" L'homme qui a eu le courage d'affronter son dieu et
de le tuer put jouir en paix de tous les délices du paradis, il prit alors
le nom de Dieu"
Château d'Helstein
Un homme de haute
taille aux cheveux et aux yeux brillant comme l'argent se tenait debout
devant un trou obstrué au milieu d'un immense donjon. Il regardait
fixement ce tunnel qui menait les hommes vers leur destin, où il n'y avait
pas si longtemps toutes les étoiles terrestres s'étaient engouffrées à la
poursuite d'une petite déesse qui prétendait prendre la vie du seigneur
des ténèbres. Thanatos portait sur les choses qui l'entouraient un
regard plein d'amertume. Cela faisait au moins un mois qu'il était de
retour sur Terre après avoir joué un mauvais tour aux Moires et il avait
encore du mal à s'y faire. Rien ne lui rappelait l'ambiance d'Elision,
la terre des dieux dans ce petit château allemand. Certes il y avait
les elfes qui étaient toujours aussi agréables avec lui, certes il y avait
la musique et le raffinement mais il y avait aussi Pandore… Ah !
Pandore, cette petite sotte à qui il avait pris la vie et que depuis son
retour sur Terre il était obligé d'appeler " majesté ". Jamais il
n'aurait cru devoir s'adresser ainsi à une mortelle et pourtant… Et
pourtant il le fallait bien… car c'était un ordre de sa majesté
Hadès. Hadès… Depuis qu'il avait quitté le château d'Helstein sans
explication Pandore ne cessait de le houspiller, lui Thanatos pour qu'il
l'emmène le rejoindre. Cela lui devenait de plus en plus intolérable !
Pourquoi Hadès l'avait-il laissé là ? Pourquoi avait-il confié à Hypnos la
mission de ramener les guerriers divins plutôt qu'à lui ? Hadès le
mésestimait-il à ce point ? Et surtout pourquoi refusait-il de lui
révéler la vérité à propos de Célesta ? Thanatos revoyait le visage au
teint mat et aux yeux d'émeraude de cette petite déesse qui avait touché
son cœur. Dans un soupir Thanatos lâcha le nom de son adversaire. "
Célesta… Saurai-je un jour quel passé nous avons en commun ? "
Le
passé… Célesta… La mort amoureuse voilà ce qu'il était en cet instant. Il
voulait comprendre pourquoi il ressentait des sentiments aussi forts pour
cette déesse insignifiante. L'amertume qui envahit alors son cœur le
fit revenir un mois en arrière quand arrivé dans la prairie des Asphodèles
il avait demandé la vérité à sa majesté Hadès.
Prairie des
Asphodèles
Un mois plus tôt
Thanatos venait de terminer
la narration de ses exploits, Hadès se tenait assez près de lui, l'air
grave il regardait le ciel. Thanatos emporté par sa fougue continua
:
- Et c'est ainsi que j'ai laissé les Moires en train de se
griffer mutuellement pour la possession de leur œil
d'émeraude.
Hadès prit une inspiration puis se retourna pour faire
face à Thanatos. Aucun sourire ne flottait sur ses lèvres de sorte que
Thanatos ne pouvait savoir si son maître approuvait sa conduite.
-
Les Moires… Autrefois leur puissance me permit de garder Perséphone auprès
de moi et m'obligea à défier l'Olympe… En ce temps-là même le grand Zeus
aurait hésité à les défier… Mais aujourd'hui elles se font ridiculiser par
un dieu mineur, j'espère que cette dégénérescence n'affecte pas toute
l'espèce divine sans quoi les hommes auront eu raison de nous
oublier…
Thanatos hésitait à se retirer, il y avait certaines
questions auxquelles il voulait des réponses. Hadès se retourna
négligemment.
- Autre chose Thanatos ?
Thanatos hésitait, le
regard de sa majesté était différent mais il ne voyait pas en quoi et cela
l'affligeait de constater que depuis le retour de Pandore, Hadès hésitait
à lui faire pénétrer le secret de ses pensées comme il le faisait
auparavant. Il trouva quand même le courage de demander.
-
Ha…Majesté… Lors de ce combat j'ai ressenti quelque chose de spécial pour
cette déesse, cette Célesta… Comment cela se peut-il ?
Hadès se
leva il regarda le ciel des Asphodèles et les nuages que le vent faisait
bouger. " Le mouvement de ces nuages est celui du temps "
pensa-t-il. Il se retourna vers Thanatos, comme il était étrange que le
dieu qui commande à la mort lui demande de lui faire retrouver le souvenir
d'un passé qu'il avait lui-même souhaité oublier. Puis
finalement.
- Que souhaites-tu savoir ?
Les questions
fusèrent dans l'esprit de Thanatos mais sur le moment une seule sortit de
sa bouche.
- Est-elle comme nous ?
Hadès s'avança vers
Thanatos toujours agenouillé et dans un geste paternel qui toucha beaucoup
le dieu de la mort, caressa ses cheveux et rabattit une mèche argentée qui
cachait sa marque frontale.
- Te souviens-tu de la signification de
cette marque Thanatos ?
Thanatos hésitait, cette marque étoilée
symbolisait toute l'affection qu'il avait pour son maître, en fait il
s'agissait d'une reproduction de la médaille qui liait Shun à Hadès, et il
avait des scrupules à exprimer ses sentiments de peur qu'ils ne gênent
Hadès.
- Majesté… Cette marque j'en suis fier car c'est vous qui
l'avez apposé sur mon front le jour où vous avez fait de moi un dieu et je
la garderai toujours comme un signe de votre affection. " Yours ever " A
toi pour toujours… Voilà ce que signifie cette marque étoilée que vous
avez gravée sur mon front.
Hadès sourit à Thanatos et dans ses yeux
le dieu de la mort voulut lire toute l'affection et la fierté d'un père
pour son fils.
- C'est exact Thanatos. Cette étoile signifie que tu
es lié à moi pour la vie car en laissant ce signe sur ton front je t'ai
permis de t'éveiller au 9ème sens, te permettant ainsi d'entrevoir une
infime partie des infinies possibilités du Big Will. - Oui je m'en
souviens…
Hadès s'éloigna un peu au grand dam de son vis-à-vis.
Thanatos y vit du dédain, en fait Hadès avait encore du mal à accepter que
Thanatos ait pu prendre la vie de Pandore avec une telle légèreté, Pandore
la seule personne qui réchauffait encore son cœur triste. Il se ressaisit
pourtant.
- Non Thanatos, Célesta n'est pas comme toi : ce n'est
pas moi qui ai fait d'elle une déesse. Pas par affection en tout cas. -
Mais alors pourquoi est-ce que je sens qu'elle appartient à mon passé
?
Hadès parut touché par la détresse de son serviteur.
-
Thanatos, te souviens-tu de ton passé ? - Oui je me souviens des
guerres saintes, d'Hypnos, de vous, de… - Non, ce n'est pas ce que je
veux dire. Te souviens-tu de ta vie avant de devenir un dieu
?
Thanatos resta figé, aussi loin que sa mémoire s'étendait il ne
se rappelait pas de sa vie avant que cet homme au cosmos si puissant
appose ses mains sur son front. Avant cela il n'y avait rien ou plutôt si
il y avait de la souffrance.
- Non votre majesté je ne m'en
souviens pas.
Hadès baissa les yeux, son regard se fit plus
triste.
- Thanatos… En devenant un dieu tu as choisi de renoncer à
une partie de ton humanité, Célesta appartient à cette partie de toi que
tu as sacrifiée.
Thanatos était éperdu de désespoir, qu'avait-il
bien pu perdre ? A quoi avait-il pu renoncer pour devenir un dieu
?
- Votre majesté je vous en prie, dites-moi à quoi j'ai renoncé
!
Hadès hésitait, cela lui faisait une impression étrange de voir
ce grand fauve agenouillé devant lui le suppliant de lui rappeler les
sentiments qui lui étaient les plus étrangers.
- L'amour, la
souffrance… Voilà ce à quoi tu as renoncé Thanatos. - L'amour, la
souffrance ? - Oui, c'est à cette partie de ton passé que Célesta
appartient. C'est en abandonnant ces sentiments que tu es devenu ce que tu
es maintenant : un dieu impitoyable ! Es-tu prêt à y renoncer pour
retrouver ton passé ?
Thanatos ne savait que dire. L'amour était un
sentiment humain, penser que lui, Thanatos, pouvait l'avoir connu lui
donnait la nausée ! Aussi loin qu'il se souvienne tout ce qui avait fait
bouillir son sang c'était le sadisme, la cruauté, le raffinement mais
l'amour ! Quelle horreur ! Hadès comprit le sens de ce
silence.
- C'est bien ce que je pensais, tu n'es pas encore prêt à
affronter ton passé.
Hadès fit mine de s'éloigner. Thanatos fut
saisi de peur à l'idée de ne jamais pouvoir retrouver son passé. Et pour
la première fois de sa vie il appela Hadès d'une voix forte et dénuée de
respect.
- A… Arrêtez ! Je veux savoir ! Revenez !
Thanatos
n'eut pas le temps de se rendre compte de ce qui lui arrivait qu'il sentit
une vague d'énergie cosmique le renverser et le propulser vers l'arrière.
Il se retrouva allongé à une dizaine de mètres de là, des fleurs écrasées
attestaient du vol plané qu'il venait d'exécuter. Il avait du mal à se
relever, la voix d'Hadès s'éleva alors terrible.
- Il est trop tard
pour cela ! Tu as eu ta chance et tu l'as laissé passer !
Thanatos
se sentait honteux, une souris devant le dieu suprême. C'était la première
fois qu'Hadès levait la main sur lui et il en ressentait la douleur dans
son cœur encore plus que dans sa chair.
