Un homme de grande
taille tout de noir vêtu s'était présenté au palais. Il s'était présenté
comme Hadès le dieu des Enfers. En temps normal je l'aurais sans doute
pris pour un déséquilibré mais avec tous les évènements qui s'étaient
succédés ces dernières heures… Cependant il n'y avait pas que ça : les
yeux de cet homme reflétaient une tristesse sans limite et pourtant il y
avait tant de profondeur dans ce regard que l'on aurait voulu s'y
noyer. Bien que je ne possède pas une once de cosmos j'avais tout de
suite senti chez cet homme une puissance formidable : dehors battait une
tempête terrible et il s'était avancé nullement incommodé par le temps
vêtu d'une tunique noire sur laquelle brillaient des épaulettes d'or
massif. Sur son passage les éléments avaient calmé leur furie et même le
vent battant s'était transformé en ronronnement. Son port noble avait
tout de suite imposé le respect aux gardes du palais qui avaient beaucoup
hésité avant de me prévenir de peur de manquer de respect à cette personne
illustre. Quand je m'étais présentée devant lui il avait posé sur moi
son regard d'une tristesse insondable. Après un moment de silence il
m'avait pris le menton et s'était adressé à moi d'une voix très calme
:
- Vous êtes la princesse Freya n'est-ce pas ? - Oui… Je veux
dire oui votre majesté. - Vous avez vécu des évènements terribles. -
Oui… - Malgré ce que vous avez vécu, on lit dans vos yeux, derrière la
tristesse, tout l'espoir que vous portez encore en l'humanité. Vous croyez
toujours en l'amour n'est-ce pas ? - … - Dites-moi, cet amour vous
a-t-il rendu heureuse ?
Je repensai à cet instant aux années de
bonheur que j'avais connues en compagnie de Hilda et de Hagen.
-
Oui certainement. - Mais n'est-ce pas l'amour qui a poussé Hagen à
lever la main sur vous, n'est-ce pas l'amour qu'il avait pour vous qui l'a
poussé à se mesurer au chevalier du Cygne ? Et finalement n'est-ce pas
votre amour qui l'a tué ?
Je sens les larmes me monter aux yeux.
Cette question n'a cessé de me hanter depuis la mort de Hagen. Je n'ai
cessé de me demander si je n'avais pas été la cause de la mort de mes amis
en prenant le parti d'Athéna.
- Je sais tout cela. Mais l'amour
n'est pas que tristesse, il y a aussi la chaleur. Et n'est-ce pas le rêve
de tout homme qui croit en l'amour de mourir pour lui ?
Hadès ne
parut nullement déstabilisé par ma réponse, il avait plutôt l'air amusé à
vrai dire.
- C'est bien ce que je pensais. - Quoi donc ? -
Vous êtes bien un de ces êtres humains qui toute leur vie portent le
fardeau de l'amour, le fardeau de la tristesse.
Hadès s'avança dans
la cour du palais et énonça ses ordres sans se retourner :
- Je
souhaite me retrouver seul en présence de l'armure d'Odin. Que personne ne
vienne me déranger.
D'un pas noble il se dirigea vers la salle
principale du palais. Les portes se refermèrent d'elles-mêmes derrière
lui. Malgré l'interdiction qu'il venait d'énoncer en termes clairs je
le suivis, fascinée que j'étais par le charisme de ce personnage. Me
faufilant jusqu'à la salle du trône j'entrebâillai une porte pour pouvoir
observer ce personnage. Il semblait en discussion avec
lui-même.
Salle du trône
" Comment as-tu osé ?
" Hadès se tenait assis avec l'armure d'Odin posée juste en face de
lui. Dans l'armure, Hadès contemplait le reflet du seigneur d'Asgard
lui-même.
- Comment as-tu osé utiliser mes pouvoirs pour venir en
aide à tes guerriers ?
Une voix différente de celle d'Hadès s'éleva
dans la pièce, celle d'un homme d'âge mûr qui avait passé toute sa vie à
hurler ses ordres sur les champs de bataille.
- Je ne pouvais pas
laisser Bud et Hilda mourir ainsi.
Hadès ne réagit pas. Odin se
sentit obligé de poursuivre.
- Nos plans en auraient été grandement
perturbés. - " Nos " plans dis-tu ? Ne seraient-ce pas plutôt tes
projets qui auraient été perturbés par la disparition de Bud et Hilda
? - Que veux-tu insinuer ?
L'expression du dieu se durcissait au
fur et à mesure qu'il parlait, son cosmos augmentait de plus en plus tandis que
l'armure de cristal émettait des vibrations hostiles.
-
Quelles étaient tes véritables intentions quand tu as accepté d'accueillir
mon âme dans ton corps ? Etait-ce par pure bonté d'âme ? Voulais-tu
ressusciter ? Ou alors désirais-tu te servir de mes pouvoirs pour assouvir
tes ambitions personnelles ? - Comment peux-tu ?! Sans moi ton âme
n'aurait jamais pu échapper au néant ! - Oui c'est vrai. Mais
aujourd'hui tu ne m'es plus indispensable. - Comment ça ? - Odin,
peux-tu seulement imaginer le fossé qui sépare nos deux cosmos ? Il me
suffirait de pousser le mien à son paroxysme pour que ton âme disparaisse
et que ce corps soit tout à fait mien.
Le cosmos d'Odin parut
vaciller comme une flamme qui menace de s'éteindre sous la force du vent.
L'armure cessa de vibrer.
- Oui, je peux mesurer ce
fossé…
Les lèvres du dieu de la mort se déformèrent en une grimace
cruelle.
- Alors maintenant que les choses sont
claires tu vas me dire quelle était ta véritable intention en envoyant Bud
et Hilda dans le Niffleheim. - Bien. Si tu veux le savoir mon intention
est double. - Je t'écoute. - Hormis mon désir de faire revenir les
guerriers divins j'ai d'autres projets. Dans le Niffheim, derrière le mur
de feu se trouve un objet qui m'est très précieux. On l'appelle l'œil de
Wotan. - L'œil de Wotan ? - Oui, Wotan est le nom que je porte pour
les peuples Germaniques. Cet œil est le mien. Il y a longtemps j'ai
rencontré un géant du nom de Mimir. Il gardait la fontaine de la sagesse.
Il m'a appris qu'en m'abreuvant à cette fontaine j'aurais plus de pouvoir
que tous les autres dieux nordiques. - Je vois. - Celui qui boit à
cette fontaine acquiert la connaissance des mots du pouvoir. Les mots du
pouvoir sont des incantations très puissantes que seul celui qui a bu à la
fontaine de la sagesse pouvait maîtriser. Mais toute chose a un prix. -
Ton œil. - Exact. Celui qui acquiert la connaissance doit renoncer au
moins partiellement à la lumière de ce monde. C'est ce que j'ai fait en
m'arrachant moi-même mon œil droit. Cette infirmité m'a empêché de
déployer toute ma puissance par la suite. - Et si tu le
retrouvais… - Je retrouverais ainsi toute ma force d'antan. - C'est
pour te réapproprier cet artefact que tu as accepté de recevoir mon âme
dans ton corps ? - Oui, mais ce n'est pas la seule raison. - Je
t'écoute. - Hadès, as-tu vu Asgard ? Qu'en as-tu pensé ? - Eh bien
c'est un royaume moyenâgeux, froid, le climat y est hostile à toute forme
de vie. On y voit par-ci par-là les traces d'un glorieux passé, mais le
vent du temps a soufflé sur Asgard et ses habitants ont l'air d'avoir
oublié la grande époque des Ases. J'ajoute que les guerres continuelles
ont appauvri le royaume, profitant à certains héros comme ce Volkel… -
Et ses habitants ? Les as-tu vus ?
Hadès hésita un peu avant de
répondre, qu'étaient ces chétives créatures pour un dieu ? Oui il avait vu
les asgardiens et ce qu'il avait vu ne l'avait guère réjoui : il les avait
vu plier sous le vent glacial et la neige. Hadès n'aimait pas la pauvreté,
comme la plupart des dieux il appréciait la dévotion des hommes mais il
n'aimait pas s'occuper de leurs problèmes.
- Ils sont pauvres… -
Oui mais as-tu vu la lueur qui anime encore leurs yeux. - Une lueur
? - Oui la lueur de l'espoir. Les asgardiens pensent que de leurs
souffrances dépend l'équilibre du monde et ils en sont fiers. Malgré leurs
souffrances ils continuent à me rendre grâce de les protéger, moi
Odin. - Tu as dit " ils pensent " seraient-ils dans l'erreur ? -
Oui, c'est exact. Les asgardiens pensent qu'Asgard a toujours été un pays
pauvre et gelé où les faibles sont le jouet des puissants, mais il n'en a
pas toujours été ainsi. - Comment ça ? - Comme l'a dit Svaja, Asgard
a été gelée volontairement par les derniers dieux au moyen des mots du
pouvoir pour éviter que les géants ne s'en emparent. - Tu veux dire
que… - Oui tu l'as deviné. Depuis des siècles le peuple d'Asgard me
prie pour que je continue à geler les pôles de façon à ce que la calotte
glaciaire retienne le débit des océans. Mais c'est totalement faux ! -
Comment ça ? - Asgard se trouve au nord de la Norvège, le cercle
polaire se trouve plus à l'ouest. Si je continue à geler les pôles c'est
pour une toute autre raison. - Laquelle ? - Les géants ne sont pas
tous morts. Ils se sont endormis sur les plaines et la neige qui les a
recouverts a fait d'eux des montagnes. Après la glaciation d'Asgard leur
volonté s'est éteinte d'elle-même. Mais si les glaces qui ont été créées
par les mots du pouvoir venaient à fondre les géants se réveilleraient et
ce serait la fin d'Asgard. Mais si je retrouvais l'œil de Wotan je
pourrais récupérer ma puissance passée et écraser les géants
!
Hadès se leva brutalement de son trône. C'était plus qu'il ne
pouvait en entendre. L'armure d'Odin émit des vibrations apaisantes. Après
avoir arpenté la pièce de long en large pour se calmer Hadès se rassit et
jeta un regard noir à l'armure d'Odin.
