Chapitre 24: Prenez garde Athéna! L'amère rancune des dieux!
L'Olympe, demeure des dieux, crainte depuis
l'antiquité par les mortels… Une gigantesque montagne dont le sommet est dissimulé
par une épaisse couche de nuages, sommet qui abrite douze palais tous plus
luxueux les uns que les autres. Au pied de ceux-ci est une grande place ornée
d'une fontaine représentant Hébé, l'épouse divine d'Héraclès. Sur cette place
un homme revêtu d'une armure toute fissurée est accroupi et semble vouloir
réparer ce qu'il reste d'une lyre. Non loin de lui se tiennent cinq personnes
portant de complexes armures semblant attendre patiemment l'issue d'un combat.
Le premier des douze palais est celui de la douce déesse Hestia. Il est entouré
d'une ville dont les habitants vivent en parfaite harmonie. La déesse est
agenouillée devant les deux tombes de ceux qui furent ses plus fidèles
serviteurs. Elle regarde d'un air inquiet par-dessus son épaule en direction du
palais de son frère Zeus, le terrible roi des dieux. Sur l'escalier menant au
deuxième palais, celui de Déméter, courent quatre Saints d'Athéna revêtus de
Clothes dorés, suivis d'un homme de grande taille portant à sa ceinture le
légendaire marteau Mjollnir…
"Ca y est, nous y sommes, je peux voir le palais de Déméter, lança Seiya à
ces compagnons.
-Cette déesse est aussi réputée pour sa douceur, nous ne devrions pas avoir à
souffrir d'un combat trop violent, lança Shun.
-Tu semble oublier les mises en gardes d'Hestia à propos d'Arion, lui rétorqua
Hyôga.
-Oui…, soupira l'Andromeda Saint, mais j'espérais que…
Sa phrase pleine de mélancolie resta en suspens.
Ils arrivèrent quelques secondes plus tard devant un portail grand ouvert qui
donnait sur un jardin comme il n'en existait nulle part sur terre. La
végétation y était luxuriante, des arbres à perte de vue donnaient leurs fruits
à foison, des champs de céréales s'étendaient tout autour de l'immense palais
qui dominait du haut d'une colline toutes ces cultures. Des hommes et des
femmes s'affairaient autour des arbres et dans les champs.
Après s'être émerveillé quelques secondes devant ce spectacle, les quatre
Saints aux God Glothes, suivis de Thor, se dirigèrent vers le palais de
Déméter. Alors qu'ils s'apprêtaient à entrer à l'intérieur de la divine demeure
dont les murs extérieurs étaient ornés d'arbustes grimpants couverts de fruits,
ils furent arrêtés par une silhouette qui surgit de derrière un arbre et qui
les interpella :
"Haltes Saints d'Athéna ! Vous ne pénètrerez pas dans le palais de ma
mère."
Devant eux se tenait un jeune homme aux cheveux courts turquoise, aux yeux
noisette et portant une armure dorée aux nuances jaunes et orangées comme
l'étaient les Scales des Mariners.
"Je suppose que tu es Arion, le fils de Déméter et de Poséidon, lui
répondit calmement Shiryû.
-Exactement, lui répondit d'un ton arrogant le jeune homme, et je vais vous
faire payer ce que vous avez fait à mon père ! Sea Horse Tsunami Gallop !!!"
Le fils de l'empereur des océans lança une terrible attaque en direction
des Bronze Saints, mais Seiya réagit très vite et se lança sur lui en criant :
"Pegasus Ryûseiken !!!"
Les deux garçons se croisèrent en l'air en provoquant une exceptionnelle
décharge d'énergie. Il atterrirent tous deux à genoux et très vite se
retournèrent l'un vers l'autre.
"Tu es très puissant Pegasus Saint, je comprends que tu aies mis mon père
en difficulté, lui lança Arion, un sourire au coin des lèvres.
-Et toi, tu es bien le digne fils de ton père, répondit Seiya, une lueur
d'excitation dans les yeux.