- Ma… Majesté… Je vous en
prie… Pardon… Pardonnez-moi.
La voix d'Hadès était dure et
cassante, à la mesure de la rancœur qu'il éprouvait toujours pour
l'assassin de sa sœur.
- Tu as un seul moyen de te faire pardonner
: me prouver ta valeur !
Hadès s'éloigna. Thanatos se releva,
honteux d'avoir suscité la colère de son dieu et pleurant des larmes de
rage d'avoir ainsi été humilié. Il scruta alors intensément le ciel des
Enfers : aucune des 108 étoiles de l'hémisphère nord et de l'hémisphère
sud n'y brillait plus. Il souffla entre ses dents : " C'est décidé !
Je vais lui prouver ma valeur en rallumant dans le ciel les 108 étoiles
maléfiques ! Et alors il sera fier de moi et il m'aimera à l'égal de
Pandore ! "
Thanatos s'envola vers le château d'Helstein. Plus loin
dans la prairie des Asphodèles Hadès était en grande discussion avec Egée,
l'architecte de la nouvelle Elision, en voyant Thanatos s'envoler vers la
Terre il s'adressa à Egée.
- Egée, vous souvenez-vous de Célesta
?
Egée creusa dans les recoins de sa mémoire.
- Célesta, non
ça ne me dit rien. - Hum, autrefois elle portait le nom d'Elysée. -
Elysée ! Ah oui je me rappelle maintenant ! C'est cette petite fille qui
fut la première à entrer à Elision, n'est-ce pas ?
Hadès approuva.
Egée semblait perplexe comme si un détail lui revenait en
mémoire.
- Mais votre majesté, ne s'est-elle pas échappée d'Elision
dans les temps mythiques ?
Hadès regarda la traînée que le cosmos
de Thanatos laissait dans le ciel. Ses yeux exprimaient une infinie
nostalgie.
- Oui c'est cela même… L'époque où elle jouait avec ses
frères jumeaux lui manquait…
Château
d'Helstein
Thanatos venait de prendre sa décision : il allait
s'engouffrer dans le trou qui menait au monde des morts et en ramener les
âmes des 108 spectres. Ainsi Hadès serait fier de lui, ainsi il lui
révélerait son passé. Et tant pis si en son absence il ne restait personne
pour veiller sur Pandore. Thanatos concentra son cosmos et fit voler en
éclats les rochers qui obstruaient l'entrée de l'Enfer. Cela fait il
sauta dans le tunnel qui menait en Enfer mais à ce moment il ne se rendit
pas compte qu'un papillon de la mort, fairy s'était accroché à ses
vêtements. C'est ainsi que le dieu de la mort et le dernier des 108
spectres partirent pour l'Enfer.
Peu de temps après une autre
personne, une mortelle qui parmi toutes celles de son espèce était celle à
qui Hadès tenait le plus s'approcha de ce tunnel maudit. Elle se mit à
appeler.
- Thanatos ! Thanatos !
Seul l'écho lui
répondit.
- Ah ça je parie qu'il est parti en Enfer pour
m'échapper. Moi qui allais lui proposer de m'emmener en Asgard pour y voir
Hadès. Rester éloignée de lui m'est insupportable. Eh bien tant pis,
puisque Thanatos ne veut pas m'y emmener j'y irai par mes propres moyens
!
Et pendant que les elfes la cherchaient dans tous les coins et
recoins du château Pandore partit pour Asgard.
*
* *
Meikai
L'Enfer tel que le
connaissaient les morts qui souffraient éternellement dans les 9 prisons
n'existait plus. La vague du néant était passée sur ce monde de ténèbres
réduisant à l'état de ruines fumantes l'œuvre millénaire du seigneur
ténébreux. Thanatos avançait dans ce paysage de destruction qui lui
faisait penser à des ruines archéologiques suivi du dernier des invisibles
fairy. Depuis la renaissance d'Hadès le néant avait commencé à refluer,
rendant visibles les ruines de l'Enfer. En entrant dans ce royaume dont
il n'était pourtant guère familier Thanatos fut surpris de n'y voir âme
qui vive si l'on peut dire… En effet les morts libérés du cosmos
d'Hadès comme les guerriers divins l'avaient été il y a peu de celui de
Hell auraient dû pouvoir sortir de l'Enfer alors quelle était la raison de
ce silence oppressant ? En traversant la porte d'entrée des Enfers qui
portait encore l'inscription erronée : " vous qui entrez ici abandonnez
tout espoir " il comprit la raison de ce silence, du moins
partiellement. Sur les rives de l'Achéron, à deux pas de la porte de
sortie de l'Enfer se tenait le seul homme qui avait été sur le point de
ressusciter, il était debout immobile comme un poteau tendant encore le
bras vers cette liberté qu'il n'avait pas réussi à embrasser. Thanatos
jeta un regard circulaire autour de lui, partout il voyait des âmes
mortes, les morts qui avaient tenté de quitter l'Enfer avaient été surpris
par le Néant et leur bouche était encore grande ouverte pour crier leur
terreur. Thanatos était perplexe : la peur du néant était sans doute
grande mais après tout ce n'était rien de plus que la mort, la même qu'ils
subissaient tous les jours alors pourquoi cette expression d'effroi sans
nom sur leurs visages, certains jetaient même un regard apeuré derrière
eux comme pour surveiller l'avance d'un terrible ennemi. Qu'est-ce que
cela pouvait bien vouloir dire ? Thanatos haussa les épaules, au fond
tout ce qui pouvait arriver à des hommes morts ou vivants lui importait
peu… Pour l'instant son esprit était obnubilé par deux choses : le regard
méprisant d'Hadès et celui si troublant de Célesta. Célesta… Pour
connaître la vérité sur elle il était prêt à prendre des risques insensés
comme abandonner Pandore contre les ordres de sa majesté…
Il
poursuivit son excursion aux Enfers sans trop se soucier des statues de
terreur qui se dressaient devant lui. Arrivé devant les bords de l'Achéron
Thanatos fit vibrer son cosmos pour appeler la barque de Charon mais au
moment d'y grimper il blêmit : où était passé le corps du passeur des
Enfers ? Il était pourtant sûr que celui-ci était mort dans sa barque. Qui
avait bien pu faire disparaître ce corps avec son surplis ? Parvenu à
la 1ère Prison, celle que gardait Rune de Balrog, Thanatos constata le
même phénomène : au milieu des ruines de la prison on ne distinguait pas
l'ombre d'un morceau de surplis comme si aucun spectre n'avait habité
là. Thanatos nota cependant un détail étrange : le livre de Rune sur
lequel étaient consignés tous les péchés des âmes jugées avaient disparu,
que signifiait cela ? Qui avait pu voler un tel objet ? Thanatos
poursuivit son excursion en Enfer suivi discrètement par le dernier des
fairys mais à chaque prison le même phénomène se produisait : il n'y avait
trace nulle part des spectres d'Hadès, étoiles célestes commises à la
garde des prisons et plus troublant il n'avait encore vu aucune âme
défunte dans les parages. Certes la plupart avaient été anéanties par le
néant mais l'Enfer était vaste et le cycle de la vie et de la mort s'était
poursuivi depuis la défaite d'Hadès alors qu'était-il advenu de ces âmes
mortelles ? Thanatos continua son exploration jusqu'à arriver en vue
des sphères des juges : la Caïna, l'Anténora, la Toloméa et la Giudecca,
la sphère qu'habitait Pandore en l'absence d'Hadès. Ce qui le choqua
tout de suite était l'aspect des sphères : celles-ci ne semblaient pas
avoir souffert de la défaite d'Hadès mais ce n'était qu'une illusion. En
s'approchant bien Thanatos put constater que les griffons qui ornaient le
temple de Minos avaient été décapités.
- Que signifie
?
Thanatos entendit une voix éteinte derrière lui, il s'agissait
d'une âme mortelle, la première qu'il lui fut donné de voir.
- Les
griffons n'ont plus de tête n'est-ce pas ? Hihihi - D'où vient votre
hilarité ?
L'âme mortelle afficha un sourire malicieux, preuve
qu'il n'était plus sous la domination du cosmos d'Hadès.
- Les
spectres étaient des loups mais aujourd'hui ils n'ont plus de crocs.
Hihihi ! - Vous voulez dire qu'il reste des spectres en Enfer ? -
Peut-être mais ils ne sont plus que des porcs à présent, les loups qui
avaient encore des crocs ont été bannis dans les limbes. Hihihi
!
Thanatos fut stupéfait, qui avait bien pu faire cela, quel mort
avait-il acquérir un tel pouvoir sur ses semblables ? Mais dans l'immédiat
il lui fallait apprendre où trouver ceux qui gouvernaient en
Enfer. Thanatos secoua assez vigoureusement l'âme mortelle.
- Où
se trouvent-ils ? Où sont ceux qui ont banni les spectres dans les limbes
? Et surtout que s'est-il passé ici ? - Ce qu'il s'est passé ? L'Enfer
s'est réveillé un jour orphelin de Dieu mais il s'est relevé grâce au
pouvoir d'un homme encore plus grand que Dieu ! Hihihi - Plus grand que
Dieu ! Vous voulez dire plus grand que sa majesté Hadès ?
L'âme
mortelle échappa à l'étreinte de Thanatos, parmi le mélange de sentiments
qui l'habitaient alors on distinguait aisément la peur.
- CHUT ! Il
ne supporte pas que son nom soit prononcé ou écrit ! Le porteur de l'épée
ne veut pas que soit prononcé le nom de cet homme ! Il admet juste que
nous l'appelions " l'invisible " (Hadès veut dire invisible en
Grec).