- Qu'est-ce que cela
apporterait à ton peuple ? - Eh bien, si je retrouvais toute ma
puissance je pourrais faire retrouver à Asgard sa grandeur passée et
briser le sort jeté par les mots du pouvoir de sorte que le peuple
d'Asgard pourrait vivre enfin dans un pays plus clément. Dans les yeux des
gens d'Asgard j'ai vu l'avenir de cette époque.
Hadès ne répondit
pas tout de suite. Ses mains se crispèrent sur les accoudoirs du trône si
fort qu'il parut sur le point de les briser.
- Ainsi tu m'as permis
de survivre pour aider des… hommes ?!! - Oui et alors ? - Et alors
?! -le dieu semblait sur le point d'exploser de colère- pour qui me prends-tu ? Je suis
Hadès seigneur des Enfers, l'une des trois premières personnes à s'être
éveillée au Big Will ! Mon pouvoir ne doit servir que moi et personne
d'autre ! Et sûrement pas ces stupides hommes qui sont tous coupables
!
Odin ne répondit pas. Pour la première fois Hadès lui avait livré
le fond de sa pensée sans ambages.
- Pourquoi hais-tu tellement les
hommes ? - Je ne les hais pas au sens où tu l'entends. Pendant
longtemps leur sort m'était totalement indifférent. J'attendais patiemment
qu'ils viennent me rejoindre et je les laissais entre les mains de mes
juges qui les envoyaient dans l'Enfer qui leur convient ou aux Asphodèles
dans le meilleur des cas. Mais un jour j'ai réalisé que les choses avaient
changé. Les morts qui venaient en Enfer reconnaissaient de moins en moins
souvent leurs fautes. Sur Terre les hommes oubliaient de donner leur part
aux dieux et protestaient quand ils voyaient que nos plats étaient mieux
garnis que les leurs. Les hommes ne savent pas se contenter de ce qu'ils
ont. Toute chose qu'un homme voit, il la veut pour lui. Par exemple il ne
viendrait jamais à l'idée d'un dieu d'attraper un oiseau au vol pour le
mettre dans une cage, c'est ce que ferait un homme. En fait les hommes
n'ont aucun respect, je ne les hais pas pour cela, ça aurait plus tendance
à me rendre triste pour eux. Mais en fin de compte les hommes, malgré leur
soif de tout posséder ne sont pas heureux. - Alors ? - Alors il vaut
mieux mourir !
Odin ne répondit pas tout de suite, ce que disait
Hadès évoquait chez lui des résonances profondes. Il se ressaisit
toutefois.
- Cesse de mentir. - Comment ? - Tu sais
très bien que ce que t'a dit Athéna était vrai : les hommes quels qu'ils
soient ont de l'amour en eux et pour cet amour ils peuvent déplacer des
montagnes. Tu me dis que les hommes sont stupides, je te réponds qu'ils ne
sont tout simplement pas des dieux. - Quelle impertinence !
Le
cosmos d'Hadès augmentait de plus en plus mais cette fois il était rempli
de haine.
- Non je ne m'arrêterai pas ! Au fond tu sais très bien
que les hommes ne sont pas si mauvais que tu le dis, seulement tu refuses
de te l'avouer car tout dieu que tu es tu ignores l'amour et ignorer
quelque chose que de simples hommes connaissent t'est insupportable ! -
Je t'ordonne de te taire ! - Non ! Il est grand temps que tu regardes
la vérité en face ! Parce que tu ne connais pas l'amour et que les hommes
le connaissent, tu les as persécutés. En fait, tu détestes les humains
parce qu'ils remplissent ton cœur de haine et ça tu ne peux le supporter,
toi qui te veux pur ! - Tais-toi ! Je te hais ! - Hais-moi tant que
tu veux ! Mais tant que tu menaceras l'humanité tu me trouveras en face de
toi pour te faire obstacle !
N'y tenant plus Hadès se retourna et
envoya un flux d'énergie sur l'armure d'Odin. Un flash lumineux suivit
mais l'armure d'Odin était intacte.
- Comment ?! - Les attaques
d'un lâche qui se ment à lui-même ne pourront jamais endommager l'armure
où j'ai stocké tout mon cosmos. - Je ne peux y croire. - Si tu avais
déployé tout ton cosmos contre cette armure il n'en serait pas resté une
miette mais comment veux-tu déchaîner toute la puissance de ton cosmos
lorsque ton cœur est partagé ? Tu es comme Saga : ta puissance est
incommensurable mais tant que ton cosmos reflètera le doute qui habite ton
esprit tu ne pourras pas en déchaîner toute la puissance. Regarde les
choses en face : si Athéna et ses chevaliers ont eu raison de toi c'est
parce que leur foi dans l'humanité a dépassé ta propre foi dans tes idéaux
! Le plus grand ennemi du guerrier c'est le doute. Admets donc qu'au
moment où Athéna et les siens t'ont terrassé le doute s'est insinué en ton
esprit.
La voix d'Odin se fit plus dure.
- Il est grand
temps que tu regardes la réalité en face. Prépare-toi !
Un rayon de
couleur bleue partit de l'armure d'Odin et atteignit Hadès en plein front,
sous le choc celui-ci pencha la tête en arrière en serrant les
dents. Hadès porta instinctivement la main à son front, aucune goutte
de sang, il sourit. Visiblement Odin avait tenté de l'agresser par une
incantation et celle-ci avait échoué.
Un sourire sardonique passa
sur les lèvres du dieu ténébreux.
- Ainsi c'est donc ça ce coup si
terrible qui devait m'ouvrir les yeux ? Pfff c'est pathétique Odin : même
en me poussant à bout tu es incapable d'atteindre mon cerveau… Est-ce donc
là la puissance des mots du pouvoir pour lesquels tu as donné ton œil
droit ? Pfff même la force d'un dieu ne suffit pas pour me vaincre
!
Le cosmos d'Hadès s'intensifia à son paroxysme ! Le ciel se
couvrit de nuages sombres, au dehors le soleil disparaissait presque
complètement, les animaux se blottissaient dans leur tanière pressentant
instinctivement le danger. Son cosmos s'éleva si haut que même les
chevaliers dans leur sanctuaire de pierre le ressentirent ! Les éléments
avaient repris leur furie car tout annonçait que le cosmos noir, le cosmos
des ténèbres avait refait son apparition sur Terre !
Hadès:
Odin, te souviens-tu de ce que je t'ai dit ? Qu'il me suffirait
d'accroître mon cosmos à son paroxysme pour me débarrasser de toi
? Odin : Arrête fou que tu es ! Tu ne sais pas ce que tu vas
déclencher !! Hadès : Oh si je le sais ! Avec ta disparition ce
corps devient complètement mien !
Le cosmos qui environnait
l'armure d'Odin s'intensifia et l'aura du vieux guerrier portant fièrement
l'épée de Balmung apparut, une cosmo énergie bleutée envahit toute la
pièce.
Le cosmos d'Hadès s'éleva, son cosmos était aussi noir que
son cœur en cet instant, l'aura d'un homme doté de 6 ailes comme les
archanges apparut derrière lui.
Son cosmos s'intensifia de plus en
plus au point que l'aura d'Odin disparut complètement derrière celle de
l'archange tenant l'épée des illusions.
Hadès : Odin !! Tu
vas comprendre que l'amour ne rend pas plus fort et qu'il vaut mieux
mourir ! Disparais de ce monde !!
Ce fut alors comme si le Big Bang
s'était reproduit dans le royaume d'Asgard ! L'énergie produite par
l'explosion souffla entièrement le palais faisant trembler les colonnes
millénaires sur leurs bases. Hadès se tenait debout au milieu de ce
spectacle apocalyptique, hébété comme surpris par la puissance qu'il avait
été capable de déployer. Son regard n'exprimait pas le contentement, il
paraissait surpris que cela ait été si facile… si rapide… de se
débarrasser d'un dieu…
Hadès : Odin tu as quitté ce monde
sans laisser une seule trace de toi… (Hadès porta la main à son œil droit)
… même les marques du destin se sont effacées… Adieu seigneur d'Asgard je
me souviendrai de ton nom… Adieu sage Odin.
Hadès s'assit dans
son trône et lâcha avec désabusement : " c'est donc vrai… l'amour n'est
qu'une chimère créée pour rassurer et ceux qui y croient envers et contre
tout finissent toujours par mourir… Ainsi Athéna… Ainsi Odin… En fin de
compte il ne reste plus que les ténèbres… il ne reste plus que Dieu… il ne
reste plus que moi… Finalement la seule chose qui peut apaiser les âmes en
peine, la seule chose qui puisse mettre fin à cet enfer d'émotions qu'est
la vie c'est… c'est la MORT !! "
Hadès sourit avec sérénité,
maintenant que la voix d'Odin ne le perturbait plus et qu'il était de
nouveau maître du corps qu'il occupait il se sentait réconcilié avec
lui-même. Jamais il n'avait été aussi sûr de lui et de ses idées,
certain que la vie n'était qu'une vallée de larmes et l'amour une
illusion, finalement c'était rendre service aux hommes que de mettre fin à
la tourmente des émotions dans laquelle ils se débattaient. Oui la mort
est le dénouement inéluctable de la vie, une fatalité… Tout homme dès sa
naissance est destiné à mourir et comparée à l'éternité qu'il est destiné
à passer dans l'au-delà la vie ne dure que l'espace d'un battement de
cil.
Son esprit vagabonda un peu, se fixant parfois sur des figures
familières… Il n'y avait nulle personne capable de lui contester la
domination sur cette planète : Poséidon était enfermé, Athéna réduite à
l'impuissance, quant aux autres dieux… Beaucoup d'entre eux étaient
tellement tiraillés par leurs émotions qu'ils en étaient devenus presque
aussi stupides que les humains… De toute façon si certains faisaient mine
de résister… Il pensa alors à Arès et un sourire amusé passa sur ses
lèvres, ce dieu si capricieux et instable était son allié depuis les temps
mythiques, c'était quand même très pratique d'avoir une telle machine à
tuer de son côté pour un dieu qui n'aimait pas la violence…
A force
de passer sur des visages familiers son esprit se fixa sur Pandore. Sa
petite sœur… il avait beau essayer de le nier, il l'aimait… Il y avait
quelque chose en elle qui lui rappelait l'insouciance mais aussi le
charisme d'une déesse blonde qui avait été son épouse, celle pour qui il
avait défié l'Olympe… Mais tout cela appartenait au passé maintenant mais
Pandore elle… Comprendrait-elle son entreprise de domination de la
Terre ? L'approuverait-elle ? Dans un premier temps sans doute pas… Mais
ne disait-on pas que patience et longueur de temps faisaient plus que
force ni que rage ? Et du temps il en avait… il en avait tellement… Oui
Pandore comprendrait… et si elle ne comprenait pas il lui construirait un
monde dont elle serait la reine, oui un royaume merveilleux sans aucun
problème…ainsi elle ne perdrait pas son innocence ni son insouciance… Car
ces deux qualités lui étaient tellement nécessaires pour réchauffer son
cœur à lui qui avait sacrifié tout sentiment pour accroître son cosmos au
dessus de celui de tous les autres dieux.