-Très bien, prépare-toi ! Cette fois-ci je vais utiliser une de mes attaques
les plus puissantes…
Arion intensifia son Cosmo puis se jeta sur Seiya en criant :
"Land Horse Earthquake Hooves !!!"
Mais il fut interrompu dans son élan par une voix féminine, douce mais
autoritaire qui retentit :
"Cela suffit, Arion !"
***
Dans les sous-sols du palais de Zeus, où se trouvent les cachots destinés aux
pires traîtres envers les dieux, le dieu Arès attendait que ses hommes lui
ramène sa proie en nourrissant son vautour, portant le doux nom de "Corpse
Eater", des cadavres des prisonniers qui avaient succombé aux traitement
que les dieux avaient jugé bon de leur infliger. C'était un homme d'une grande
stature aux longs cheveux bleu nuit ramenés en arrière et aux yeux rouges. Il
portait des boucles d'oreille représentant des cranes humains et ses épaules
étaient protégées par ce que l'on aurait pu croire être des cranes de quelque
dragon ou autre monstre. Le reste de son corps était caché par une longe et
ample cape rouge sang.
"Seigneur Arès, nous vous apportons la prisonnière."
Le dieu de la guerre regarda d'un air satisfait sa rivale de toujours dans une
position délicate, sous le joug de ses Berserkers.
"Vous pouvez disposer, fit-il à ses guerriers d'un geste distrait de la
main."
Les sauvages Berserkers s'exécutèrent, puis Arès se mit à tourner autour de
Saori, qui avait les mains enchaînées mais regardait fièrement devant elle.
Après l'avoir contemplé quelques secondes il s'arrêta devant elle et commença :
"Et bien, Athéna, la dernière fois que je t'ai vue, tu étais en bien
meilleure posture.
-Ce qui n'était pas ton cas, si je me souviens bien, répondit Athéna qui se
décida enfin à lever la tête vers son interlocuteur.
-Hm, j'ai effectivement eu quelques difficultés à me libérer de cette maudite
épée dans laquelle tu m'avais enfermé, mais finalement ton pitoyable sceau n'a
eu d'effet que deux cent ans durant. Depuis, je suis devenu bien plus puissant
et je vais enfin pouvoir goûter à cette vengeance que j'attends depuis si
longtemps.
-Je te trouve bien présomptueux Arès, fit la déesse, une lueur de défi dans les
yeux.
-Tu n'es pas en mesure de parler ainsi Athéna, lui répondit Arès d'un air agacé
par cette fillette qui lui tenait tête, à lui, le terrible Arès.
-Il a raison, fit une voix de femme venant de derrière Athéna.
Saori se retourna et vit une silhouette approcher d'elle et qui se dessinait au
fur et à mesure que de lents bruits de pas résonnaient dans les sombres
sous-sols du palais. Arès s'agenouilla devant la femme qui apparut. C'était une
grande femme vêtue d'une robe de velours couleur jade ornée de plumes de paon
dans le dos. Son visage, sévère et pale, était maquillé avec des couleurs très
sombres virant vers le noir. Ses cheveux noirs étaient coiffés en un chignon
compliqué entremêlé de perles de la couleur de sa robe, le tout recouvert d'un
voile transparent.
"Mère…, lui dit Arès en signe de respect."
Athéna eut alors la confirmation de ce qu'elle avait cru comprendre en voyant
cette femme…
"Héra ?…dit-elle presque en murmurant
-C'est exact, je suis Héra, l'épouse de Zeus, la reine des dieux…"
Elle se dirigea ensuite d'une démarche hautaine vers Arès qui était demeuré à
genoux et lui fit signe de se relever.
"Arès, mon petit, je suis fière de toi, tu as accompli ta mission à la
perfection. Tu peux maintenant retourner dans ton palais. Je n'ai confiance ni
en Déméter, ni en Aphrodite, mais je sais que toi, tu sauras venir à bout de
ces vermines que sont les Saints.