Thanatos desserra son étreinte il commençait à comprendre ce
qui s'était passé en Enfer. C'était encore plus grave que ce qu'il
imaginait : un homme mortel avait pris possession de l'épée des illusions
et voulait maintenant remplacer Dieu ! Suivi par fairy il se rendit à
Giudecca qui était devenu le lieu du
jugement.
Giudecca
On dit souvent que lorsqu'un
régime change le décor ne change pas, il n'y a que les hommes qui le font.
C'était particulièrement vrai dans le cas de la Giudecca à ce moment :
rien dans la disposition de la sphère n'avait changé : des rideaux
cachaient toujours aux spectateurs le visage du maître des lieux, les deux
énormes statues de dragons avaient été rénovées. Mais contrairement au
temps d'Hadès les morts s'entassaient dans la grande salle en attente de
leur jugement. Aujourd'hui était un jour ordinaire dans la Giudecca depuis
la défaite d'Hadès.
Un homme de grande taille aux cheveux vert
clair très longs qui retombaient en cascade sur ses épaules se tenait
debout très droit malgré les nombreuses cicatrices qu'il portait aux
jambes et aux bras, preuve des mauvais traitements qu'il avait dû
subir. Il était entouré par d'anciens soldats d'Hadès qui appartenaient
à la classe des squelettes et qui de ce fait n'étaient protégés par aucune
des 108 étoiles. Ils étaient armés d'une simple faucille dont ils se
servaient auparavant pour tourmenter les morts.
Une voix puissante
venue de derrière les rideaux qui cachaient autrefois l'âme d'Hadès appela
l'homme qui se trouvait au bout de la salle.
- Approche étoile
céleste de la Valeur que nous puissions statuer sur ton
sort.
L'homme qui avait été ainsi appelé se dirigea à pas lents
vers le trône, la noblesse de son maintien imposait le respect à toute
l'assistance. Arrivé à proximité du trône il resta debout. Plusieurs
squelettes le frappèrent de leurs faucilles mais il n'eut aucun mal à les
retourner contre eux de sorte qu'il resta debout au milieu de quelques
estropiés. La voix s'éleva encore une fois.
- Alors Minos,
étoile céleste de la valeur, tu ne te soumets toujours pas ? - Jamais !
Répondit Minos avec fermeté.
Un silence suivit.
- Comme
c'est dommage, tu dois pourtant savoir que c'est moi et moi seul qui ai
sauvé ton âme de son errance éternelle dans la dimension intermédiaire et
t'ai donné une nouvelle chance. - Je sais tout cela mais je ne te
vendrai pas mon âme car même affaibli par les mauvais traitements, même
mort je reste un spectre de sa majesté HADES !
Les voûtes de la
Giudecca tremblèrent sous la violence de la déclaration de Minos et
certains morts tombèrent même à genoux en entendant prononcer le nom de
leur ancien maître.
- Quelle impertinence Minos ! Hadès était un
dieu, il prenait plaisir à vous faire souffrir et vous considérait vous
tous les spectres comme des esclaves ! Aujourd'hui vous n'avez plus besoin
de Dieu car votre maître est encore plus grand que Dieu. D'un simple geste
je peux prendre une vie ou la donner. Par un mot de moi vous pouvez avoir
accès à toutes les richesses du paradis ou subir les tourmentes de l'Enfer
! Voilà pourquoi je suis plus grand que Dieu !
Des ovations vinrent
saluer ce pathétique discours mais Minos reprit.
- Condamner les
coupables à la souffrance est justice ! Si aucun humain n'a goûté aux
plaisirs d'Elision c'est parce qu'Elision est la Terre des dieux, nous
autres ne pouvons qu'en rêver mais au moins il nous reste cela. Condamner
les morts arbitrairement au paradis ou à l'Enfer et détruire les âmes de
ceux qui te résistent comme tu l'as fait pour les morts qui tentaient de
fuir par l'Achéron c'est l'abomination ! - Tais-toi ! Si je fais un
geste ton âme sera détruite et l'étoile céleste de la valeur s'éteindra
! - La violence ! Tu ne connais donc que ça… Pff - Minos souffla avec
mépris - tu n'es qu'un bouffon sanglant Sisyphe !
Un flux d'énergie
transperça les rideaux qui masquaient l'identité du maître des lieux et
vint frapper Minos en pleine poitrine. Minos tomba à Terre, blessé. Les
liens qui enserraient ses poignets s'étaient défaits et il tentait
péniblement de se relever. Sisyphe était descendu de son trône. Dans sa
main droite pendait l'épée des illusions dont Hadès avait transpercé
Seiya, cette arme fantastique capable d'ébrécher le bouclier de la Justice
était couverte d'inscriptions runiques incompréhensibles pour tout autre
que son détenteur d'origine. Minos avait le visage orienté vers le sol,
ses longs cheveux traînaient à Terre. Sisyphe s'approcha de
lui.
- Tu es faible Minos ! Mort tu n'es plus que l'ombre de ce que
tu étais quand tu portais le surplis du Griffon… N'as-tu pas envie de
redevenir ce puissant combattant que tu étais alors ? Tu sais que l'épée
des illusions a un pouvoir infini sur les étoiles maléfiques…
Minos
releva la tête, ses yeux étincelaient de rage.
- Oui je désire
ardemment mon surplis en ce moment… - Tu n'as qu'un mot à
dire…
Sisyphe approcha l'épée des illusions de Minos.
- Jure
sur cette épée de toujours servir ton dieu.
Minos saisit l'épée à
deux mains si fort que son sang coula sur les runes de l'épée des
illusions.
- Je jure ! … Que tant qu'une étincelle de vie… brûlera
en moi… Je me battrai … pour la gloire d'Hadès !
Sentant le danger
Sisyphe voulut retirer l'épée des illusions de l'emprise de Minos, les
squelettes s'avancèrent et commencèrent à caresser le dos du juge de leurs
faucilles. Celui-ci, au contact de l'épée de son maître semblait avoir
retrouvé un souffle de vie, si faible que fût son cosmos à ce moment il
l'intensifia à son paroxysme. " Cosmic Marionetton "
Les fils
invisibles crées par le cosmos de Minos s'enroulèrent autour des
squelettes et disloquèrent leurs corps par une simple impulsion mentale de
leur maître. Quelques uns des fils du cosmic marionetton vinrent
s'enrouler autour du bras de Sisyphe qui tenait toujours l'épée des
illusions malgré le danger évident que cela représentait. Minos
sourit.
- Tu as été imprudent Sisyphe une simple pensée me suffira
pour t'arracher ce bras par lequel tu tiens l'épée de mon maître. -
Minos arrête ! Si tu fais cela l'épée sera sans doute endommagée et ce
nouvel Enfer détruit ! - Puisqu'il ne s'est pas reconstruit par la
volonté d'Hadès autant qu'il disparaisse !
A ce moment Minos sentit
une douleur atroce lui strier le dos. Il venait de recevoir un coup d'une
extrême violence, un coup porté par un spectre aujourd'hui dévoué à
Sisyphe : Gigant du Cyclope ! Celui-ci regardait Minos de son œil
unique tout en continuant à frapper comme un sourd.
- Relâche tout
de suite notre maître ou j'écraserai tout ton corps ! - Ne me dis pas
que tu crois à ses promesses ! - J'y crois autant que je croyais en
celles d'Hadès, allez lâche-le Gigant Smash !
Cette fois Gigant
avait visé la moelle épinière et Minos lâcha prise. Il tomba à terre,
Sisyphe en profita pour reprendre son souffle. Dans sa
semi-inconscience, subissant les coups de Gigant qui résonnaient de moins
en moins fort dans son cerveau Minos murmurait.
- Suis-je destiné à
mourir ainsi ? L'Enfer tel que je le connaissais n'est plus et les porcs
s'entassent dans la Giudecca. Les étoiles maléfiques ont cessé de briller
et l'humanité se détruira un jour elle-même… Mais une fois, au moins une
fois j'aimerais voir le visage de sa majesté pour qu'il me dise si j'ai
failli à mon devoir.
Un papillon transparent vint se poser sur ses
lèvres.
- Un… un fairy… il en restait donc un… - une larme coula
sur la joue de Minos - Pourquoi es-tu venu mourir avec moi, une seul mort
inutile suffit…
Sisyphe sembla sur le point de vouloir exécuter la
volonté de Minos, son épée se rapprocha de la gorge du juge déchu puis au
dernier moment, quand Gigant commençait à sentir des frissons de plaisir
lui parcourir l'échine à l'idée de voir souffrir son ancien maître, se
ravisa. Sisyphe reprit son souffle, fit signe à Gigant de cesser de
frapper Minos et se rassit sur son trône. Il prit alors une voix
solennelle.
- Ames défuntes qui avez souffert pendant des siècles
de la cruauté des spectres et vous spectres qui avez souffert de la
cruauté des juges, que voulez-vous faire de cet insolent qui a osé cracher
sur votre Dieu, celui qui vous rend la force, celui qui vous rend la vie
?
Des acclamations s'échappèrent alors de la foule, puis suivirent
des imprécations dans lesquelles on pouvait aisément distinguer le même
son : " la mort ! " Evidemment pour un mort la mort ne pouvait signifier
grand-chose mais la mort à laquelle ils se référaient était la plus
terrible de toutes, celle qui annihilait complètement l'âme défunte,
c'était l'anéantissement !
Dans les yeux de Sisyphe, Minos put lire
toute la rancœur de la pauvre créature mortelle qui a enfin l'occasion de
traîner ses maîtres dans la boue. Aussi devina-t-il aisément ce qui allait
suivre. Sisyphe se leva puis fit taire les acclamations.