Quant à Asgard…
Qu'allait-il pouvoir en faire ? Les habitants de ce royaume ne le gênaient
pas et les guerriers divins pouvaient se révéler utiles… Enfin, à supposer
que Bud et Hilda reviennent vivants du royaume de Hell… Où en
étaient-ils d'ailleurs ces deux là ? Ils devaient se diriger vers le mur
de feu mais cette fois Odin ne serait plus là pour les aider…
Ce
fut le moment que la princesse Freya choisit pour s'étaler sur le dallage
de la salle du Trône. Elle n'avait pas saisi un traître mot du dialogue
télépathique entre Odin et Hadès et n'avait pas compris pourquoi celui-ci
avait intensifié son cosmos, mais la curiosité la rongeait au point de la
faire se pencher un peu trop sur une porte aux gonds trop bien
huilés… Bien que surpris par cette entrée peu théâtrale, Hadès, la
surprise passée se dégagea de son trône et vint à sa rencontre pour lui
tendre une main secourable. Freya accepta la main que lui offrait Hadès
et se releva en se massant les coudes et les lombaires. Puis se reprenant,
elle fit une gracieuse révérence et articula :
- Veuillez pardonner
cette intrusion, votre majesté.
Hadès, prenant conscience du
comique de la situation ne put retenir un rire. Freya partit du même rire
franc, se tournant elle-même en dérision. Le dieu s'arrêta le premier :
il lui semblait entendre la voix d'Odin lui murmurer que c'était la
première fois depuis longtemps qu'il riait de bon cœur, et avec une
mortelle qui plus est, mais non c'était impossible, Odin n'était plus de
ce monde… à moins que… NON c'était tout à fait impensable ! Freya
s'interrompit elle aussi, songeant qu'elle était venue pour une raison
précise.
- Hum ! votre majesté… Si je me suis permis de venir vous
trouver c'est… - Parce que vous étiez inquiète pour votre sœur et que
vous vouliez que je vous donne de ses nouvelles. - Oui… Oui c'est
cela.
Hadès fit quelques passes magiques, une boule d'énergie se
forma entre ses mains. Cette sphère était transparente mais avait la
consistance de l'eau. Elle refléta d'abord l'entrée du Niffheim pour
ensuite s'arrêter sur le corps d'Holder puis celui de Svaja et enfin Freya
put apercevoir le visage familier d'Hilda. Celle-ci courait. Freya
s'en inquiéta.
- Que fait-elle ? - Elle court vers Bud pour le
prévenir contre le mur de feu. Derrière ce mur se trouvent les âmes des
guerriers divins. - Ont-ils une chance de le traverser sans y laisser
la vie ? - Sauf à s'éveiller au 8ème sens, aucune. - Mais vous allez
les aider n'est-ce pas ? - Non, cette fois Odin ne troublera pas le
cours des évènements ! - Mais vous ?
Au lieu de répondre Hadès
lui tourna le dos et se dirigea vers le trône. Il s'y assit.
- Je
vais me reposer un peu ici, réveillez-moi quand ils auront
échoué…
Ses paupières se fermèrent sur ses yeux d'un vert troublant
mais si le sommeil envahit son corps, son cosmos lui ne cessa
d'accompagner les guerriers divins dans leur quête.
Près du
mur de feu
Bud
Je ressens le cosmos de la princesse
Hilda, étrangement il y a quelque chose de différent en elle… Comme si
l'esprit combatif d'un guerrier divin imprégnait son cosmos, il a dû se
passer quelque chose mais quoi ? Au fond quelle importance ? Ma
priorité est de retrouver Syd et de ramener son âme sur Terre. Pourtant
j'hésite, voilà plus d'une heure que je suis arrivé là et je ne parviens
pas à me décider à franchir ce mur de flammes incandescentes qui me barre
la route. Avant de mourir Holder a tenu à me mettre en garde contre un
" mur de feu ", pourquoi je n'en sais rien mais j'ai suffisamment d'estime
pour cet homme pour prendre ses avertissements au sérieux. Je sais très
bien que je n'aurais rien à craindre s'il s'agissait d'un brasier
ordinaire : le 7ème sens, l'ultime cosmos me permet de maîtriser
totalement mon corps, de simples flammes ne me feraient pas plus mal que
les ailes du Phénix et pourtant… Je n'arrive pas à comprendre… Toutes
les légendes que j'ai entendues dans mon enfance sur le Niffheim font état
d'un lieu horrible où les personnes qui ont fait le mal souffrent
atrocement et depuis que je suis entré dans cet endroit je n'ai pas vu un
seul mort ordinaire, on dirait que tout a été préparé pour nous attirer
dans un piège… La princesse Hilda est encore loin, je ne vais pas
gaspiller plus de temps à l'attendre, d'ici quelques heures tous les
démons de Hell seront à mes trousses, je n'ai plus le temps
d'attendre. Je me tourne vers le mur de feu et concentre ma cosmo
énergie à son paroxysme. Si quelque chose peut éteindre ces flammes c'est
bien mon comos. " Par les griffes du tire noir " De mon poing
s'échappe un million de coups à la seconde, mes coups de griffe
entrouvrent les flammes qui vacillent comme soufflées par un ouragan… puis
se reforment.
- Comment ?!
Les flammes s'enroulent, tout le
brasier semble se replier sur lui-même. Derrière le mur j'aperçois une
forme qui n'a rien d'humaine. C'est Hell ! Elle est conforme aux récits
que les anciens font d'elles : son corps est couvert par une légère
tunique, son visage est divisé en deux parties : une partie blanche et une
partie noire, ses yeux ont la couleur de la partie opposée à celle dans
laquelle ils se trouvent, le bas de son corps est entièrement caché par
des flammes. L'image de Hell se dissipe, les flammes se reforment en un
flash lumineux. Mon attaque a été complètement absorbée mais j'ai le
pressentiment qu'elle va se retourner contre moi. Cette intuition est
justifiée, un flash lumineux m'aveugle et je sens mes propres griffes me
percer de part en part. Je laisse échapper un hurlement de douleur quand
mes griffes me transpercent l'épaule au point où Holder m'a blessé. Une
voix " Bud " Cette voix est celle de la princesse Hilda. Elle
accourt vers moi puis arrivée à ma hauteur s'agenouille auprès de
moi.
- Bud ça va ?
La princesse Hilda n'est plus la jeune
fille fragile que j'ai connue, elle n'est pas non plus cette femme
ambitieuse et manipulatrice qui me montait contre mon frère dans le but de
dominer le monde alors d'où lui vient cette armure étincelante et ce
cosmos qui l'entoure ?
- Ce ne sont que des égratignures,
rassurez-vous… Mais vous que vous est-il arrivé ? - C'est une longue
histoire, disons simplement que le seigneur Odin m'a donné une nouvelle
arme pour défendre la justice.
Je sens que sa réponse coupe court à
toute discussion. Quoiqu'il en soit ma priorité reste le mur de
feu.
- Princesse, écartez-vous. Je vais écraser cet obstacle. -
Attends Bud, si tu parles du mur de feu tu dois savoir que ce mur n'est
pas ordinaire. - Je sais, j'ai constaté de mes yeux que le cosmos de
Hell le protège. - Ce n'est pas tout. - Comment ça ? - Ecoute
Bud, avant de venir j'ai eu une conversation avec une ancienne compagne
d'armes passée au service de Hell, elle m'a confié que lorsque l'on
traverse le mur de feux on perd la maîtrise de ses sens psychiques,
autrement dit la volonté. - Mais alors. - Oui tu l'as compris : si
nous nous engouffrons dans ce mur nous en ressortirons à l'état de
pantins, nous aurons perdu toute volonté et nous serons alors aussi
inoffensifs que de simples morts. Si nous ne prenons pas le temps de la
réflexion nous ne serons d'aucune aide à nos amis.
Bud se leva et
essuya le sang qui coulait sur son front. Il sourit, son regard exprimait
une détermination sans bornes.
- Pft, je m'en doutais… Je me
doutais bien que je devrais perdre la vie dans cette bataille.
Les
dernières paroles de Bud glacèrent Hilda d'effroi. Comment pouvait-il
parler ainsi, comme si tout était déjà fini.
- Ne dis pas des
choses pareilles Bud. - Princesse Hilda, comme moi vous avez accepté
dès le début l'idée de mourir. D'après ce que vous venez de me dire, pour
traverser ces flammes il faut que mon cosmos dépasse celui de Hell, ne
serait-ce qu'une seconde. - Oui c'est bien ça. Je pense que comme nous
sommes vivants nous disposons déjà d'un avantage par rapport aux morts
ordinaires. Si nous parvenons à hisser notre cosmos au-dessus de celui que
Hell a concentré dans cette barrière nous parviendrons sans doute à passer
sans être inquiétés. - Pft, je ne suis pas fou au point de penser que
je peux défaire un dieu à moi seul… Mais en sacrifiant ma vie peut-être
parviendrez-vous à franchir ce mur et accomplir la volonté d'Odin. -
Mais si tu meurs, je serai seule pour affronter Hell quand il me faudra
sortir d'ici. - Quand on sert la juste cause, on n'est jamais seul,
Odin vous aidera probablement à sortir de cet Enfer si c'est pour
accomplir sa volonté… Il n'en fera pas de même pour moi, je ne suis qu'une
ombre, je suis… sacrifiable.