-Je vous remercie, Mère", lui répondit le dieu de la guerre qui n'avait
plus grand chose de terrible en face de sa chère maman.
Il repartit, laissant sa rivale aux bons soins de sa mère. Une fois sorti des
sous-sol du palais de son père, il se retrouva dans un gigantesque hall de
marbre soutenu par d'innombrables colonnes. Une voix perçante et aiguë se fit
entendre de derrière l'une d'elle.
"Arès, vous n'avez pas oublié votre promesse j'espère.
-Non, rassurez-vous, c'est d'ailleurs un peu pour cela que je vous ai sorti de
votre terrible prison. Je ne suis pas plus homme à revenir sur mes paroles que
vous ne l'êtes", lui répondit Arès avec un sourire en coin.
Ayant dit cela, Arès se dirigea vers la titanesque porte qui laissait entrer la
lumière du soleil à flots et quitta le palais de son père.
L'homme sortit de l'ombre et laissa découvrir un visage comme brûlé par de
l'acide aux yeux d'un orange enflammé et coiffé d'une chevelure d'une couleur
similaire.
"Thor, tu seras le premier des Ases à subir ma vengeance…",
laissa-t-il échapper à mi-voix.
***
Spartan arrivait en vue de l'Olympe. Il regarda le Cloth d'Athéna et eut un
sourire satisfait en pensant aux honneurs qu'il allait recevoir en devenant le
nouveau héros des Saints. Mais, au moment où il allait entamer l'escalade de la
montagne abritant la demeure des dieux, il fut arrêté par une voix grave.
"Arrête-toi Pyxis Saint ! Et remets-nous le God Cloth de sa majesté Athéna
!"
Spartan s'arrêta net et leva les yeux en direction de cette voix arrogante qui
s'était permise de lui donner un ordre. Il vit quatre silhouette qu'il ne
pouvait distinguer car elles étaient en contre-jour, mais dont il devinait par
des scintillements qu'elles portaient des armures.
"Qui êtes-vous pour me donner ainsi des ordres ?", s'offusqua Spartan
L'homme qui l'avait interpellé quelques secondes plus tôt, s'avança et laissa
apparaître un guerrier revêtu d'une armure de métal blanc qui brillait de mille
feux. Ses yeux et ses cheveux étaient d'un bleu très pâle.
"Nous sommes les quatre Saints les plus puissants au service d'Athéna, les
Platinum Saints. On m'appelle Léger, je suis l'Apus Platinum Saint et je
commande aux Gold Saints de signes d'air. Le Libra Gold Saint n'étant plus de
ce monde, tu es sous mes ordres directs.", lui répondit calmement le jeune
homme.
Les trois autres silhouettes s'avancèrent à leur tour. Tout comme Léger, elles
portaient des Clothes de couleur blanche. Il y avait un homme roux et deux
femmes, l'une aux longs cheveux marine et l'autre aux cheveux châtains qui lui
arrivaient aux épaules.
"Je suis Pyros, le Fornax Platinum Saint, commandant aux Gold Saints de
signes de feu, fit le jeune homme roux.
-Mon nom est Ondine et je suis l'Eridanus Platinum Saint, à la tête des Gold
Saints de signe d'eau, dit ensuite la jeune fille aux cheveux marine.
-Et moi je suis Terra, l'Ursa Minor Platinum Saint et je dirige les Gold Saints
de signe de terre, termina la jeune fille châtain.
-Les Platinum Saints ?! Je n'en ai jamais entendu parler, ni d'une quelconque
hiérarchie entre les Saints, s'étonna Spartan. Seuls le Pope ou Athéna
elle-même sont en mesure de donner des ordres aux Saints.