- Oui cet
homme mérite la mort mais il ne sera pas dit que mon règne est celui de
l'injustice, aussi nous allons le juger comme l'étaient les âmes défuntes
auparavant.
Sisyphe se retourna vers deux âmes défuntes qui se
tenaient dans l'ombre à ses côtés.
- Tantale, Ixion, vous qui avez
remplacé Eaque et Rhadamanthe après les avoir condamnés qu'en pensez-vous
? Cet homme est-il coupable ou innocent ?
Minos s'était relevé, il
ne semblait pas prêter attention à son " procès ". Tantale était un des
pires criminels de tous les temps, fils de Zeus il avait osé tuer son fils
et le donner à manger aux dieux de l'Olympe, son sort avait été le
Tartare. Ixion était peut-être moins coupable : s'étant amouraché d'Héra
il était tombé dans le piège que le grand Zeus lui avait tendu et de son
union avec une pâle copie d'Héra étaient nés les monstrueux et brutaux
centaures qui n'avaient rien à voir avec le sage Chiron. Pour avoir
convoité la reine des dieux son sort avait été le Tartare, il y avait
développé une haine farouche pour les dieux et leurs avatars. Autant dire
que l'issue du procès ne faisait aucun doute. Toute l'attention de
Minos était focalisée vers ce minuscule fairy qui avait suivi Saga et les
autres dans la maison de la Vierge, ce papillon était la dernière
réminiscence de Myu, l'étoile céleste de féerie. Minos concentra son
cosmos et réussit à établir une liaison télépathique avec le
papillon.
Pendant ce temps le procès se poursuivait. Tantale
s'était levé sa voix était aussi desséchée que sa langue qui avait passé
des siècles à attendre qu'un fruit interdit veuille bien la
rafraîchir.
- Cet homme est le dernier serviteur d'un dieu qui nous
a fait souffrir pendant des siècles ! Nous lui avons proposé la vie mais
au lieu de ça il a craché sur notre Dieu ! Il mérite la mort !
Ce
fut alors le tour d'Ixion.
- Parce que j'ai commis le crime de
convoiter ce qui appartenait à un dieu j'ai été condamné au Tartare ! Les
dieux sont nos ennemis ! Ils prennent plaisir à nous faire souffrir ! En
tuant l'âme de cet homme qui est un de leurs avatars nous exorcisons notre
peur des dieux ! Je vote la mort.
Minos se trouvait dans un univers
multicolore, dans sa main reposait le dernier fairy mais celui s'y
s'envola et vint se poser un peu plus loin. Minos s'approcha de lui
mais le fairy n'était plus là, à sa place se trouvait un homme très blond
aux yeux d'insecte. Il s'agissait du spectre de l'étoile céleste de
féerie. Minos était surpris, il était pourtant sûr que tous les spectres
avaient été défaits…
- Tu… tu es Myu ? Co… comment as-tu survécu
?
Myu sourit.
- Non majesté Minos, je ne suis pas Myu, je
suis ce qu'il reste de lui… Comme vous le savez Myu était un spectre à
part, il avait la capacité de muer… - Je sais cela. - Oui mais ce
que vous ne savez pas c'est que lors de sa défaite face à Mû de Jamir, Myu
a voulu remplir sa mission coûte que coûte, il a donc transmis une partie
de son cosmos et son âme au dernier des fairy, à savoir moi. - Mais où
est Myu alors ?
L'image du spectre commençait à se
dissiper.
- Cela je ne le sais pas mais probablement se trouvait-il
au même endroit que vous ? Toujours est-il que ma mission est de vous dire
que tout espoir n'est pas perdu pour ce monde. Car sa majesté Hadès a
survécu. - Comment ?
L'image de Myu semblait s'évaporer comme
l'avaient fait avant elles les âmes de Sion et Saga.
- Je ne peux
en dire plus… Le messager de la mort arrive et vous devez gagner du temps
!
L'image du spectre s'évapora et Minos revint à la réalité. Le
fairy qu'il tenait dans les mains bougeait encore mais faiblement. Il
avait eu le temps de lui révéler sa mission et c'était le plus important à
ses yeux.
Sisyphe se leva de son trône, il descendit quelques
marches et vint se placer devant Minos.
- Bien les juges ont
délibéré et leur verdict est la mort, mais moi qui suis plus grand que
Dieu, moi qui suis le dernier juge te condamne toi, Minos à la vie
!
Un silence suivit que seuls vinrent troubler quelques murmures
d'étonnement.
- Je te condamne à l'enfer de la 6ème malebolge,
celle où vont les hommes qui comme toi ont abusé de leurs pouvoirs dans
l'exercice d'une profession sacrée mais pour que ton supplice soit encore
plus délectable je vais te rendre la vie Minos.
Sisyphe abattit
l'épée des illusions sur Minos et celui-ci comprit que son âme était
devenue son corps de chair bien qu'il n'ait pas quitté l'Enfer, c'était là
un des pouvoirs de cette épée dans laquelle Hadès avait stocké une partie
de son cosmos.
- Alors Minos acceptes-tu mon jugement ? Acceptes-tu
le jugement de Dieu ?
Minos affecta de prendre une position
humble.
- J'accepte le jugement de Dieu mais celui-ci ne me
frappera pas maintenant car la seule personne que je reconnais comme telle
n'est pas ici. - Qu'est-ce que tu racontes ? Hadès est mort, son empire
n'est plus ! Il ne reste plus que moi Sisyphe qui suis plus grand que Dieu
! - Tu te trompes Sisyphe, misérable larve qui a osé posé la main sur
l'épée des illusions, Hadès est vivant !
Puis se retournant vers la
foule des âmes mortelles.
- Oui Hadès est vivant ! Et c'est devant
lui que vous devrez répondre de vos actes !
Sisyphe recula de
plusieurs pas, des sueurs froides coulaient de son front jusqu'à son
menton, ses bras semblaient avoir perdu toute force et l'épée des
illusions pendait inutile à son côté. Dans ses yeux se lisait une peur
sans nom, la peur la plus ancienne du monde, la peur de Dieu ! En
reculant Sisyphe s'aperçut du changement d'attitude de " ses juges " :
Tantale était tombé à genoux et semblait à la recherche d'un trou de
souris assez grand pour le cacher, quant à Ixion il était tombé face
contre terre comme attendant le châtiment divin. Le spectacle de la
panique des âmes défuntes n'était pas plus réjouissant. Sisyphe paraissait
atterré, il se souvenait de l'époque si proche où il devait soulever tous
les jours une énorme charge jusqu'au sommet d'une montagne et comment au
moment d'accomplir sa besogne ses forces l'abandonnaient ! Il ne voulait
plus revivre cela ! Il se souvenait du jour où l'épée des illusions
traversant les dimensions était venue échouer dans le Tartare, cela ne
pouvait être un hasard ! Enfin il se souvenait de la dévotion des morts
qui le prenaient pour Dieu, cela lui rappelait les temps heureux où il
était roi de Corinthe, cela ne pouvait s'achever ainsi ! Un brusque accès
de colère l'envahit et il pointa l'épée d'Hadès sur Tantale toujours aussi
pitoyable, il pensa de toutes ses forces à des flammes et les flammes
apparurent… L'âme de Tantale se consuma à jamais pour ne plus se
réincarner. Il renouvela son triste exploit avec Ixion qui tentait de
fuir. Un tel accès de violence gratuite terrorisa la foule des âmes
défuntes. Sisyphe se retourna pour affronter le regard méprisant de
Minos.
- Tu es vraiment pathétique ! Comment peux-tu te comparer à
Hadès ? Tu n'es pas digne de marcher sur la même terre que lui.
La
colère s'empara à nouveau de Sisyphe qui lança à Gigant l'ordre d'exécuter
Minos. Gigant ne bougea pas.
- Eh bien Gigant tu te bouges
?!
Gigant fit un pas en avant puis s'écroula comme une masse à
terre, tout près de Minos qui put entendre ses dernières paroles : "
Hadès, Sisyphe, l'immortalité… que des mensonges " Et il
s'éteignit. Derrière lui se tenait un homme de haute taille dont les
yeux argentés brillaient dans l'obscurité. Sisyphe garda son
sang-froid.
- Hum tu dois être fort pour t'être introduit jusqu'ici
sans que je remarque ton cosmos, d'où viens-tu ?
Thanatos toisa
Sisyphe un instant puis lui répondit, son sourire carnassier aux
lèvres.
- De la Terre pour t'annoncer ton retour à la
poussière.
Sisyphe parut un moment surpris puis feignant
l'incrédulité prit le parti d'éclater de rire.
- Tu veux me tuer ?
Moi l'invincible porteur de l'épée ?! Pff Imbécile. Tu n'es pas digne de
te battre contre moi, meurs donc de la main des spectres déchus.
Un
certain nombre de spectres qui par la grâce de l'épée des illusions
portaient à nouveau un surplis se rassemblèrent autour de Thanatos qui
souriait en gardant les yeux fermés.
- Pfff… A-t-on jamais vu ça ?
Les souris voudraient mordre le chat…
Plusieurs spectres se
jetèrent sur Thanatos qui fit exploser son cosmos réduisant leurs surplis
en poussière. L'un deux survécut et son poing vint frapper Thanatos à la
mâchoire.
- Pitoyable… Pfff, comment t'appelles-tu toi qui es
protégé par une des étoiles maléfiques ?
Le spectre répondit
étrangement sans peur.
- Je suis Yvan du troll, l'étoile céleste de
la défaite ! - C'est bien toi qui étais en charge de la 3ème prison non
? - Si ! - Pourquoi as-tu rejoint les rangs d'Hadès puis ceux de
Sisyphe ? - Parce que celui qui porte l'épée peut nous donner la vie
éternelle, voilà pourquoi !
