos armures sont devenues plus
puissantes. Nous sommes à même de lutter contre des dieux, alors les
sous-fifres comme toi ne nous font pas peur. "
L'élégance abandonna complètement Euterpe qui s'empourpra de colère.
" Comment oses-tu me parler ! Quel manque de respect ! "
Le mouvement d'Euterpe, qui s'apprêtait à frapper de nouveaux ses cordes
s'arrêta brusquement sous le coup de la surprise. Les cordes qui enserraient
déjà Seiya venaient d'être brisées ! Et le jeune homme affichait une mine
encore plus radieuse !
Euterpe murmura des insultes incompréhensibles et commença à jouer une mélodie
sur les cordes restantes.
" Par les Météores de Pégase ! "
Euterpe avait fini de jouer son morceau mais les météores de Seiya étaient bel
et bien partis ! Ils frappèrent Euterpe en différents endroits. Choqué par les
impacts, Euterpe lâcha sa lyre qui alla se briser sur le sol ; elle avait été
atteinte par de nombreux météores quelques millièmes de seconde auparavant.
" Je ne comprends pas ! Je suis le maître de Sorrento et d'Orphée !
Comment as-tu pu me vaincre si facilement ?
- Tu n'as remarqué l'environnement de notre combat ?
- L'Olympe ?
- Et surtout le fait qu'ici, l'atmosphère est lourde et cotonneuse. Tes sons se
propageaient bien moins que mes coups même s'ils n'étaient pas tous à la
vitesse de la lumière. N'étant pas obligé de me concentrer sur la vitesse, j'ai
mis un point d'honneur à insister sur la précision. Et j'ai frappé
principalement ta lyre. "
Euterpe sourit et mima un applaudissement en direction de Seiya.
" Ce que j'avais entendu était exact, Seiya. Tu es un combattant hors
pair. Tu sais t'adapter aux situations et te servir de tes expériences pour
défaire tes adversaires. Ainsi, je me reconnais vaincu et comme tout chevalier,
je plaide ta clémence en me mettant à ta disposition.
- Quitte les dieux tyranniques de l'Olympe pour nous rejoindre Euterpe. Tu es
un guerrier de grande valeur.
- Je ne te serais pas d'une grande utilité sans ma lyre.
- Si ! Tu connais les chemins qui mènent aux demeures des dieux.
- Qu'il en soit ainsi. Je te guiderai toi et tes amis. Mais je ne combattrais
pas mes semblables le moment venu. "
Seiya hocha la tête, visiblement heureux de la tournure des évènements.
Euterpe brossa son armure qui tombait encore en morceau et reprit :
" Il a douze dieux principaux qui siègent dans l'Olympe. Au sommet de
l'Olympe, trône Zeus, le maître de ces douze dieux. Mais avant de l'atteindre,
il vous faudra passer par les palais des onze autres divinités.
- Tu as dis douze dieux, pourtant…
- C'est parce que je n'ai pas compté la demeure de ta déesse tutélaire. Elle
représente un sanctuaire pour vous : un peu comme une place forte dans laquelle
Athéna guidera ses troupes à la bataille. "
Seiya hocha la tête et Euterpe s'assit sur un rocher. Sylphia et Meyastes
buvaient les paroles du guerrier d'Apollon.
" Les palais que vous allez devoir traverser sont reliés par des
arcs-en-ciel. Attention, un faux pas et vous tombez. Vous atterrissez
directement dans le palais d'Héphaistos, qui ne compte pas parmi les douze
dieux dont je vous ai parlé. Là-bas, bon courage car il vous faudra gravir de
nombreuses marchent pour rejoindre le premier palais.
- Quel est-il ?
- Celui de Hestia, vierge comme Athéna, elle est la déesse du foyer. Puis vient
le palais de Déméter, déesse des récoltes de blé. Vous rencontrerez
successivement les palais d'Aphrodite, d'Arès, d'Hermès, d'Artémis, d'Apollon,
de Dyonisos, d'Athéna, d'Hadès, de Poséidon, d'Héra et enfin de Zeus.
- Mais Hadès et Poséidon….
- Les temples sont vides mais va savoir ce que vous y découvrirez… "
Un sourire inquiétant naquit sur les fines lèvres d'Euterpe. Seiya n'était plus
sûr que ce fut un homme après tout. Le guerrier d'Apollon se releva et fit mine
de partir.
" Vous me suivez ? "
*
* *
Sayan, Shaina et Algébia couraient dans la forêt de Dodone. Shaina menait le
petit groupe. Grâce à Marine, elle avait pu découvrir dans le temple de Star's
Hill quel chemin emprunter pour trouver le passage que les mortels devaient
emprunter afin de se rendre dans l'Olympe.
Boréen avait promis de les conduire directement à Zeus arrivés là-bas.
" Shaina, tu es sûre que Shiryu saura vaincre Hector ?
- Ne t'inquiète pas Sayan, nous avons bien fait de nous éloigner du combat.
Nous n'avions plus rien à y faire.
- Et disparaître de la sorte nous donne un avantage sur nos adversaires, ils ne
savent où nous sommes " conclua Algébia.
Mis à part Sylphia et Meyastes, tous les éléments étaient là, réunis en une
force de frappe et de combat impressionnante.
*
* *
Les forces d'Athéna s'étaient rejointes. Seiya, Sylphia, Meyastes et Euterpe
avait rencontré Athéna, Shun, Shiryu, Hyoga, Ikki et Thor sur les premières
marches qui menaient au palais d'Hestia la douce.
Les cinq chevaliers de " bronze " avaient fêté bruyamment leurs
retrouvailles. Après quelques mots pour vanter leurs différents combats, ils
s'étaient groupés autour d'Athéna. Jusqu'à ce qu'ils atteignent le 9ème palais,
les chevaliers allaient devoir protéger Athéna, au sens propre comme au sens
figuré.
La véritable bataille commençait enfin !
Chapitre précédent - Retour au sommaire -Chapitre suivant
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.