-La connaissance de cette hiérarchie s'est perdue en même temps que celle de
notre existence, expliqua Léger, toujours aussi calme. Athéna, s'inspirant des
Elemental Warriors et pour palier aux faits que l'Elemental Warrior de la terre
la prive de deux Silver Saints et qu'elle ait offert trois Saints a son frère
Abel demanda aux alchimiste de Mu de créer quatre Cloth, plus puissants que les
Gold Clothes et tirant leurs pouvoirs des éléments. Nous n'apparaissons que
lors de guerres très importantes entre les dieux. Chaque Platinum Saint a sous
ses ordres trois Gold Saints, qui eux-mêmes commandent à deux Silver Saints qui
ont autorité sur deux Bronze Saints. Toi, par exemple, tu as sous tes ordres
les Bronze Saints de Sextans et d'Octans. A l'origine, en notre absence, chaque
Gold Saint avait sa propre armée de six Saints, mais cette situation devint
vite ingérable et Athéna décida alors de choisir l'un des douze Gold Saints
pour assurer la fonction de Pope qui avait à lui seul autorité sur les
quatre-vingt trois autres Saints. Mais lorsque nous sortons de notre sommeil
millénaire, notre autorité reprends sa légitimité et la hiérarchie se remet en
place.
Comme tu es sous mon autorité, je te demande de nous remettre le Cloth
d'Athéna. Je veux bien être clément et oublier que tu as agi par intérêt
personnel et que tu as supprimé un allié qui aurait pu nous être précieux. Tu
peux te ranger à nos côtés et obéir à mes ordres ou même partir en nous
laissant le Cloth d'Athéna ainsi que le tien. Alors que décides-tu ?"
Spartan, impressionné par cet homme, ne sut quoi répondre. Comment savait-il
que seule la gloire l'intéressait, et comment était-il au courant pour
Sorrento…
"Et bien !, s'énerva Pyros, dépêche-toi, la vie d'Athéna est en danger !
Pff… Tu as de la chance d'être sous les ordres de Léger, il y a longtemps que
tu ne serais plus qu'un tas de cendres si cela n'avait tenu qu'a moi…"
Léger, indifférent aux propos de son condisciple, continuait à fixer Spartan de
ses yeux couleur ciel…
***
"Mère ?!", s'étonna Arion.
Une très belle femme, aux cheveux blonds, coiffés d'une couronne de blé, aux
beaux yeux noisettes et portant une toge de soie jaune pastel se tenait en haut
des escaliers menant au majestueux temple.
"Veux-tu cesser d'importuner nos invités. Et il me semble déjà t'avoir dit
que je ne voulais pas que l'on se batte dans l'enceinte de mon palais.",
réprimanda-t-elle.
"Mais mère…, tenta de protester Arion.
-Il n'y a pas de "mais" qui tienne. Si tu veux te battre, soit. Mais
fais le hors de mon domaine.
-Bien, mère…" dit Arion d'un air résigné.
Il se tourna vers Seiya et lui dit avec une lueur d'excitation dans les yeux :
"Pegasus Saint, comme tu l'as entendu, nous devons remettre notre duel à
plus tard. Je t'attendrais dans le palais de mon père Poséidon. Tâche d'arriver
là-bas en un seul morceau.
-Sois en sûr, lui répondit Seiya en arborant un grand sourire, je ne raterais
ça pour rien au monde."
Arion se retourna vers sa mère, la salua puis disparu en un trait de lumière
vers le temple de Poséidon. Déméter regarda disparaître son fils puis se
retourna vers les Bronze Saints, les regarda un instant, puis son visage
s'illumina d'un sourire radieux.
"Soyez les bienvenus dans mon palais Saints d'Athéna, ainsi que vous,
grand Thor. Comme vous l'avez sûrement deviné, je suis Déméter, dit la déesse
sur un ton des plus chaleureux. Veuillez excuser la conduite de mon fils, mais
il a toujours eu un caractère bagarreur et la défaite de son père semble
l'avoir quelque peu perturbé.
Saints d'Athéna, comment pourrais-je assez vous remercier ? Grâce à vous, je
suis la plus heureuse des mère.
-Pardon ? s'étonna Seiya
-Oui, reprit Déméter, c'est grâce à vous que je pourrai désormais garder ma
chère Coré auprès de moi.