Thanatos sourit, il saisit le poing
d'Yvan et l'écrasa. Puis approchant son visage de celui du
spectre.
- Je suppose que pour toi la douleur n'est rien puisque tu
crois en l'immortalité, n'est-ce pas ? - Arrgh ! Oui exactement !
Quoique tu me fasses je survivrai ! - Alors écoute bien mon petit
secret.
Thanatos s'approcha très près de l'oreille d'Yvan et lui
dit si bas que c'en était presqu'un murmure : " l'immortalité n'est qu'un
leurre, un leurre pour faire avancer les porcs tels que toi ! Même les
dieux ne la possèdent pas ! " Yvan pris de panique tenta de s'échapper
mais Thanatos avait resserré son éteinte sur son poing.
- Mais si
je ne dispense pas l'immortalité au moins je peux te montrer la mort !
Terrible Providence !
L'attaque de Thanatos partit d'un seul coup
et faucha Yvan et tous les squelettes qui se trouvaient sur sa
trajectoire. Le dieu de la mort se retourna vers Minos.
- Alors
qu'est-ce que tu attends ? J'ai ouvert le passage ! Vas t'occuper
d'arracher l'épée des illusions à Sisyphe au lieu de rester planté là
!
Minos fut surpris par ce ton impérieux auquel il n'était guère
habitué sauf de la part de Pandore. Il prit pourtant le parti d'obéir et
se lança à la poursuite de Sisyphe qui se dirigeait vers le mur des
Lamentations. Dans sa course le fairy qu'il tenait dans ses mains lui
échappa, exécuta un vol plané et parut sur le point de s'écraser su le sol
quand le cosmos de Thanatos l'attira vers lui. Thanatos amena le fairy
en face de lui et concentra son cosmos pour une liaison télépathique. "
Tu as rempli ta mission Myu. C'est bien, par delà la mort tu es resté
fidèle à sa majesté, tu vas maintenant pouvoir te reposer. " Le cosmos
de Thanatos entoura fairy puis l'éleva vers la voûte de Giudecca où il se
colla avant de se transformer en chrysalide.
- Myu de l'étoile
terrestre de féerie ton âme est toujours dans ce fairy et je t'ai donné
assez d'énergie pour survivre, si tu es digne de ta réputation tu
retrouveras le chemin de la vie.
Thanatos fit à nouveau exploser
son cosmos mais en voyant l'effet que cela produisait sur les morts il
comprit qu'il avait eu tort de sous-estimer Sisyphe. " Ils se relèvent
! "
*
* *
Minos
Je courais à la poursuite de
Sisyphe dans ce dédale qu'était devenue la sphère de la Giudecca. Au bout
d'un moment j'arrivai en vue du mur des Lamentations qui comportait
toujours ce trou béant que les chevaliers d'or y avaient creusé au prix de
leur vie. Je m'arrêtai, Sisyphe ne pouvait pas être bien loin :
derrière ce mur se trouvait la dimension intermédiaire où nul mortel ne
pouvait pénétrer alors où était-il ? Je fermai les yeux en tentant de
me concentrer sur le cosmos de cet homme… Un long silence… le bruit
lointain de la lutte de Thanatos contre les spectres… Puis finalement
une détonation ! Je n'eus que le temps de me jeter à terre pour éviter
l'attaque qui venait de partir dans ma direction. Je sentis comme un
courant effleurer mes cheveux puis plus rien… le bruit d'une cape qui
frôle le sol. J'envoyai mon cosmos dans cette direction, un pilier
explosa sous l'impact révélant à mes yeux le roi des imposteurs, Sisyphe
! Je ne pus retenir un cri de contentement.
- Ah enfin je te
tiens !
Sisyphe ne semblait pas vraiment inquiet, il continuait à
jouer avec l'épée des illusions comme s'il s'agissait d'un jouet.
-
Tu me tiens dis-tu ? Mais que veux-tu faire de moi ? - Te prendre
l'épée des illusions bien sûr mais la vie aussi…Seulement Je n'ai pas
encore décidé dans quel ordre j'allais m'y prendre !
Sisyphe
observa mon sourire carnassier puis éclata de rire tandis que ses petits
yeux se plissaient de malice.
- Prendre ma vie… Pfff, cesse donc de
me sous-estimer ! N'as-tu pas vu l'impact laissé par mes coups ?
Je
me retournai pour apprécier la force de ses coups, effectivement la paroi
du palais était en miettes mais ce n'était pas plus impressionnant que ça.
N'importe quel spectre qui ne soit pas un squelette aurait fait de
même.
- Si c'est avec un coup aussi faible que tu veux
m'abattre… - Comment ? - Je dis que ce coup est faible ! Je l'ai
évité sans même avoir ressenti ton cosmos au préalable ! Pour que j'aie eu
le temps de me baisser la vitesse de ce coup ne devait pas dépasser mach
6!
Sisyphe parut décontenancé.
- Minos !! Je vais te prouver
que mon attaque n'est pas aussi faible que tu le penses ! Reçois le Deep
Impact !
Sisyphe se mit en position et décocha son attaque, c'était
un coup assez basique qui consistait à l'instar des météores de Pégase à
faire exploser son cosmos et à le libérer si brutalement que les coups de
poing devenaient aussi durs que du roc ! Sans doute cette attaque
aurait-elle pu toucher un spectre moyen mais pour moi c'était une aimable
plaisanterie ! J'arrêtai tous ses coups sans bouger en déplaçant très
vite mes poings comme le faisait tout guerrier digne de ce nom en présence
d'une attaque ne dépassant pas trois fois la vitesse du son.
Les
coups continuaient à pleuvoir mais sans que leur vitesse augmente, pour
Sisyphe, le 7ème sens, l'Ultime cosmos était encore loin. Puis jugeant
que la plaisanterie avait assez duré je saisis un de ses poings et le
retournai avec force. Rien, pas un cri de douleur !
- Que
?!
Incroyable ! Je tâtai mon flanc et constatai qu'il avait été
défoncé par un coup porté avec une violence extrême ! Comment cela
était-il possible ? J'entendis alors le rire de Sisyphe.
- Alors
Minos on est plus capable d'arrêter une attaque portée à mach 6 ? -
C'est impossible ! Je suis sûr d'avoir saisi ton poing au moment où tu
portais ton attaque, comment as-tu fait pour me blesser ? - C'est exact
Minos : tu as bien saisi mon poing mais tu n'as fait que saisir l'une de
mes images ! - Comment ?!
Un silence suivit, Sisyphe était
partagé entre la prudence et le désir de me faire partager ses
secrets.
- L'épée des illusions porte bien son nom tu ne trouves
pas ? Grâce à cette épée un guerrier moyen comme moi peut démultiplier le
nombre de ses images lors d'un combat et chacun des coups qu'un de mes
reflets porte est tout aussi réel que le sang que tu verses
maintenant. - Cela ne change rien ! Tes attaques seront toujours aussi
lentes ! - C'est vrai mais comment feras-tu pour toutes les éviter si
tu ne sens pas mon cosmos au moment où je te frappe ? Car tu dois savoir
que l'épée des illusions rend mon cosmos indétectable !
C'était
donc ça, c'est pour cela qu'aucun dieu n'avait ressenti la reconstruction
de l'Enfer ! Sisyphe avait utilisé le pouvoir de l'épée pour cacher son
cosmos ! Quel scélérat !
- Tu ne perds rien pour attendre ! Quand
Thanatos sera là ! - Quand Thanatos sera ici il se fera battre tout
comme toi car grâce à cette épée je peux accorder un sursis de vie à tous
les spectres qui se sont mis à mon service ! Et même un dieu ne peut
brûler son cosmos indéfiniment ! Tu vois Minos ! La combinaison de mon
intelligence et de l'arme d'un dieu fait que moi Sisyphe suis plus grand
que Dieu !
*
* *
Thanatos se battait toujours contre des spectres
qui se relevaient toujours plus blessés après chacun de ses coups. Il fit
à nouveau exploser son cosmos mais la diminution de son intensité était
palpable.
Thanatos : c'est à n'y rien comprendre ! Leurs
corps sont morts pourtant ! Et ils continuent à se relever pour
m'affronter ! D'où leur vient une telle obsession ? A moins que ? Mais
oui j'ai compris ! C'est l'épée des illusions et son pouvoir qui leur
donne un sursis de vie à chaque fois que je la leur prends… J'ai déjà
observé ce phénomène : à l'époque où il existait encore des hommes bons et
que les dieux vivaient sur Terre les hommes étaient attirés comme des
papillons par la flamme par les attributs divins. J'ai compris ! Ce qui
fait avancer ces hommes dont les corps sont morts c'est l'épée, son
pouvoir ! C'est comme une drogue ils ne peuvent pas s'en passer ! Mais
cela m'est égal je dois empêcher ces forcenés de passer par tous les
moyens jusqu'à ce que Minos se soit emparé de l'épée des illusions
!
Je me rue vers le couloir qui communique avec le mur des
Lamentations puis ayant étendu les bras j'invoque mon attaque la plus
macabre : la Deadly Restriction !
Un mur transparent et sombre se
forme autour de moi, bloquant l'accès au couloir. Plusieurs spectres
projettent leurs cosmos dans sa direction, mon mur de ténèbres semble se
replier sur lui-même puis leur renvoie leur attaque.
- Je vous
préviens spectres et squelettes !! Tous ceux qui passeront ce mur mourront
et pour ceux qui sont déjà morts leurs âmes seront
annihilées.
J'appréciai l'effet de ma déclaration sur les spectres,
ils avaient vraiment l'air terrifiés par l'idée de ne plus jamais pouvoir
se réincarner, en fait je n'étais pas sûr moi même de pouvoir détruire une
âme mais il était certain que quand une âme mortelle était détruite dans
le monde des morts, la probabilité qu'elle retrouve le chemin de celui des
vivants était vraiment très faible !