Le désabusement se lut dans les yeux
de Bud, au fond il cherchait plus à expier ses fautes envers son frère que
la victoire. Une lueur sauvage passa dans les yeux de Bud.
-
Princesse écartez-vous, il n'y a plus de questions à se poser ! Je vais
attaquer de toutes mes forces et je parviendrai bien à occuper Hell
suffisamment pour que son cosmos ne vous barre plus le passage. -
Attends Bud il y a forcément une autre solution. - La réponse se trouve
toujours dans le cosmos ! " Par les griffes du Tigre Noir ".
Cette
fois Bud se projeta littéralement contre le mur de feu dans l'intention
d'en éteindre les flammes. Il s'en approcha à la vitesse de la lumière et
quand il le toucha les flammes s'écartèrent. Le cosmos de Hell redevint
visible, Bud portait maintenant ses coups contre Hell elle-même. Des
rayons de lumière provenant du choc de ces deux cosmos fusaient dans toute
la pièce obligeant Hilda à baisser les yeux.
Hell : Ce
guerrier divin pense pouvoir hausser son cosmos au-dessus du mien pour
permettre à sa comparse de passer, me croit-il si stupide ? Hell
intensifia son cosmos alors que le poing de Bud se trouvait maintenant à
quelques centimètres de son abdomen. " Personne ne violera mon domaine,
disparais guerrier divin ! " Les cheveux de Hell se soulevèrent comme
les cheveux de Svaja un peu avant. Chacun des coups de griffe que Bud
portait contre Hell lui était aussitôt renvoyé. Bud sentit son armure
divine se fissurer sous l'impact des coups qui lui étaient
renvoyés. Plusieurs fois il fut repoussé mais à chaque fois il revint à
la charge. A chaque fois tous ses coups lui étaient renvoyés par le
cosmos protecteur de Hell. Son entêtement finit par l'agacer. " Ce
n'est pas la peine plus tu brûleras ton cosmos et plus sa force te
frappera " Bud continua à faire pleuvoir des coups sur Hell, malgré la
déflagration Bud avançait de plus en plus vers Hell et son poing n'était
plus retenu que par le seul cosmos de cette dernière. Les flammes
s'étaient presque entièrement dissipées et le cosmos de Hell était
maintenant totalement orienté vers Bud. Hilda comprit que c'était là sa
seule chance de franchir le mur de feu. S'approchant du mur elle
s'apprêtait à s'y élancer quand regardant Bud elle fut prise par des
sentiments contradictoires. Je suis une guerrière au service d'Odin,
mon devoir est d'accomplir sa volonté… C'est grâce à Bud que nous
sommes arrivés là, je ne peux pas le laisser sacrifier sa vie… C'est ma
seule chance de sauver Siegfried… Que dirais-je à Syd ? Hilda
regardait toujours Bud, il éprouvait manifestement des difficultés
grandissantes à contrer le cosmos de Hell. Celle-ci intensifia son cosmos
contre Bud. Celui-ci lança un appel désespéré à Hilda en s'accrochant
au cosmos de Hell. " Princesse Hilda ! Je vous en prie, traversez le
mur de feu !" Puis voyant que celle-ci hésitait toujours. " Je vous
en supplie ! Ne gaspillez pas ma vie ! " L'argument dut porter car
Hilda se mit en position de sauter face au mur de feu. Bud sourit en
pensant " c'est mieux ainsi " Hilda dit pour Bud " Je ne te laisserai
pas gaspiller ta vie " Hilda se retourna alors vers Hell et se mit en
position d'attaque. " Meurs Hell ! Pour Svaja ! Par la Charge
fantastique des Walkyries !! " Hilda fonça sur le cosmos de Hell,
fendant les flammes à la vitesse de la lumière à tel point que même Bud
fut incapable de voir son attaque, lorsqu'elle réapparut, elle se tenait
devant Hell, ses paumes enfoncées dans l'abdomen de cette dernière. A
la grande surprise d'Hilda le cosmos de Hell sembla se disloquer sous le
choc de l'explosion d'énergie. Bud et Hilda furent projetés à plusieurs
dizaines de mètres par la déflagration. Hilda se releva la première et
se pencha sur Bud pour s'assurer que celui-ci allait bien.
- Bud ça
va ?
Bud serrait les dents autant par douleur que pour ne pas
laisser échapper toute sa rage.
- Pauvre idiote, tu as laissé
échapper notre seule chance de remplir notre mission.
Hilda fut un
peu choquée de ce que Bud passes ainsi du vouvoiement au tutoiement mais
en même temps elle se sentait plus proche de lui.
- Non tu as tort
!! Jamais la victoire n'a été aussi proche ! N'as-tu pas senti le cosmos
de Hell décliner quand nous l'avons frappée ? Sais-tu ce que cela veut
dire ? Nous avons une chance même infime de la détruire car nous sommes
vivants et tant que la flamme de la vie brûlera en nous il nous restera
l'espoir !
Bud se releva, il ne s'attendait pas à un tel discours
de la part d'une princesse qu'il avait toujours jugée trop fragile et trop
sensible. Il toisa un moment Hilda de ses yeux de prédateur.
- Tu
me proposes de continuer à la frapper jusqu'à ce que e mur cède sous nos
coups ? Pourtant tu as pu constater à quel point cette déesse est
puissante, son cosmos ne ressemble à rien de ce que j'ai connu
auparavant…
Un court silence suivit que Bud finit par interrompre,
un pâle sourire passant sur ses lèvres.
- Si ma vie peut permettre
de détruire Hell j'en suis ravi ! Princesse, tu n'es pas née pour
combattre et pourtant tu ne perds pas espoir je t'admire pour ça
!
Hilda était trop émue pour répondre aussi se contenta-t-elle de
serrer la main que Bud lui tendait et de prononcer ce refrain qui est
celui des combattants qui n'ont plus rien à perdre. " Que nos vies
s'embrasent ! Que notre cosmos s'enflamme à l'infini ! Cosmos toi qui ne
fais plus qu'un en cet instant frappe Hell d'un grand coup !! "
Et
ils s'élancèrent de nouveau vers le mur de feu à la vitesse de la lumière
! " Par la charge fantastique des Walkyries !! " " La Griffe du
Tigre Noir !! "
Leurs cosmos vinrent frapper le mur de feu avec une
violence inouïe, les flammes parurent vaciller comme une bougie soufflée
par le vent et alors un cri de douleur retentit ! Hell, déesse de l'Enfer
avait été touchée !!
Hell qui contrairement aux apparences se
trouvait physiquement devant eux venait de sortir de l'état de léthargie
où l'avaient plongé l'impact des attaques d'Hilda et Bud. Portant la main
à son abdomen elle l'en retira tachée de sang. Un peu hébétée elle se
ressaisit pourtant assez vite et son râle fut entendu par les guerriers
divins protecteurs d'Asgard.
" Argh, ces hommes, aussi nombreux
soient-ils à unir leur force ils ne détruiront pas une déesse ! " Son
cosmos s'éleva alors dans des proportions effrayantes et les attaques de
Bud et Hilda leur furent renvoyées !
Hell : En continuant à
m'attaquer vous ne trouverez que ma haine !! Tenez faites connaissance
avec le déchireur d'âmes ! " Soul Tearing !! "
Des milliers d'âmes
s'échappèrent alors du cosmos de Hell, c'étaient des cadavres tuméfiés des
âmes qui ne pouvant trouver le repos erraient entre les mondes et
déversaient leur rancune sur tout ce qui passait !
Hell :
Ames défuntes attaquez cette femme qui porte l'anneau des Nibelungen et
son ignoble serviteur ! Ils sont les responsables de toutes les guerres,
de toutes vos souffrances, le fait qu'elle porte l'anneau le prouve !!
Déchirez-les !!
Mues par une haine irascible pour la famille des
Nibelungen les âmes défuntes se jetèrent littéralement sur Hilda et Bud
qui n'avaient pas eu le temps de se remettre des blessures infligées par
Hell. Mais il n'y avait pas que ça : aucun des deux n'avait le courage
de s'en prendre avec conviction à ces âmes défuntes depuis les temps
mythiques qui croyaient venger la mort des leurs en les agressant ! Les
morts saisissaient sauvagement toutes les parties non protégées des corps
des guerriers divins et y plongeaient férocement leurs dents comme s'il se
fût agi de viande fraîche !!
Quand Hilda et Bud se décidèrent à
passer à l'offensive il était déjà trop tard car Hell dont le rire macabre
résonnait sur les parois de la grotte utilisait déjà son cosmos pour
neutraliser les leurs. Et tandis que les secondes passaient avec une
lenteur angoissante les défenseurs d'Asgard s'enfonçaient de plus en plus
dans la défaite !
Asgard
" Votre majesté !! votre
majesté !! "
La voix angoissée de Freya qui suivait le cours des
évènements dérangea Hadès qui pourtant ne faisait que simuler
l'endormissement.
- Je sais… les derniers guerriers divins prennent
la voie de la défaite… - Vous devez faire quelque chose !
Le
regard noir de colère qu'Hadès lança à Freya la fit reculer. Sa voix
s'éleva, courroucée.
- Ces idiots n'ont vaincu que grâce à l'aide
d'Odin ! Maintenant qu'ils sont seuls ils s'acheminent vers la défaite…
Pfff pourquoi les aiderais-je alors que cet échec est la preuve flagrante
de leur incompétence ?
Au regard d'Hadès, Freya comprit qu'il était
inutile de continuer à discuter mais la lueur de son regard n'en devint pas
rageuse pour autant et ce fut sur le ton de la supplication qu'elle s'adressa à
lui.
- Je vous en prie… vous en avez le pouvoir
aidez-les…
Le regard de Freya était si pur et si suppliant que le
dieu
détourna les yeux. Ce regard… il lui faisait penser à celui d'Athéna… à
celui de Pandore mais il y avait autre chose… une image profondément
enfouie dans sa mémoire… celle d'une jeune fille qui le suppliait… et
cette jeune fille avait les yeux du même vert que eux de Freya et les
cheveux du même bleu pâle qu'Hilda… Les images se succédaient dans son
esprit et lui rappelaient une scène qu'il ne voulait pas revoir…
"
S'il te plaît… " Cette voix n'était plus celle de Freya, c'était celle…
d'une autre personne… la seule personne qu'il ait aimée… " les vrais dieux
ne doivent parler que d'amour et de paix "… Cette voix c'était celle
d'Athéna… " Il est des hommes qui ne vivent pas que pour eux-mêmes ! "
cette voix était celle d'Odin !