-Coré ? questionna Shun.
-D'après la mythologie, lui répondit Shiryû, c'est le nom que portait la fille
de Déméter avant d'être enlevée par Hadès et de prendre le nom de Perséphone.
Après l'avoir gardée quelque temps aux Enfers, Hadès consentit à la rendre à sa
mère six mois par ans qui correspondent au printemps et à l'été…
-C'est exact, releva Déméter, et maintenant qu'Hadès n'est plus, ma fille
adorée va pouvoir rester avec moi pour toujours. Malheureusement, depuis
quelques temps, elle reste cloîtrée dans sa chambre et ne veut plus voir
quiconque."
Disant cela, la déesse des moissons perdit son sourire radieux et regarda
tristement vers le sol. Un pesant silence s'installa dans la petite assemblée
mais il fût vite rompu par une voix cristalline.
"Pourrai-je lui parler ? demanda Shun d'un ton décidé
-Shun ? fit Seiya
-Je pense que je peux essayer de la réconforter, répondit Shun avec une rare
assurance. Vous, vous continuerez sans moi, si Déméter le permets bien sûr.
-Très bien, dit d'un ton approbateur Déméter, je vais vous conduire à sa
chambre.
***
Dans les sombres sous-sols du palais de Zeus, l'inflexible Héra était face à
face avec Saori, qui, même si ses poings étaient liées, n'en demeurait pas
moins d'une dignité admirable. Héra la fixait d'un regard satisfait, un sourire
aux lèvres.
"Athéna, commença-t-elle, le moment est enfin venu pour moi de me venger
de toutes les infidélités de Zeus et pour cela, je me débarrasserais de tous
les enfants qui en sont l'odieux témoignage. Tu auras l'honneur d'être la
première à subir mon courroux…
-Tu es complètement folle Héra…"
A ces mots le regard de l'épouse de Zeus changea radicalement et prit une lueur
de colère outragée.
"Mon père est juste et il ne te laissera pas agir à ta guise, continua
Saori. Je ne crains en aucun cas ce procès, car, à part toi, Arès et peut-être
Aphrodite, je ne vois pas en quoi les autres dieux de l'Olympe pourraient
vouloir me nuire. Et puis…"
Elle s'arrêta un court instant, et arborant un sourire satisfait elle
poursuivit :
"…Tu sembles oublier que je suis la fille favorite de Zeus…"
La colère d'Héra augmenta encore d'avantage et son poing se serra avant qu'elle
n'administre une violente gifle à cette arrogante jeune fille. La tête de Saori
se détourna vers la gauche, mais elle refit immédiatement face à sa marâtre, un
filet de sang à la commissure des lèvres et le regard toujours aussi fier.
"Pff, lança Héra, tu me sembles bien sûre de toi, mais saches que tu
risque d'avoir une petite surprise lors du procès. En effet, il semblerait que
quelqu'un soit aller raconter de vilaines choses à ton sujet à Apollon et
Artémis concernant leur chère mère. Et ne crois pas que Poséidon et Hadès ne
seront pas représentés au procès. Quant à Dionysos il ne devrait pas être trop
difficile à convaincre…"
La terrible déesse éclata d'un rire qui résonna dans les sombres couloirs des
sous-sols.
"Mais tu es un véritable monstre ! s'exclama Saori
-On peut dire ça, répondit Héra, fière d'elle. Gardes ! Enfermez-la !"
Mais personne ne vint. Saori eut un air étonné
"Gardes !!!" répéta Héra
Toujours personne…
"Gardes !!!" hurla-t-elle d'une voix proche de l'hystérie.
"Que fais-tu là Héra ?", dit une voix d'homme grave et noble.
Alors que les yeux d'Héra s'emplirent de terreur, ceux d'Athéna, au contraire
se réjouirent. Héra se retourna et vit son divin époux aux longs cheveux dorés,
vêtu d'une toge de soie blanche aux multiples ornements dorés et son foudre à
la main.