Trois spectres revêtus de
leurs surplis firent un pas vers moi.
- Que tu crois ! - Comment
?! - Nous avons vu ton combat dans les limbes ! Nous savons que ta "
Deadly Restriction " est une technique purement défensive ! Tu n'as aucune
chance si nous t'attaquons tous en même temps !
Ils firent un autre
pas dans ma direction.
- Moi Niobé de Deep de l'étoile terrestre
obscure ! - Moi Rock du Golem de l'étoile céleste de la cible ! -
Moi Charon de l'étoile céleste interstellaire ! - Nous les spectres
ressuscités nous allons prendre ta vie !
Je les vis intensifier
leurs cosmo énergies à leur paroxysme, elle était plus grande que je m'y
attendais, à croire que le désir de l'épée des illusions leur donnait des
forces supplémentaires !
- Prends ça Rolling Bomber stone ! -
Que mon Edding Curent Crusher t'emporte!
Les deux attaques devaient
être plus efficaces que celles des autres spectres car elles traversèrent
les ténèbres de la Deadly Restriction et frappèrent Thanatos. Un flash
lumineux suivit, quand la lumière se dissipa Thanatos avait les yeux
fermés et les sourcils froncés, il semblait en état de
léthargie.
Rock et Charon se précipitèrent dans la direction du mur
des lamentations. Thanatos ne bougea pas, comme si les évènements ne le
concernaient plus. Rock et Charon ne purent s'empêcher d'y voir de la
lâcheté.
- Dire qu'on prenait ce type pour un dieu ! Il n'est même
pas capable de riposter à nos attaques, allez ôte-toi de là
!
Thanatos gardait les yeux fermés mais un sourire méprisant passa
sur ses lèvres.
- Maintenant au moins tout est clair… Je comprends
les raisons de notre défaite… - Quoi ?! - Jamais les 108 étoiles
n'avaient protégé des combattants aussi faibles que vous… Pfff dire que
dans les temps mythologiques ces étoiles protégeaient des héros, des êtres
bons qui étaient parfois invités à Elision… Les choses ont bien
changé… - Que… que dis-tu ? - Je dis que jamais il n'y eut de pires
combattants que vous ! Non seulement vous êtes faibles mais en plus vous
êtes corrompus au plus haut point ! - Comment oses-tu
?!
Thanatos ouvrit les yeux, son regard irradiait de mépris pour
ses adversaires.
- Rock, Charon ! Si j'ai fait cesser les ténèbres
de la " Deadly restriction " c'était pour évaluer vos cosmos ! Jamais je
n'aurais pensé qu'ils fussent aussi faibles ! En plus de ça vous avez
vendu votre âme à Sisyphe ! - Grrrr !! - Je ne vous le pardonnerai
jamais ! Vous n'êtes plus dignes d'être protégés par les 108 étoiles car
vous avez trahi Hadès ! Je ne laisserai pas vos âmes souillés par la
traîtrise faire un pas de plus dans la Giudecca !
Le cosmos de
Thanatos qui s'était brusquement élevé retomba d'un coup.
- C'est
bon vous pouvez passer. - Comment ?! - Je n'utilise pas mon poing
contre des larves telles que vous ! Allez donc rejoindre votre maître
pendant que j'ai le dos tourné.
Rock et Charon se précipitèrent en
direction du mur des Lamentations mais au moment où ils allaient atteindre
le couloir une force invisible les retint. Leurs pas se firent plus
lourds, leurs os commençaient à craquer sous eux, tout se passait comme
s'ils vivaient un vieillissement accéléré ! Charon porta sa main à son
visage, encore forte il y a une seconde, elle était maintenant tordue
d'arthrose et ne tarda pas à tomber en poussière. Rock et Charon
s'écroulèrent et leurs corps partirent en fumée sans laisser de
traces. La voix de Thanatos qui ne s'était pas retourné s'éleva alors
:
- J'ai dit que je n'utiliserais pas mon poing contre vous mais la
" Deadly Restriction " est l'essence même de mon cosmos, grâce à cette
technique je n'ai pas à lever la main pour tuer mon ennemi, il me suffit
qu'il pénètre mon aura.
Niobé de Deep s'avança alors.
-
Impressionnant ! - Tu veux mourir toi aussi ? - Pfff, ne me confonds
surtout pas avec les deux autres, moi Niobé de Deep suis la seule étoile
terrestre à avoir défait un chevalier d'or ! - Pfff, celui du Taureau…
pas mal… mais tu ne lui as pas survécu longtemps je crois… - Quelle
arrogance, méfie-toi Thanatos, celui qui va mourir sera peut-être toi !
Reçois la Deep Fragance !
Un parfum envoûtant s'échappa du cosmos
de Niobé et vint entourer Thanatos qui ne réagit pas.
- Tu ne
réagis pas, tu as raison Pfff, même si tu t'arrêtais de respirer la Deep
Fragance pénètrerait en toi par la peau, elle va ensuite attaquer ton
système nerveux et paralyser tout ton corps ! Adieu dieu de la mort. -
Niobé, jusqu'où va ta bêtise ? - Comment ?!
Thanatos ouvrit les
yeux, fit un pas en avant et respira le parfum mortel de Niobé à pleins
poumons. La pièce entière se vida du parfum qui pénétra entièrement
Thanatos. Celui-ci arborait un sourire ravi.
- C'est donc cela ton
parfum mortel qui a perdu le gardien de la deuxième maison ? Je dois dire
que cela n'est pas déplaisant… - Comment ?! Tu… tu apprécies ce parfum
? - Oui il me rappelle vaguement celui que l'on peut sentir en se
penchant au dessus du trou qui mène au Tartare. D'ailleurs je tiens à t'en
faire profiter !
Thanatos éleva son cosmos, son aura créa un halo
lumineux autour de lui et des ailes d'ange apparurent dans son dos comme
pour Hypnos lorsqu'il invoquait l'Elision Breathe .
- Allons Niobé
respire, enivre-toi du parfum de la mort, le souffle du Tartare. Tartarus
Breathe.
Les ailes d'ange se déployèrent et un parfum macabre s'en
échappa, le véritable souffle des profondeurs infernales, le souffle du
Tartare ! Niobé : mon corps tout entier se fige et je sens mon
esprit partir, est-ce ainsi qu'il donne la mort, je ne sens plus rien que
ce souffle atroce ! Et… rien… le néant.
Niobé s'effondra et
avec lui tous les spectres et squelettes qui avaient respiré le souffle de
Tartare.
Thanatos : Si le sommeil n'anéantit rien, la mort
annihile tout. Le souffle du Tartare est différent, il ne détruit pas mais
donne un avant-goût des souffrances du Tartare. C'est la punition réservée
à ceux qui déshonorent leur étoile protectrice. Hum, Hypnos n'approuverait
sûrement pas…
Terrifiés par ce qui venait de se produire les
autres spectres reculèrent mais à l'expression sur leurs visages je
comprenais aisément qu'ils n'attendaient qu'une occasion pour rejoindre
Sisyphe et l'épée des illusions. Rien à faire je ne peux venir en aide à
Minos. Je lève alors la tête vers le plafond de la Giudecca où une
chrysalide est toujours accrochée. " Myu je t'en prie sois vivant et va
prêter main forte à Minos pour reprendre le bien de notre maître !
"
A ce moment Thanatos ne vit pas passer tout près de lui, presque
furtivement une jeune femme au teint mat qui portait aux poignets des
bracelets en forme de serpents. En passant près de lui elle lâcha pourtant
" Quelle puissance mon amour ! "
*
* *
Minos gisait à terre tandis que Sisyphe,
invisible, fanfaronnait.
- Alors Minos trouves-tu toujours mon Deep
Impact aussi faible ? - Tu… tu n'es qu'un lâche… tu te sers du pouvoir
de l'épée pour éviter l'affrontement direct…
Sisyphe se tut. Il
avait dû être touché par cette réflexion de Minos.
- Tu vas payer
pour ton insolence ! Cette fois tu me verras pendant tout l'assaut car je
vais t'achever !
Minos se releva, son stratagème avait réussi !
Sisyphe était tombé dans le piège de la vanité ! Sisyphe commença une
danse bizarre autour de Minos cherchant à lui faire perdre ses repères, le
rythme de la danse s'accélérait grâce au pouvoir de l'épée tandis que les
cercles que décrivait Sisyphe se rapprochaient toujours plus de
Minos.
Minos : j'ai compris ! Il essaie de brouiller ma
perception de l'aire du combat en changeant continuellement de
position.
Minos lança un flux d'énergie à droite, un mur s'écroula.
Sisyphe pouffa de rire. " Face à ma technique secrète la tienne ressemble
à celle d'un enfant, tu ne peux rien contre la formidable danse car les
ténèbres produits par l'épée t'empêchent de mesurer la distance entre nous
! "
Minos lança un autre flux d'énergie vers les piliers qui
l'environnaient, il ne réussit qu'à produire un nuage de
poussière. Sisyphe pouffa : " vous perdez la tête juge des Enfers ?
Pfff… Sachez que cette technique a été inventée pour sceller les
techniques de combat basées uniquement sur la puissance "
- Si fort
sois-tu tu n'es qu'un enfant pris dans la formidable danse ! - Argh
comment un minable comme toi a-t-il pu mettre au point une telle technique
? - Comme j'e l'ai toujours fait : par le vol ! Cette technique je l'ai
apprise en espionnant une petite déesse blonde qui haïssait Hadès et
maintenant cette technique est mienne !