Toutes ces voix qui étaient autant
de réminiscences du passé se liguaient pour lui rappeler une scène qu'il
ne voulait pas revoir !
Elle était là, à genoux devant lui, ses
yeux verts se noyaient dans les siens mais ils étaient emplis de
larmes…
- Laisse-moi partir…Hadès, si tu m'aimes laisse-moi
partir…l'équilibre du monde dépend de ta décision … car si tu refuses il y
aura une guerre terrible… - Mon amour je ferai cent guerres pour te
garder auprès de moi ! - Les vrais dieux ne doivent parler que de paix
et d'amour Hadès, alors je t'en prie si tu m'aimes laisse-moi partir. Il en
va de l'avenir de l'humanité. - Je me fiche des hommes ! Ce sont des
êtres stupides ! - Peut-être mais eux aussi ont de l'amour, qu'ils
soient bons ou mauvais ils ont de l'amour en eux, ils ne méritent pas de
souffrir ! Je t'en prie Hadès, si tu m'aimes laisse-moi partir. - Est-ce
au nom des hommes que tu me demandes de perdre ?! - Oui, au nom des
hommes et au nom de ce sentiment que tu possèdes : l'amour. S'il te
plaît…
Hadès prononça à haute voix devant Freya ces paroles
qui dataient de plusieurs millénaires " Au nom des hommes et au nom de
l'amour qu'ils portent en eux "
Hadès se retourna vers Freya qui le
suppliait toujours.
- S'il vous plaît ! Sauvez-les… Au nom de
l'amour qu'il portent en eux !
Hadès répéta ces mots si troublants
qui étaient ceux de sa bien aimée que Freya reprenait plus de mille ans
après. " Au nom de l'amour " Un moment il parut fléchir, hésiter comme
si ces arguments l'avaient vraiment touché, les voix de Freya et de sa
bien aimée se mêlaient en une sorte de mélopée qui menaçait de le
submerger. Il se souvint alors de la réponse qu'il avait faite à sa
bien aimée qui le suppliait de le laisser partir…
Eh bien pars !
Pars tout de suite et ne reviens jamais ! Si c'est au nom de l'amour que
tu me quittes alors je ne veux plus de l'amour ! Et si ces hommes vénèrent
l'amour alors je les détruirai ! Car Dieu n'a pas besoin de cet amour
ridicule, seul compte d'être puissant !!
Hadès se leva
brutalement et allait répondre de façon cinglante à Freya quand une aura
sombre l'entoura. - Qu'est-ce que ?!
Une voix familière s'éleva
: " Pfff… tu ne trouves pas que tu m'as enterré un peu vite tout à l'heure
? " Hadès : Comment ?! C'est toi Odin ? Mais c'est impossible !
Tu es mort !!
"Pfff, ce que tu as vu tout à l'heure n'était qu'une
illusion. J'espère au moins que la scène de ma mort t'a plue car celle qui
vient promet d'être moins agréable Pfff… Prépare toi car la véritable
illusion commence maintenant ! "
Hadès se retourna en entendant un
bruit venant du fond de la salle. Les lourdes portes d'airain n'avaient
pas bougé et pourtant il sentait un cosmos. Hadès ferma les yeux, quand il
les rouvrit les cinq chevaliers divins se tenaient devant lui ! Il
reconnaissait les visages des impertinents qui avaient osé le défier et
plus particulièrement ceux de Seiya et de Shun tous deux revêtus de leurs
kamuis. Il eut un geste de recul. Soudain, au moment où il s'y
attendait le moins apparurent de nouveaux cosmos, leurs armures étaient
aussi sombres que les étoiles qui les protégeaient. Ces cosmos étaient au
nombre de 108, Hadès reconnut ses spectres parmi lesquels Rhadamanthe,
Minos et Eaque. Sa poitrine se soulevait à intervalles réguliers puis
il éclata d'un rire sarcastique, il allait pouvoir écraser ses
ennemis. Pourtant au lieu d'engager le combat ses spectres se
retournèrent dans sa direction en intensifiant leurs cosmos de façon
menaçante. La peur s'empara de lui.
- Non, je suis votre maître,
celui que vous devez servir et protéger !
Seiya fit un pas en avant
dans la direction d'Hadès, son cosmos brillait de mille feux, les rangs
des spectres s'ouvrirent sur son passage. Arrivé à distance raisonnable
d'Hadès il articula avec un sourire confiant aux lèvres. " Pourquoi
serviraient-ils un dieu qui les considère comme des esclaves ? Tu as passé
ton existence à juger les autres, à ton tour maintenant d'être jugé pour
tes crimes. " Dans un geste d'autodéfense Hadès rassembla son cosmos
dans ses mains et le libéra sur ses opposants. Les rayons qu'il
projetait ne semblaient pas les toucher, pire ils avançaient droit vers
lui. Hadès porta son bras devant son visage pour parer le coup qu'il
s'attendait à voir partir. Rien, pas un bruit. Quand il rouvrit les
yeux tous ses opposants semblaient avoir disparu, évanouis et pourtant au
fond de la pièce il sentait un cosmos familier approcher. Les lourdes
portes d'airain coulissèrent, une lumière aveuglante s'en échappa. Hadès
se couvrit le visage pour protéger ses yeux de cette lumière qu'il
détestait. La lumière se dissipa partiellement. Hadès put distinguer
deux formes humaines. Il s'agissait des deux êtres qu'il détestait le plus
au monde : Athéna et Seiya. Athéna était revêtue de sa kamui et tenait
à la main droite le sceptre de la victoire. Seiya tenait la main de sa
déesse, son sourire était toujours aussi confiant. Arrivée à une distance
respectueuse Athéna lâcha la main de Seiya et continua seule.
-
Hadès tu ne mérites pas le titre de dieu que tu revendiques car tu as
commis des crimes envers l'humanité.
Hadès recula. Comment Athéna
pouvait-elle se tenir devant lui ainsi armée alors que lui n'était même
pas dans son véritable corps ?
- Parce que tu ignores l'amour tu es
inapte à juger les hommes, le temps est venu pour toi de
disparaître.
Athéna baissa les yeux, dans son regard Hadès ne
lisait aucune haine mais bien plutôt de la compassion, pire de la
pitié. Hadès recula, la peur s'emparant de lui, cette scène elle
n'avait cessé de hanter ses nuits depuis la disparition d'Elision, comment
pouvait-elle se jouer maintenant ? Athéna le fixa de ses yeux
scintillants de larmes.
- Hadès, j'aurais voulu que tu comprennes
ton erreur : que rejeter l'amour n'est pas ce qui fera de toi le dieu
suprême mais maintenant il est trop tard. Le coup que je vais te porter te
sera fatal. Si tu viens à renaître un jour je ne souhaite qu'une chose :
avoir réussi à graver l'amour dans ton cœur. Adieu !
Athéna
concentra son cosmos et lança son sceptre en direction d'Hadès. Celui-ci,
tétanisé ne put éviter l'attaque. Hadès rouvrit les yeux. Il était
toujours assis dans son trône, les portes d'airain étaient toujours
fermées. Pourtant il ne pouvait croire qu'il avait rêvé. Sa respiration
était de plus en plus irrégulière et douloureuse. La voix d'Odin vint
briser le silence.
- Alors qu'est-ce que cela fait de voir la mort
en face pour le dieu qui se croit le maître de cette fatalité ? -
C'était donc une illusion !? - Oui, exact mais si ton cosmos n'avait
pas été affaibli par la haine qui l'habite, jamais je n'aurais pu
t'atteindre.
Hadès s'arrêta. Il sentait à quel point les paroles
d'Odin reflétaient la vérité. Il ne pouvait nier que son cosmos avait
faibli au moment critique parce que les mots d'Athéna l'avaient troublé.
Ce qu'il se bornait jusque là à qualifier d'impertinence était en fait la
foi des chevaliers, l'amour. L'amour… Comment ce sentiment que seuls
les humains connaissaient pouvait-il le faire douter ?
Hadès revint
à la réalité grâce à la voix de Freya qui ne cessait de le
supplier.
- Votre majesté sauvez les je vous en prie… S'il vous
faut une vie prenez la mienne !
Ce fut alors le tour d'Odin
d'intervenir.
- Hadès, moi Odin t'en supplie, sauve les vies de Bud
et Hilda ! Si tu ne le fais pas pour moi fais-le au moins pour cette
personne que tu gardes en ton cœur… Je t'en supplie, moi Odin, seigneur
d'Asgard ! Si tu le fais je te promets de quitter ce corps
!
Hadès : Freya… Odin… ils sont prêts à me donner leur vie
pour que j'aide des humains… Qu'est-ce qui les pousse à faire cela ?
Est-ce leur foi dans l'avenir ? Est-ce… l'amour ? Athéna disait que
l'amour était la plus grande des forces ! Aurait-elle raison ? Argh je ne
sais plus ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas ! Me serais-je trompé
depuis le début ! Je dois faire quelque chose sans quoi je vais devenir
fou !
Retrouvant sa sérénité légendaire Hadès se redressa et
intensifia son cosmos. Le palais se remplit d'un cosmos noir et Freya se
demanda si le dieu ténébreux ne voulait pas anéantir Asgard. Les yeux
d'Hadès étaient entièrement cachés par son opulente chevelure de sorte
qu'il était impossible d'en deviner l'expression. Il s'approcha alors
de Freya et avança sa main vers elle, la jeune fille s'attendait à ce
qu'Hadès prenne sa vie aussi offrit-elle son cou au seigneur ténébreux pou
que celui-ci consacre le rituel de sacrifice. La main d'Hadès se posa
sur Freya et ce fut d'une voix inexpressive qu'il dit : " Princesse je
refuse votre offrande "
Il leva alors le bras vers le plafond et
libéra une énergie d'une puissance phénoménale ! Le rayon ainsi projeté
déchira la voûte du palais et déchira le ciel avant d'atteindre la Grande
Ourse sur laquelle il ricocha et se dirigea vers… le Niffheim !!