"Ah, Z…Zeus… bafouilla Héra, j…je j'étais venue…
-Assez, l'interrompit le roi des dieux, je ne veux pas entendre tes fausses
justifications. Athéna ne sera pas enfermée dans ces sombres cachots, elle
attendra son procès dans son palais que je scellerai de mon Cosmo. Quant à toi,
si tu ne veux pas une nouvelle fois te balancer par les cheveux sous les
nuages, tu ferais bien de regagner le tien.
-Mais j…", tenta-t-elle de protester.
Un seul regard de Zeus lui fit abandonner toute tentative de discussion. Elle
repartit, tête basse, vers sa demeure.
***
"J'espère qu'il saura la faire sortir de son chagrin, dit Déméter en
refermant la porte de la chambre de sa fille dans laquelle Shun venait
d'entrer.
-Ne vous inquiétez pas, lui répondit Shiryû, Shun est encore plus doué pour les
choses du cœur que pour l'art du combat.
-Si vous le dites, tenta de se rassurer la déesse. Bien, se reprit-elle avec un
sourire, je vais vous conduire jusqu'à la sortie de mon palais."
Déméter guida le groupe au travers des longs couloirs de marbres ornés d'arbres
aux fruits généreux.
"Puis-je vous poser une question, demanda Shiryû à Déméter.
-Je vous en prie, lui répondit Déméter
-N'avez-vous pas de guerriers chargés de votre protection ?
-Ne les avez-vous pas vus affairés dans le jardin, s'étonna-t-elle.
-Nous avons effectivement aperçu des personnes dans le jardin qui entoure votre
palais, mais ils ressemblaient plus à des botanistes qu'à des guerriers."
Déméter eut un léger sourire et reprit :
"Mais ce sont des botanistes, on les appelle les Growers, leur but premier
n'est pas de combattre mais de cultiver. Chacun d'eux est lié à une plante
différente sur laquelle il a un pouvoir absolu.
-Ils ne portent pas d'armures ?, s'intrigua Seiya.
-Contrairement à celles que portent les guerriers des autres dieux, les armures
des Growers ne sont pas faites de métal mais sont entièrement végétales, on les
appelle Leaves. Lorsqu'ils ne les revêtent pas, ils les portent en pendentif
autour du cou sous la forme d'une graine.
-Mais votre fils Arion…, commença Seiya.
-Etant à la fois mon fils et celui de Poséidon, anticipa Déméter, il possède
deux armures, un Scale de Mariner, qu'il portait tout à l'heure, et un Leaf de
Grower, qu'il gardait autour du cou.
-Je vois, fit le Pegasus Saint, puis, pour lui-même, ce combat risque d'être
très intéressant…"
Le petit groupe arriva enfin à la sortie du palais où une vaste porte laissait
pénétrer la lumière de l'astre du jour.
"Voilà vous êtes arrivés, dit Déméter, le prochain palais est celui
d'Aphrodite. Méfiez-vous d'elle et de ses Lovers, elle a un caractère plus
qu'imprévisible et pour peu que son amant Arès l'ait monté contre Athéna, vous
aurez beaucoup de mal à franchir sa demeure. Quant à moi, sachez que si le
procès à lieu, soyez sûrs que je prendrai sa défense, je sais que cela ne
représente pas grand chose mais…
-C'est plus que vous ne pouvez l'imaginer", lui répondit Seiya arborant un
sourire reconnaissant.
Les quatre hommes, après avoir remercié Déméter comme il se devait, disparurent
en direction du troisième palais de l'Olympe.
***
Shun entra dans une grande chambre décorée de voiles transparents et
d'innombrables fleurs de narcisse. Au milieu de cette chambre trônait un lit
entouré d'une cascade de voiles qui ne laissait distinguer qu'une vague
silhouette allongée. De profonds sanglots se faisaient entendre à intervalles
réguliers.
"Coré ? dit le jeune homme d'une voix douce
-Allez-vous en ! Je ne veux voir personne ! marmonna une voix de jeune fille au
travers du mur d'étoffe.