Le rythme de la danse
s'accélérait, il atteignait presque la vitesse de la lumière et le pire
c'était que les yeux de Minos parvenaient à saisir l'image du roi des
voleurs, ce qui avait pour effet de le déconcentrer.
Minos :
Il réduit l'écart ! Si ça continue il n'aura qu'à tendre le bras pour me
frapper ! Hum il a raison : rien ne sert d'utiliser la force contre une
telle attaque ! Le seul moment où je pourrai le frapper sera celui où il
se dévoilera, le moment où il me frappera, oui c'est à ce moment qu'il
faudra frapper ! Mais avant cela je dois rester immobile, de
marbre.
Minos expira l'air contenu dans ses poumons puis ferma les
yeux. Il ressemblait alors à un de ces habitants de Pompéi figé dans la
roche, rien ne pouvait troubler sa concentration… Aucun bruit ne pouvait
lui échapper, pas le moindre. Mais comment situer Sisyphe avec précision ?
Il ne pouvait pas prendre le risque de frapper encore une fois une
illusion.
Minos sourit, il avait la solution ! Sisyphe tournait
de plus en plus vite, arrivé à 50 cm de Minos! Il n'avait plus qu'à
étendre le bras et le juge serait décapité, seulement Sisyphe hésitait,
comme tout combattant sur le point de triompher il appréhendait ce moment
fatidique où dans le dernier assaut il ne ferait plus qu'un avec son
adversaire ! Le rythme de sa danse se ralentit un millième de seconde
avant de reprendre mais c'était déjà trop tard, il était tombé dans le
piège !
Minos : Cosmic Net !
Sisyphe ne vit qu'au
dernier moment les milliers de fils invisibles que Minos avait tendu
autour de lui, sans le savoir Sisyphe avait dévoilé sa position en
ralentissant sa danse mais à ce moment le roi des voleurs était trop
obsédé par le moment fatidique où il allait frapper pour s'en
préoccuper.
Sisyphe : Meurs Minos ! Deep Impact !!
Le
poing de Sisyphe déchira des milliers de fils invisibles qui à son contact
se détruisirent d'eux-mêmes. Le choc de la destruction des fils arriva en
amplifié aux oreilles de Minos comme une araignée sent lorsqu'une proie se
prend dans sa toile. Minos se retourna en un millième de seconde vers
Sisyphe, projetant son poing vers celui du roi des voleurs qui voulait
remplacer Dieu !
Minos : A droite !! Griffon Fang
!
Les deux attaques se croisèrent et un flash lumineux suivit qui
rendit invisible l'image des deux adversaires.
Un bruit sourd, un
membre humain retomba sur le sol de la Giudecca, c'était le bras avec
lequel Sisyphe avait tenté de frapper Minos. Sisyphe était pâle, il
tentait tant bien que mal de stopper l'hémorragie avec son bras libre mais
il avait besoin de ce bras pour tenir l'épée des illusions !
- Co…
Comment ? - C'est très simple : je ne pouvais pas mesurer l'écart entre
nous alors j'ai tendu des fils invisibles autour de moi, en les détruisant
de ton poing tu m'as toi-même indiqué ta position par delà les ténèbres de
l'épée des illusions. - Tu… tu es vraiment un maître de la manipulation
Minos…
Sisyphe sourit d'un air mauvais.
- Tu crois avoir
gagné n'est-ce pas ? Mais tu te trompes : j'ai encore un atout dans ma
manche !
Sisyphe courut vers le fond de la pièce avec toute la
vélocité que ses jambes lui permettaient. Minos n'eut pas le temps de le
retenir, il se jeta dans la dimension intermédiaire ! A la grande
surprise de Minos Sisyphe n'explosa pas ! Le roi des voleurs éclata de
rire.
- Cela t'étonne n'est-ce pas ? Cet univers m'a reconnu comme
un dieu parce que je porte l'épée des illusions ! Ah Ah Ah
!!!
Minos essayait de faire preuve de persuasion malgré son
désarroi.
- Ne sois pas stupide ! Sans ailes tu vas dériver dans
cette dimension sans espoir de retour ! Reviens pendant qu'il en est
encore temps ! - Tu me prends pour un crétin ! Si tu me veux viens me
chercher !
Minos hésitait : il savait trop bien ce que signifiait
entrer dans la dimension intermédiaire sans l'aide d'un dieu.
-
Alors tu ne viens pas me rejoindre Minos ? Avoue donc que malgré tes beaux
discours tu as peur de mourir comme tout le monde ! Ah ah ah ah ! Mais moi
Sisyphe suis maintenant un dieu puisque je porte cette épée, tu ne peux
rien contre moi !
Minos recula pour prendre son élan : si seulement
il pouvait survivre ne serait-ce qu'une seconde dans cette dimension alors
il aurait peut-être le temps d'arracher l'épée des illusions à Sisyphe !
Minos prit son élan et cria : " majesté Hadès venez-moi en aide ! " Quand
une main se posa sur son épaule et l'empêcha fermement d'aller vers son
destin. Minos se retourna et ce qu'il vit le stupéfia !
Myu du
Papillon de l'étoile terrestre de féerie au stade ultime de sa mutation se
tenait devant lui. Myu lui adressa un sourire chaleureux malgré ses
yeux d'insecte.
- Majesté Minos ne commettez pas cette folie. La
vie que m'ont accordée leurs majestés Thanatos et Hadès a moins de valeur
que la vôtre.
Minos hésita avant de répondre, jamais il n'avait
connu un tel respect de la part d'un spectre, sauf peut-être de la part de
Rune qu'il avait lui-même formé. Mais ce qui l'étonnait le plus c'était
que ce spectre parle de se sacrifier pour la gloire d'Hadès ! La plupart
des spectres étaient des êtres pourris jusqu'à la moelle que seule la
promesse de l'immortalité motivait, et de ce fait ils avaient souvent
beaucoup de mal à harmoniser leur cosmos avec leur étoile protectrice,
d'où leur faiblesse. Alors pourquoi ?
Myu passa à côté de Minos, il
se pencha sur la dimension intermédiaire, ses ailes de papillon se
déplièrent dans une explosion de couleurs vives.
- Je sais ce que
vous pensez majesté Minos. Vous vous dites que les simples spectres ne
sont que des esclaves et que seuls les juges ont assez de courage pour se
sacrifier au nom de leur dieu mais vous vous trompez. Tous les spectres
ont eu l'occasion de se rallier à Sisyphe, seule huit ne l'ont pas fait…
Mais ces 8 étoiles sont spéciales car le cosmos de leur protégé est nourri
par l'amour et le respect qu'il porte à sa majesté Hadès.
Minos ne
trouva rien à dire, stupéfait qu'il était par cette profession de foi de
la part d'un être qui n'était peut-être pas humain. Ainsi il existait des
spectres qui se battaient parce qu'ils avaient foi en leur cause ! Myu
se pencha vers la dimension intermédiaire, il s'apprêtait à plonger à la
poursuite de Sisyphe quand il sentit une force irrésistible le
retenir. Minos venait d'utiliser les fils du Comic Marionetton sur lui
!
- P… Pourquoi ? - Imbécile ! Si tu fais un pas de plus ton
corps volera en morceaux ! Cette dimension rejette tout ce qui n'est pas
divin. - Je sais cela mais je crois pouvoir y arriver. - Comment
?!
Minos relâcha sa prise tandis que le corps de Myu se couvrait de
papillons, les fairys.
- Ces papillons ont le don de téléportation.
Si je combine mes pouvoirs avec les leurs je devrais pouvoir m'élancer à
la vitesse de la lumière dans cette dimension et même si mes chances sont
infimes je réussirai peut-être à me saisir de l'épée des illusions avant
que mon corps ne vole en éclat.
Myu concentra son cosmos, les
fairys recouvrirent tout son corps le nimbant d'une aura multicolore. Il
appela alors son attaque ultime sur lui-même : " Fairy Thronging !
"
Les fairys se volatilisèrent en même temps que le corps de Myu
qui disparut à la vue de Minos.
Myu avait atteint la vitesse de la
lumière dans la dimension intermédiaire grâce au don de téléportation de
ses papillons. Il sentit la vitesse carboniser sa peau mais de cette façon
l'atmosphère de la dimension intermédiaire, le Styx, ne l'affectait
pas. Myu sentit un craquement : autour de lui ses fidèles fairys
étaient en train d'exploser un à un comme des ballons trop gonflés
!
Myu : Je dois me dépêcher ! Il ne me reste plus que le
temps de porter un coup avant que la protection que m'offrent mes fairys
ne cède !
La vitesse de Myu s'accrut encore et il arriva en vue de
Sisyphe qui dérivait le long du Styx. Au moment d'arriver au contact Myu
hésita. Que faire ? Comment l'attaquer sans risquer de faire sauter ma
protection ? Tant pis je n'ai pas le choix ! Ma priorité est de lui
arracher l'épée de sa majesté !
- Prends ça Sisyphe ! Fairy
Thronging !
Sisyphe se retourna juste à temps pour voir les fairys
survivants quitter le corps de Myu et déferler sur lui. Il se ressaisit
pourtant.
- Deep Impact !!
Les deux attaques se croisèrent
en un flash lumineux projetant les deux combattants à grande distance l'un
de l'autre. Sisyphe ne lâcha pas l'épée des illusions : malgré sa
puissance la nuée des fairys n'était pas parvenue à faire lâcher à l'homme
qui voulait remplacer Dieu l'instrument de sa vengeance. Myu dériva
quelques secondes qui lui parurent une éternité dans le Styx, il
s'attendait à tout moment à ce que son corps vole en éclats , il ne savait
pas si l'épée avait été libérée mais il allait mourir en tant que guerrier
d'Hadès et il en était content. Quelques secondes passent puis
rien. Myu rouvrit les yeux, il était entouré d'une cosmo énergie qu'il
n'avait jamais ressentie auparavant mais qui lui faisait vaguement penser
à celle de Thanatos. Une voix féminine l'apostropha.