"
Hell, où que tu te trouves cette attaque te frappera !! "
Dans la
sphère d'énergie Freya put voir l'impact du rayon sur le Niffheim qui
s'illumina d'une lumière aveuglante brûlant toutes les âmes défuntes qui
se trouvaient à proximité du mur de feu. Hilda et Bud furent sauvés de la
mort par le cosmos protecteur d'Hadès.
Hell : Non ce n'est
pas possible ! Aucun mortel n'est assez puissant pour m'attaquer dans mon
domaine d'aussi loin ! Ce ne sont pas des dieux pourtant !!
Le
cosmos grandit encore obligeant Hell à faire retraite.
Hell
: Je dois partir sans quoi je risque d'être blessée !!
Le
cosmos de Hell se dissipa mais pas le mur de feu, Hilda et Bud quand ils
sortirent de leur inconscience purent se rendre compte qu'aucune âme
défunte ne leur bloquait le passage !
Freya était éperdue de
reconnaissance et tout en essayant vainement de retenir ses larmes se
retourna pour remercier Hadès.
- Majesté je…
Elle
s'interrompit tout d'un coup : même si les yeux du dieu des ombres étaient
encore cachés par ses cheveux elle aperçut un éclat de diamant sur la joue
albâtre d'Hadès, c'était… une larme ! Hadès ne chercha pas à se détourner
mais l'arrêta d'un geste.
- Non ! Surtout ne me remerciez pas ! Je
ne les ai pas aidés pour vous ni pour Odin ! - Alors pourquoi ? -
Parce que le doute ne saurait exister dans l'esprit d'un dieu et surtout
pour… - Pour ?
Hadès se rassit dans son trône. L'unique larme
qu'il avait versée atteignit son menton et tomba sur la paume de sa main.
Il lâcha alors dans un murmure :
Pour toi Perséphone mon
amour…
Et Odin de conclure : " maintenant guerriers divins il
vous faudra trouver seuls la voie pour traverser le mur de feu.
"
*
* *
Nifflheim
Hilda et Bud achevaient de
se relever, ils n'avaient pas conscience de l'intervention d'Hadès car
étaient évanouis à ce moment. Hilda fixait le mur de feu comme une énigme
dont elle voulait découvrir la clé. L'échec de leurs offensives
successives l'avait en effet convaincu que ce mur ne pouvait être traversé
grâce à la force physique. Bud se préparait à lancer une nouvelle attaque
quand Hilda l'en empêcha en prenant le ton impérieux qui convenait à la
représentante terrestre d'Odin.
" Arrête tout de suite !
"
Bud stoppa son offensive et c'est en croyant rêver éveillé qu'il
entendit Hilda énoncer : " Je sais comment traverser le mur de feu
".
Un silence suivit.
- Ecoute Bud, lorsque j'ai touché Hell
j'ai bien senti que ce que je frappais était bien physique. - Vous… Tu
veux dire qu'elle aurait projeté son cosmos ici pour nous empêcher de
passer. - Exactement mais je suis sûr qu'elle a été blessée. - Mais
alors nous pouvons passer. - Je n'en suis pas sûre. - Comment ça
? - Ecoute Bud, pendant que nous attaquions Bud je me suis souvenu
d'une légende concernant le mur de feu. Il est dit que dans les temps
mythiques Siegfried, le tueur de dragons se rendit dans un lieu
inaccessible pour y trouver la walkyrie Brunehilde que son meilleur ami
voulait épouser. Il est dit qu'elle était prisonnière d'un sortilège
d'Odin et enfermée dans un lieu protégé par un cercle de feu, exacte
réplique de celui qui protège le domaine de Hell. - Et alors ? -
Alors Siegfried enfourcha son cheval et franchit le mur de feu. -
Comment a-t-il fait ? - Il a oublié la présence du mur pour se
concentrer sur son objectif. Tu ne comprends pas Bud ? Pour franchir le
mur de feu il faut s'éveiller au 8ème sens, le sens qui permet la maîtrise
totale de l'esprit. Nous avons fait l'erreur de nous concentrer sur le mur
et sur le cosmos de Hell alors que nous aurions dû nous concentrer sur
notre objectif : l'autre côté du mur. C'est en faisant abstraction du
physique que nous nous éveillerons au 8ème sens.
En cet instant Bud
était transi d'admiration pour Hilda. Il n'en perdait pas pour autant de
vue son objectif. Se relevant il adressa un regard complice à
Hilda.
- Hilda, grâce à toi nous allons pouvoir accomplir notre
mission. Allez, pour ceux que nous aimons ! - Que s'éveille le 8ème
sens !
Bud et Hilda foncèrent main dans la main vers le mur de feu
toujours protégé par le cosmos de Hell. Celle-ci poussa un cri en
comprenant que Bud et Hilda avaient percé son secret. Ceux-ci
s'engouffrèrent d'un coup dans les flammes qui se dissipèrent
instantanément.
Asgard
Hadès hocha la tête puis
sourit à Freya.
- Votre sœur a été formidable. - Cela veut dire
qu'ils sont vivants ! Dit Freya qui joignit ses mains et commença à
sautiller sur place, incapable de contenir sa joie. - Oui ils sont
vivants et leur brillance dans cette épreuve mérite bien une petite
aide.
Hadès tourna la tête vers l'armure d'Odin. " Tu avais
raison Odin, c'est dans les yeux de personnes comme Bud et Hilda que l'on
peut voir l'avenir de notre époque " " Tu peux être fier de tes
guerriers "
Freya par curiosité demanda :
- Mais comment
ont-ils fait pour s'éveiller au 8ème sens si facilement ? Je croyais que
c'était impossible…
Hadès sourit et murmura : " ils ne savaient pas
que c'était impossible alors ils l'ont fait ".
Derrière le mur
de feu
Hilda
Vous êtes-vous déjà demandé ce qu'on voit
de la mort quand on lui enlève son masque ? Eh bien c'est d'une platitude
étonnante mais quand on démasque la mort on tombe sur un autre masque : il
n'y a rien derrière la mort que ce qu'elle nous montre déjà. C'est pour
cette raison que j'ai été assez déçue de découvrir ce qui se trouvait
derrière le mur de feu. Derrière ce mur se trouve le secret le mieux caché
de Hell. Et ce secret c'est qu'il n'y a rien de plus avant ce mur qu'après
lui. Quand j'étais petite, Mère me disait que de l'autre côté de ce mur se
trouvait le paradis, elle me disait que c'était un paradis un peu
particulier qui consistait en une clairière où l'on s'ébattait librement.
Toutefois il y avait une contrepartie : on passait son temps à s'amuser
mais si on s'éloignait un temps soit peu de cette clairière pour rejoindre
les alentours on tombait dans l'Enfer. Balivernes… C'est assez
pitoyable quand on y réfléchit bien : tout ce que Hell voulait cacher
c'est qu'elle n'a justement pas l'intelligence nécessaire pour créer
quelque chose de nouveau, autrement dit un paradis. Pour cette raison
il n'existe rien de comparable à Elysion dans l'Enfer de Hell : après le
Niffheim et le Muspellsheim il n'y a plus rien qu'une pâle répétition de
ce qui se trouve déjà de l'autre côté, Hell a sans doute honte de ne pas
en être capable, c'est pour cela qu'est le mur de feu : pour cacher
combien elle est pitoyable. En y réfléchissant, je crois qu'elle ne
nous pardonnera jamais à Bud et à moi de l'avoir percée à jour. Me
détachant de la contemplation de cet Enfer pitoyable j'entrepris de
retrouver les guerriers divins pour lesquels nous étions venus jusque
là. Bud s'était réveillé lui aussi et avait entrepris de rechercher
Syd. Je m'approchai de lui.
- Bud, nous devons mettre nos
efforts en commun pour retrouver nos amis.
Bud avait du mal à
contenir sa fébrilité, ses yeux étaient embués de larmes.
-
Pardonne-moi Hilda mais j'ai tant attendu le moment de retrouver mon
frère. C'était il y a si peu de temps et cela me semble déjà si loin. Je
me souviens de ses dernières paroles quand…
Il aurait pu dire "
quand il a donné sa vie pour me donner un avenir " mais il ne le fit pas.
La plaie était encore trop récente et j'appréhendais le moment de leurs
retrouvailles car ce que Svaja m'avait dit de l'état des morts une fois
qu'ils avaient passé le mur de feu ne m'avait guère rassurée. Moi-même je
ne pouvais m'empêcher de penser à Siegfried et de prier Odin qu'il ne soit
pas devenu un de ces pantins que Svaja m'avait décrit. Je me repris
toutefois.
- Ecoute Bud. Nous devrions tenter de repérer la trace
du cosmos de nos amis au lieu de chercher à l'aveuglette.
Bud
acquiesça. Je fermai les yeux en me concentrant pour repérer l'emprunte du
cosmos de Siegfried parmi ceux des morts et NON ! Ce n'est pas possible
! J'ouvris les yeux et me tournai vers Bud.
- Le morts qui sont
ici n'émettent aucun cosmos, c'est impossible ! - En effet, tout ce que
je peux ressentir c'est l'aura de Hell. Hum, au fond c'est logique. -
Comment ça ? - Les hommes quand ils meurent perdent la maîtrise de leur
corps, donc de leurs sens physiques. Ensuite ils sont absorbés et emmenés
jusqu'en Enfer par le dieu qui régit leur pays. Passé les portes de
l'Enfer ils sont totalement soumis au cosmos de Hell… - Mais et nous
? - Le 8ème sens doit nous permettre de rester autonomes même dans les
Enfers, c'est la maîtrise totale de l'esprit. Aucun des morts qui est ici
ne semble s'y être éveillé, il est donc normal qu'ils ne soient plus que
des pantins entre les mains de Hell. - Mais alors nous ne retrouverons
jamais nos amis ! Sans leur cosmos nous ne pourrons jamais les
différencier des autres morts !
Bud me tourna le dos. Ses épaules
se mirent à trembler, il s'agenouilla puis frappa le sol de toutes ses
forces.