-Allez-vous donc rester ainsi à causer de la peine à votre mère encore
longtemps ? Allons douce Coré…
-Je vous ai dit de partir !, cria violemment la jeune fille, Et ne m'appelez
pas Coré, ce nom est ridicule! Je suis Perséphone, reine des Enfers !
-Non, vous vous trompez, nous sommes en été, et à cette saison vous redevenez
la tendre fille de Déméter, Coré.
-Allez-vous enfin cesser ! Et qui êtes-vous pour vous permettre de me parler
ainsi ?
-Oh, je manque à tous mes devoirs, je suis Shun, Andromeda Saint au service
d'Athéna et j'ai également eu l'honneur d'être l'enveloppe charnelle d'Hadès
durant quelques heures."
A ces mots, la jeune fille se redressa et se fraya un passage au travers des
nombreux voile pour laisser apparaître un visage à la peau de porcelaine, aux
yeux bleus rougis par le chagrin et à la longue chevelure blonde désordonnée.
"Vous…vous avez été Hadès…, bafouilla-t-elle, toute agressivité ayant
disparu de sa bouche.
-Oui et pendant les quelques instant où il habitait mon corps, j'ai pu
ressentir un sentiment qui était plus fort que son désir de conquête ou de
vengeance envers Athéna. C'était un amour sans borne pour son épouse, s'il
voulait conquérir le monde, c'était pour vous l'offrir et que vous en soyez la
reine.
-Mais je n'avais pas besoin de cela, tout ce qui m'importait c'était de l'avoir
à mes côtés, et maintenant, il est mort par votre faute…"
Disant cela, elle se remit à pleurer à chaudes larmes.
"Je sais, l'amour est parfois cruel, reprit Shun, mais sachez qu'il se
réincarnera dès qu'il le pourra et ce sera pour vous qu'il le fera, car sans sa
tendre épouse, il n'est rien…
-Vous croyez…
-Bien sûr, lui dit Shun avec un sourire radieux. Allons, si vous sortiez enfin
de cette chambre et alliez retrouver votre mère qui se fait tant de soucis pour
vous. Vous allez pouvoir profiter d'elle pendant les deux cent prochaines
années.
-D'accord.", lui répondit Coré, en lui rendant son sourire.
***
Après avoir perdu de vue les Bronze Saints et Thor, Déméter fit demi-tour et
aperçut, venant vers elle sa fille en compagnie de l'Andromeda Saint. Coré se
mit à courir vers sa mère qui fit de même pour finir par enlacer tendrement sa
fille.
"Oh, Coré ma petite fille…
-Maman, excuse-moi de t'avoir causé tant de soucis…
-Ce n'est rien ma chérie, nous allons pouvoir être ensemble à présent."
Shun eut un regard attendri devant cette scène, et finit par dire :
"Bien, mesdames, je ne vais pas m'éterniser ici plus longtemps, mes amis
m'attendent.
-Andromeda Saint, je ne sais comment vous remercier, lui dit Déméter.
-Ce n'est rien, répondit-il, moi et mes amis avions causé du tort à votre
fille, il était normal que je le répare."
Sur ce, Shun se dirigea vers la sortie du temple.
"Au revoir Shun, prends soin de toi.", lui dit Coré.
Après avoir répondu d'un sourire, il se retourna et entama sa course vers le
palais d'Aphrodite.
"Désormais, je tâcherai de ne plus vous ennuyer comme je l'ai fait ces
derniers jours. Et si mon amour pour Hadès me fait souffrir, je souffrirai en
silence pour ne plus affecter ceux qui m'aiment. J'attendrai patiemment son
retour car je sais qu'il fera tout pour me rejoindre.", dit d'un ton
décidé la douce Coré en regardant s'éloigner celui qui avait, pendant quelques
instants reçu l'âme de celui qu'elle aimait…
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Cette fiction est copyright David Caussèque.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.