- Alors tu
te réveilles ? - Qui… qui êtes-vous ?
La question parut la
troubler.
- Qui… qui je suis ? Pour l'instant appelle-moi Célesta
joli papillon.
Myu rougit en entendant le compliment. Son émotion
fut de courte durée car il aperçut dans une sorte de bulle de vie le corps
de Sisyphe !
- Co… Comment ?! Vous lui avez sauvé la vie ! -
Comme j'ai sauvé la tienne papillon : en utilisant mon cosmos divin pour
te soustraire à l'atmosphère du Styx. Mais ne te trompe pas ! Cet homme
aurait pu survivre seul à la dimension intermédiaire grâce à l'épée des
illusions, si je l'ai enfermé dans une bulle de vie c'est pour ne pas
risquer de perdre l'épée et parce que… parce que sa vie m'appartient
!
Célesta s'approcha de la bulle de Sisyphe, elle le réveilla d'une
voix presque maternelle. Sisyphe ouvrit les yeux et ce qu'il vit le
terrifia car les yeux de la personne qu'il avait devant lui étaient les
mêmes que ceux du serpentaire ! Cet horrible engin de mort qu'il avait
retourné contre Hadès dans les temps anciens.
- Le… le Serpen…le
Serpentaire !!
Une peur sans nom déforma son visage.
- Mon
nom est Célesta et c'est à cause de toi qu'il y a de cela des siècles j'ai
mordu la main de mon maître le grand Hadès ! C'est à cause de toi que je
n'ai jamais revu mes frères et que sa majesté me déteste ! Si je t'ai
sauvé la vie c'est pour pouvoir te tuer moi-même ! - Ah… ah… - Mais
avant cela laisse-moi te poser une question Sysiphe. De ta réponse
dépendra ton sort ! - Quelle est-elle ?
Célesta pointa un doigt
inquisiteur sur Sisyphe.
- Pourquoi veux-tu remplacer Dieu ? -
Parce que c'est le destin de tout homme d'affronter Dieu ! Et quand nous
l'aurons tué nous pourrons jouir en paix des richesses du paradis
!
Un court silence suivit.
- Alors considère que ma présence
ici est le signe que Dieu veut se battre avec toi ! - Je suis prêt !
L'épée des illusions me donnera la force de te battre !
Célesta eut
une moue de dégoût.
- Crois-tu que le premier homme qui voulut
défier Dieu usa de l'arme de celui-ci ? Notre duel sera sans artifice roi
des voleurs !
Célesta tendit le bras vars Sisyphe, son cosmos
s'intensifia et tout ce que Sisyphe vit fut la tête métallique du
Serpentaire. Lorsqu'il rouvrit la main l'épée des illusions ne s'y
trouvait plus, il ne ressentait aucune douleur et pourtant son avant-bras
saignait abondamment. L'épée elle se trouvait à quelques pas de
Célesta.
- Deadliest Bite ! J'ai porté mon attaque si vite que ton
sang a coulé avant même que tu ne ressentes la douleur de la
blessure. - Ah c'est impossible… Mais même sans l'épée je peux
t'affronter et te vaincre !
La jeune déesse aux cheveux blonds
cendrés eut un sourire sadique.
- M'affronter ? Mais sache que pour
m'affronter il faudrait que tu puisses te battre sur le même sol que
moi.
Célesta leva le sort qui retenait Sisyphe dans la bulle de
vie. Celle-ci se volatilisa et le corps de Sisyphe commença à se détruire
de l'intérieur.
- Je suis Sisyphe ! Je suis l'homme plus grand que
Dieu ! Prends ça Célesta Deep Impact !
Sisyphe avait rejoint ses
bras dans un ultime et pathétique effort pour lancer son attaque mais
Célesta avait été plus rapide et sa main s'était refermée sur le poing
droit de Sisyphe avant que celui-ci n'ait pu lancer son attaque.
-
Est-ce là la force de l'homme qui voulait affronter Dieu ? C'est
pathétique ! Nul homme ne peut briller plus fort que Dieu et tu en fais
l'amère expérience !
Elle referma alors sa main sur le poing de
Sisyphe et la masse d'énergie qu'elle contenait rendue instable explosa
littéralement détruisant le poing du voleur. Célesta le regarda sans
aucun soupçon de pitié dans ses yeux. " Le voleur est puni par là où il a
pêché " semblait dire son regard. Celui-ci lâcha un cri de douleur, les
derniers soupçons de la cosmo énergie de la bulle de vie étaient en train
de s'évaporer et une pression formidable écrasait tout son corps.
-
Ah non ce n'est pas possible ! Je ne peux mourir ainsi ! Pas après être
devenu un dieu !
Une lueur sauvage passa dans les yeux de
Célesta.
- Tu n'es qu'une ordure qui s'est prise pour un dieu et
les ordures elles finissent en poussière ! Adieu Sisyphe ! Que les crocs
du Serpentaire te déchirent !
L'attaque de Célesta annihila ce qui
restait du corps de Sisyphe qui disparut en cendres dans le Styx. Célesta
fit volte face. " Je n'ai aucune pitié pour un homme comme lui !
"
Célesta attira à elle l'épée des illusions par télékinésie mais
ne commit pas le blasphème de la toucher.
*
* *
Les morts qui se tenaient face à Thanatos et
menaçaient de le submerger stoppèrent leur élan, certains s'écroulèrent à
terre et leurs âmes furent réduites en poussières, d'autres restèrent
plantés là se rendant compte que leur Dieu étant mort ils étaient à
nouveau orphelins. Thanatos émit un soupir de soulagement.
- Ouf
ça a été juste ! - Comme tu dis Thanatos.
L'interpellé se
retourna pour découvrir derrière lui Célesta, Minos et Myu. L'épée des
illusions était en suspension au-dessus d'eux.
- Cé… Célesta ! -
Elle-même ! - Que… que fais-tu là ?
La jeune déesse baissa la
tête honteuse.
- C'est parce que j'ai quitté mon poste en Enfer que
Sisyphe a pu faire ce qu'il a fait, il était normal que je répare mes
erreurs.
Thanatos avait du mal à contrôler les tremblements qui
l'agitaient à l'idée de l'avoir encore une fois devant lui. Il parvint
toutefois à articuler.
- Bien je suppose que si tu es ici c'est que
tu as trouvé les réponses à tes questions et que tu as choisi ton camp.
Viens avec moi, nous apporterons ensemble son épée à l'empereur
Hadès. - Non tu la lui apporteras tout seul mon frère car ma place est
ici : en Enfer. - Comment m'as-tu appelé ?
Célesta avança vers
Thanatos, elle s'approcha si près de lui qu'elle put sentir les battements
irréguliers de son cœur et le souffle de sa respiration. Leurs lèvres
se touchaient presque. " Alors c'est vrai : tu as renoncé à l'amour et
aux sentiments en devenant un dieu… Mais peut-être cela te
rafraîchira-t-il la mémoire ? "
Célesta se mit sur la pointe des
pieds pour arriver à la hauteur de Thanatos, ses lèvres se rapprochèrent
de celles du dieu de la mort. Celui-ci l'imita et quand leurs lèvres se
touchèrent il en éprouva un bien-être fou et à ce moment-là il n'aurait
échangé sa place pour rien au monde. Leur baiser se prolongea
longtemps. Myu et Minos détournèrent la tête, gênés. Lorsque Célesta
relâcha à regret son étreinte Thanatos sentit un courant froid lui
traverser le cœur et un seul mot lui vint à la bouche : " E… Elysée ?
" Elysée posa son doigt sur les lèvres de Thanatos. " Oui c'est bien
moi, mais chut il n'en faut point trop dire… il me suffit que tu aies
retrouvé tes souvenirs. "
Peu de temps après Thanatos, Minos et Myu
prirent le chemin de la Terre sous les yeux d'une petite déesse qui les
regardait s'éloigner depuis la Giudecca.
Note de l'auteur : pour
connaître l'histoire de Thanatos, Hypnos et Célesta il est conseillé de
lire l'annexe correspondante.
*
* *
Asgard
Pandore marchait depuis des
heures dans la neige glaciale seulement couverte par une robe légère.
Chacun de ses pas se faisait plus douloureux car le froid anesthésiait ses
nerfs rendant ses jambes plus lourdes. Pandore tentait de rentrer sa
tête dans sa cape pour se protéger du froid mais c'était peine
perdue. Elle trébucha alors sur une souche rendue invisible par la
neige et s'étala de tout son long sur la terre du royaume d'Asgard. Elle
tenta de se relever mais une voix infiniment plus douce que celle de la
survie lui soufflait les mots de l'abandon, les mots de la
mort. Pandore tendit sa main en avant et parvint à articuler très
faiblement : " Ha… Hadès… petit frère… tu m'as promis… de veiller sur
moi… comme j'ai veillé sur toi… quand tu étais petit… " Sa main retomba
sur la neige immaculée et ses yeux se fermèrent comme les rideaux sur une
pièce de théâtre.
Loin très loin de là retentit un bruit dans le
palais d'Asgard. Freya se précipita craignant le pire. Elle vit Hadès
debout au milieu de la pièce les débris d'un verre de vin à ses pieds. Il
semblait tétanisé. Freya lui adressa la parole mais tout ce qu'elle tira
de lui fut un froncement de sourcils. Inquiète elle osa :
-
Votre majesté que vous arrive-t-il ?
La voix d'Hadès avait changé,
elle était presqu'enfantine.