- Argh ! Nous nous sommes battus comme des fous ! Je ne
peux pas croire qu'on ait fait tout ça pour rien ! - Bud…
Je
posai ma main sur son épaule dans un geste que je voulais apaisant. Bud se
releva et rugit en direction du ciel. " Odin, Hadès !! Pourquoi nous
avoir permis d'aller si loin si c'était pour ne jamais revoir ceux que
nous aimons ? Etes-vous donc si cruels ? " Bud fondit en larmes, sous
sa cuirasse de guerrier se cachait un cœur sensible que l'amour fraternel
occupait tout entier. Bien que partageant son désespoir je tentai de le
réconforter, ce qui n'était pas chose facile du fait de cette interminable
complainte des morts. Une voix nous sortit de notre léthargie. "
Princesse Hilda ? " C'était plus un appel qu'une question. Je me
retournai brusquement, caressant l'espoir que l'homme qui venait de parler
était Siegfried. L'homme qui se tenait devant moi était de petite
taille, ses mains très fines trahissaient son appartenance à
l'aristocratie. Il nous regardait de ses yeux verts brillants comme des
émeraudes sous ses cheveux roses.
- Albérich ?!
C'était bien
la dernière personne que j'aurais voulu voir en ce lieu. Il me répondit
d'un sourire sarcastique.
- Pour vous servir, princesse. Mais qui
est cet homme blessé à côté de vous, son visage ressemble à celui de Syd
et quelle est cette armure que vous portez ? - Bud est le frère jumeau
de Syd, quant à cette armure c'est une longue histoire. - Le frère
jumeau de Syd, voilà une information intéressante.
Je retins une
grimace de dégoût en pensant que cet homme était toujours aussi avide de
pouvoir sur ses semblables de sa mort que de son vivant. Mais au fond de
moi je sais que si Albérich a mal tourné, c'est à cause de moi, si j'avais
été plus forte…
- Albérich… Comment se fait-il que tu sois… enfin
que tu ne sois pas… - Que je ne sois pas comme eux ? Dit-il en
désignant d'un geste ample les morts qui erraient sans but en criant leur
solitude à intervalles réguliers. - Oui. - C'est une information qui
a un prix, êtes-vous prête à le payer ?
Bud s'était relevé, à la
dernière remarque d'Albérich il fonça sur lui et l'empoigna
brutalement.
- Ordure ! Même en Enfer la seule chose qui compte à
tes yeux c'est le pouvoir sur les autres ! Dis-moi où se trouve Syd ou je
te mets en pièces.
Albérich toisa Bud d'un regard noir de
colère.
- Vous les guerriers croyez toujours que vous avez le droit
de vous montrer violents avec les gens moins pourvus en muscles ! Quand
apprendrez-vous à utiliser votre cerveau ?
Bud qui visiblement ne
s'attendait pas à semblable répartie desserra son étreinte. Albérich en
profita pour enchaîner tout en se massant le cou. - Nous essayons tous
d'exister et de survivre d'une façon ou d'une autre. L'enfer est un
endroit horrible où l'on erre tout le temps sans but et sans notion du
temps, avoir du pouvoir c'est ma raison d'être ici.
Bud sentit que
malgré tout le mal qu'il pouvait penser d'Albérich celui-ci méritait son
respect car il avait connu plus de souffrances que n'importe lequel
d'entre nous et cela ne l'avait pas rendu fou. J'en profitai pour
reprendre la parole.
- Albérich, y en a-t-il d'autres comme toi
? - Vous voulez dire d'autres qui ne soient pas complètement soumis au
cosmos de Hell ? - Oui.
Dans ses yeux verts je lus pour la
première fois la tristesse.
- Non, malheureusement ce n'est qu'une
question de temps. Je les ai vus sombrer dans la folie les uns après les
autres… Siegfried a été le dernier à succomber mais en fin de compte ils
ont tous été réduits à l'état de pantins. Moi-même n'aurais pas été
capable de résister à l'attraction du cosmos de Hell sans cet
objet.
Albérich passa la main dans ses cheveux et en retira un
objet de forme ovale, une pierre, non un saphir. Cet objet avait la taille
d'un œil et dégageait une lumière aveuglante.
- Qu'est-ce que c'est
? - Je n'en sais rien. Quand nous sommes arrivés ici nous avons vu des
morts rassemblés autour d'une caverne d'où s'échappait une étrange
lumière. Pour une raison inconnue les morts qui étaient touchés par cette
lumière retrouvaient une certaine lucidité. Dans la caverne nous avons
trouvé ce saphir. Nous avons compris que cet objet était magique et qu'il
nous raccrochait encore au monde des vivants et nous nous sommes relayés
pour le garder contre les autres morts qui concentraient ce qui leur
restait de volonté pour nous le dérober.
La voix d'Albérich se fit
plus mélancolique.
- Au fur et à mesure le cosmos de Hell a fini
par annihiler nos volontés… Syd fut le premier à céder, dans ses instants
de lucidité il parlait sans cesse d'un frère contre lequel il aurait eu
des torts graves. Ce fut ensuite le tour de Thol puis de Hagen… Pour
finir, je me suis retrouvé seul. Leur amour du monde des vivants et
d'Asgard les a fait sombrer dans les abîmes du désespoir… Moi j'ai survécu
en faisant croire aux morts que j'étais le seul à pouvoir contrôler les
pouvoirs de ce saphir. Vous voyez : le pouvoir ne fait pas que corrompre,
il permet de survivre.
Albérich s'arrêta. Je compris que sans le
savoir qu'Albérich avait mis la main sur un artefact d'une valeur
inestimable : l'œil de Wotan. Pour l'heure il me fallait apprendre où
se trouvaient les autres guerriers divins.
- Albérich je t'en prie
où sont les autres ?
Albérich eut un sourire désabusé. - Je ne
les ai pas quittés d'une semelle depuis que Hell les a en son pouvoir.
J'espérais qu'ensemble on trouverait un moyen de sortir d'ici mais je vois
bien que c'est fini, d'ailleurs je suppose que vous aussi ne tarderez pas
à tomber sous l'emprise de Hell.
Bud prit la parole.
- Tu te
trompes : pour venir ici nous nous sommes éveillés au 8ème sens, désormais
Hell ne peut plus rien contre nous sauf si elle décide de nous attaquer
physiquement. - Le 8ème sens ? - Oui, le sens qui permet la maîtrise
totale de l'esprit. - Intéressant mais cela ne nous servira à
rien. - Comment ? - Comme vous êtes maintenant éveillés au 8ème sens
vous pourrez sans doute sortir d'ici mais il n'en va pas de même pour nous
: nous sommes morts, si nous tentions de sortir d'ici le cosmos de Hell
nous en empêcherait et dans notre état nous ne pourrons pas nous opposer à
elle. Il faudrait que le cosmos d'un dieu nous protège pour pouvoir sortir
d'ici.
Bud sourit pour lui-même.
- Le cosmos d'un dieu… Mais
nous en avons deux.
Albérich parut étonné.
- Comment ça
? - Ce serait trop long à expliquer. Disons simplement que Hadès et
Odin sont vivants et de notre côté. Pour l'instant l'important est de
retrouver nos compagnons. - Très bien je vais les ramener, ils ne
résisteront pas à l'attrait de ce saphir.
Albérich, Hilda et
Bud passèrent plusieurs heures à la recherche des guerriers divins.
Finalement le rayonnement de l'œil de Wotan les attira naturellement vers
eux. Le cœur d'Hilda se souleva d'allégresse en retrouvant le visage
familier de Siegfried, quelle ne fut pas sa déception quand elle ne vit
dans ses yeux que la solitude et l'avidité pour l'œil de Wotan. Syd ne
reconnut même pas Bud, cela faisait trop longtemps qu'il était en Enfer,
le cosmos de Hell avait annihilé sa volonté. Leurs émotions passées
Bud, Hilda et Albérich se dirigèrent vers le mur de feu suivis par 6
zombies qui avaient porté les noms brillants de Thol, Fenryl, Hagen, Mime,
Syd et Siegfried. Hilda et Bud parvenaient mal à cacher leur tristesse
mais à l'approche du mur de feu Albérich put constater que cette tristesse
s'était transformée en colère contre Hell qui déformait leurs bouches en
un rictus haineux.
Hell : Je ne peux y croire ! Ces
misérables serviteurs d'Odin ont réussi à défaire mes meilleurs guerriers,
ils ont pénétré en Enfer et m'ont blessée. Et le pire c'est qu'ils ont
percé à jour mon secret le mieux gardé : que le paradis n'existe
pas. S'ils sortent d'ici les peuplades des contrées nordiques cesseront
de croire en moi et les Ases (tribu des dieux rassemblée autour d'Odin)
retrouveront leur splendeur tandis que les Vanes (tribu des géants
rassemblée autour de Hell et Loki) tomberont dans l'oubli ! Non ! Je ne
le permettrai pas ! Depuis le Ragnarok je règne sans partage sur le monde
des Enfers dans l'hémisphère sud, je ne permettrai pas que Odin
reconstruise son Walhalla et puisse me disputer la suprématie sur le monde
des morts ! Je ne le permettrai pas ! D'ailleurs je n'ai plus le choix
: je vais devoir m'attaquer physiquement aux serviteurs d'Odin, pourvu
qu'Hadès n'intervienne pas.
Les guerriers divins s'approchaient de
plus en plus du mur de feu. Arrivés à une distance convenable Albérich
prit la parole.
- Ecoutez. Si nous étions encore vivants il nous
suffirait de nous éveiller au 8ème sens pour pouvoir traverser ce mur mais
comme nous sommes morts nos âmes ne pourront s'échapper de cet endroit
maudit tant que le cosmos de Hell nous barrera le passage.
Une
lueur vengeresse passa dans les yeux de Bud.
- Alors nous allons
écraser ce cosmos. Nous l'avons déjà fait une fois, il nous suffira de
recommencer.
Sans attendre Bud se mit en position devant le mur de
feu. Son cosmos s'intensifia à son paroxysme, gelant l'air autour
d'eux, l'univers tout entier sembla se replier derrière lui. Hilda
l'imita, son cosmos s'éleva et derrière elle apparut l'image d'une
fougueuse Walkyrie montée sur une jument blanche. Des icebergs se
formèrent derrière Bud puis explosèrent tandis qu'une boule se formait à
l'emplacement de son saphir d'Odin. Ce ne fut alors qu'un cri. "
Pour Syd et pour Holder ! Que l'orbe bleue déferle sur toi Hell ! " "
Pour Siegfried et pour Svaja ! Subis la charge fantastique des Walkyries !
" L'orbe bleue déferla sur le mur de feu tandis que Hilda se rua avec
une telle vitesse contre le cosmos de Hell que son image disparut dans le
flux de son attaque. Deux cosmos surpuissants touchèrent le mur de feu
dans un fracas tonitruant. Sous l'impact du coup le mur de feu
s'évapora totalement et l'Enfer tout entier trembla. Le cosmos de Hell
ne leur barrait plus la route. Albérich n'en croyait pas ses
yeux.
- Hell… son cosmos s'est dissipé ! Nous avons réussi
!
Albérich se rua vers la sortie mais quand il l'atteignit, il fut
repoussé par un cosmos d'une puissance incommensurable. Il se releva
sans peine.
- Pfu, si j'avais encore un corps il aurait été
disloqué. Mais qu'est-ce que cela veut dire ? J'ai bien senti l'extinction
de son cosmos pourtant.
Hilda et Bud comprirent ce qui venait de se
passer : Hell avait décidé d'intervenir physiquement pour les empêcher de
rejoindre le monde des vivants.
Hell se matérialisa devant eux.
Elle n'était pas moins effrayante que l'aura que projetait son cosmos :
son visage était toujours divisé en deux parties et dans ses yeux sans
pupilles on pouvait lire une cruauté sans bornes. Hell fit un pas vers
les rescapés de la bataille d'Asgard.
- Misérables, vous pouvez
vous vanter de m'avoir mise hors de moi ! Je ne vous laisserai jamais
regagner le monde des vivants et y raconter ce que vous avez vu
ici.
Bud se jeta sur Hell.
- Alors arrête-nous de tes
propres mains ! " Que les griffes du tigre noir te déchirent !
"
Hell fit un écart pour éviter l'attaque et saisit Bud à la gorge
de ses ongles griffus.
- Jamais un insecte comme toi ne m'a mis
dans un tel état. Ta fin servira d'exemple !
Hell leva sa main
libre dans l'intention manifeste de décapiter Bud. " Par la charge
fantastique des Walkyries " L'attaque de Hilda se brisa sur le cosmos de
Hell comme une vague sur les rochers. Hell écumait de fureur.
-
Comment osez-vous lever la main sur moi ? Larves que vous êtes ! Quand la
Terre sera de nouveau aux Vanes vous me supplierez de bien vouloir vous
prendre à mon service !
Bud se défit de l'étreinte de Hell et lui
porta un violent coup de poing à l'abdomen.
- Je ne reçois mes
ordres que du seigneur Odin.
Hell fit exploser son cosmos, Bud et
Hilda furent projetés au loin.
Plusieurs colonnes de lumière tombèrent du ciel, deux d'entre
elles entourèrent Bud et Hilda, la troisième entoura Hell. Celle-ci
souriait.
- Le judgement est une attaque psychique : elle consiste
à appeler le jugement du ciel pour déterminer l'issue d'un combat ! Celui
ou ceux qui sont désignés comme coupables voient leur âme sortir de leur
corps et exploser en mille morceaux de sorte qu'ils ne pourront plus
jamais ressusciter. Parce que vous m'avez agressée dans mon domaine le
droit est de mon côté, préparez-vous à disparaître.
Hilda et Bud
tombèrent à genoux. Dans leurs oreilles résonnait une musique macabre qui
attirait leurs âmes en dehors de leurs corps.
- Si ça continue
comme ça on va tous se faire tuer…
Hell jubilait : " Que
disparaisse avec vous la race maudite des Ases ! " Des cris de
souffrance, le rire macabre de Hell puis plus rien, le silence, le
sommeil. Une voix. " Il suffit. La partie est finie déesse Hell,
reconnaissez votre défaite " Un homme de grande taille se tenait
derrière Hell. Ses cheveux et ses yeux sans pupilles brillaient comme de
l'or et dans son front on pouvait voir un signe en forme
d'étoile.
Bud et Hilda retirèrent leurs mains de leurs oreilles et
relevèrent la tête.
- Qui es-tu ?
L'inconnu se tenait
toujours derrière Hell, son cosmos était effroyable mais il se dégageait
de lui un grand calme voire une certaine nonchalance.
- Vous avez
raison, je manque à toutes mes obligations. Je me présente : mon nom est
Hypnos, dieu immortel au service d'Hadès, je commande au
sommeil.
Bud et Hilda étaient stupéfaits.
- Hypnos. - Sa
majesté Hadès nous vient donc en aide.
Hypnos sourit.
- Vous
pouvez vous vanter d'être les premiers humains depuis Orphée à avoir fait
vibrer son cœur par vos exploits.
Hell se sentait prise au piège
mais refusait de croire ce que ses oreilles lui apprenaient.
-
Hadès ? Ainsi le grand Hadès prend le parti de simples hommes contre ses
semblables. Pfff je savais bien que le cosmos que j'avais ressenti était
trop puissant pour être celui d'Odin. Comment as-tu fait pour venir ici
précisément à ce moment ? - La préparation, tout est dans la
préparation : on observe le déroulement des évènements et on intervient
quand le suspens est à son comble.
Dans un élan d'orgueil Hell
osa.
- As-tu été envoyé pour me tuer Hypnos ? - Notre majesté
n'aime pas les combats mais sachez que s'il avait voulu votre mort vous ne
seriez déjà plus de ce monde. - Je n'ai donc rien à craindre. - Je
ne suis là que pour m'assurer que vous reconnaîtrez loyalement votre
défaite et laisserez ces braves retourner sur Terre. - Et si je ne
consens pas à cette humiliation ?
Hypnos se pencha très près au
point que sa bouche touchait presque l'oreille de Hell tandis que son
cosmos s'intensifiait de façon effroyable.
- Si tel était le cas,
je me verrais dans l'obligation de prendre votre vie ici-même.
Hell
hésitait. D'un côté il y avait l'humiliation d'être ainsi prise au piège
et de l'autre son envie de vivre était aussi grande que son cosmos était
macabre. Hypnos se crut obligé d'ajouter quelque chose pour la
convaincre de se rendre : - Si vous mourez ici toute votre œuvre
s'écroulera avec vous et votre souvenir s'effacera bientôt de la mémoire
des hommes. Réfléchissez : si vous combattez ici vous perdrez. Même avec
votre cosmos vous ne pourrez l'empoter sur un dieu et deux guerriers
divins. Vous avez le choix entre une humiliation passagère et la
destruction totale. C'est la honte ou la mort, à vous de
choisir.
Hell pensa à son père Loki qui lui répétait sans cesse que
la fin justifiait les moyens. Ne s'était-il pas lui même allié aux dieux
d'Asgard pour semer la discorde entre eux ? N'avait-il pas décimé des
clans entiers de sa propre race, les géants, pour leur complaire ? Non
décidément cette humiliation n'était rien en comparaison des sombres
desseins qui étaient les siens et que sa mort aurait gravement compromis.
Et puis tout simplement la mort lui faisait peur car elle ne savait
absolument pas à quoi pouvait ressembler la mort pour un dieu ou plutôt si
elle en avait une vague idée : le néant, la destruction totale, non,
décidément elle ne voulait pas finir comme cela.
- Soit Hypnos, moi
Hell reconnais ma défaite et vous accorde le libre passage.
Hypnos
sourit, il était visiblement soulagé de ne pas avoir eu à faire couler le
sang en ce lieu. Pourtant un doute persistait en son esprit et cette
pensée lui était insupportable.
- Quelles belles paroles mais deux
précautions valent mieux qu'une n'est-ce pas ?
Hypnos saisit le
poignet droit de Hell, approcha sa bouche très près de son oreille et
murmura si bas que sa voix était presque un murmure : " Eternal Drowsiness
"
Hell eut l'impression que Hypnos avait relâché la pression qu'il
exerçait sur elle, d'un coup elle ne sentit plus le sol sous ses pieds
tandis que la voix d'Hypnos réveillait dans son cerveau des sensations
oubliées, elle avait l'impression que son âme s'échappait de son corps
pour s'envoler vers un paradis sans douleur et sans souffrance. Les
yeux de Hell se fermèrent comme des rideaux sur une pièce de théâtre,
Hypnos accompagna doucement la chute de son corps vers le sol et la laissa
allongée là, un sourire de contentement planant sur ses
lèvres. Albérich qui pourtant s'y connaissait quand il s'agissait
d'offrir le sommeil éternel à ses ennemis ne put retenir un sifflement
admiratif.
- C'est incroyable ! Vous l'avez… sans même porter un
coup !
Hypnos se retourna vers Albérich.
- Je ne suis pas de
ceux qui prennent plaisir à donner la mort. Je lui ai juste offert un long
et paisible sommeil. - Mais cela veut dire que… - Oui, un jour le
Big Will se réveillera et elle aura l'impression que cette bataille
n'était qu'un songe d'une nuit d'été.
Hypnos se retourna vers Hilda
et Bud.
- Maintenant que le cosmos de Hell ne nous barre plus la
route nous allons pouvoir quitter cet endroit. - Mais Siegfried et les
autres ? - Maintenant que le cosmos de Hell a cessé d'agir ce n'est
plus qu'une question d'heures avant qu'ils ne retrouvent leur
lucidité. - Mais pour leur résurrection ? - Ne vous inquiétez pas :
à la minute où ils traverseront les portes du Niffheim dans l'autre sens
leurs âmes ne feront plus qu'un avec leurs corps. Non en fait c'est bien
plutôt leur âme qui redeviendra leur corps. Mais il suffit pour le moment
je vous expliquerai plus tard les mystères de la vie et de la mort pour
les âmes mortelles, pour l'heure nous ne devons pas faire attendre sa
majesté Hadès qui se trouve actuellement à Asgard.
Tous comprirent
qu'il n'était plus nécessaire de discuter et emboîtèrent le pas à
Hypnos. Ce jour-là les morts qui erraient dans le Niffheim eurent le
privilège d'assister à la dernière étape de la quête de résurrection des
légendaires détenteurs des armures des conquérants : les guerriers
divins.